Grand oral HGGSP Problématique: La scène échiquéenne internationale, reflet des enjeux et des tensions géopolitiques

« Grand oral HGGSP Problématique:La scène échiquéenne internationale,reflet des enjeux et des tensions géopolitiques de son temps. Imaginez un plateau de 64 cases, mais derrière les pions, tours et cavaliers, se cachent des tensions, des idéologies et parfois même des menaces de guerre.

Le jeu d’échecs, bien plus qu’un simple sport cérébral, est un théâtre miniature des rivalités mondiales.Peut-on dire que la scène échiquéenne internationale reflète les enjeux et les tensions géopolitiques de son époque ? Pour y répondre, nous verrons d’abord comment les échecs ont été instrumentalisés pendant la guerre froide, puis comment ils restent aujourd’hui encore liés à des tensions géopolitiques contemporaines. Enfin, nous nous demanderons si les échecs peuvent aussi jouer un rôle diplomatique, au-delà des conflits. I.

Les échecs, un terrain d’affrontement idéologique pendant la guerre froide Pour qui voit la Terre comme un échiquier, les cases blanches et noires furent ainsi une métaphore de l’affrontement Est-Ouest.

Peu après 1945, les armes se taisent à peine que l’antagonisme entre les Etats-Unis et l’Union soviétique scinde le monde en deux blocs.

La guerre froide commence, avec ses deux propagandes rivales : « homme libre » contre « homme nouveau ».

Mais lequel est le plus intelligent, le plus déterminé, le plus créatif ? Moscou entend répondre à cette question avec le jeu d’échecs. En effet pendant la guerre froide, les échecs sont devenus bien plus qu’un jeu : ils sont devenus un symbole de supériorité intellectuelle entre les deux blocs, soviétique et occidental.

L’URSS a dominé la scène échiquéenne mondiale pendant plusieurs décennies.

Cela ne relevait pas du hasard : les Soviétiques voyaient dans les échecs un moyen de prouver l’efficacité de leur système éducatif et intellectuel.

Dès les années 1950, le gouvernement soviétique investit massivement dans la formation des joueurs, en les professionnalisant dès l’enfance. L’evenement qui illustre toutes ces tensions est le championnat du monde de 1972 à Reykjavik, entre le Soviétique Boris Spassky et l’Américain Bobby Fischer.

Ce match est considéré comme « la partie du siècle ».

Il dépasse totalement le cadre du sport : il devient un affrontement symbolique entre le capitalisme américain et le communisme soviétique.

Fischer, en remportant le match, offre une victoire symbolique à l’Ouest, dans un domaine jusqu’alors dominé par l’URSS. Ce match est tellement stratégique que le gouvernement américain et même la CIA s'y intéressent. De l’autre côté, le KGB surveille les joueurs soviétiques et redoute les défections.

On comprend donc que les échecs sont alors un prolongement de la guerre froide, un champ de bataille mental où chaque coup sur l’échiquier a une portée idéologique. II.

Les échecs aujourd’hui, reflet des tensions géopolitiques contemporaines Même si la guerre froide est terminée, les échecs restent influencés par les tensions géopolitiques actuelles.

Un exemple récent est celui de la guerre en Ukraine.

En 2022, après l’invasion russe, la Fédération internationale des échecs (la FIDE) a banni la Russie de ses compétitions officielles.

Les joueurs russes ont dû concourir sous bannière neutre, comme dans d’autres disciplines sportives. Certains grands maîtres russes ont ouvertement critiqué la guerre, comme Daniil Dubov, tandis que d’autres sont restés proches du pouvoir, à l’image de Sergeï Kariakine, qui a été suspendu pour ses propos pro-Kremlin. Autre exemple : la montée en puissance de la Chine.

Le gouvernement chinois utilise les échecs comme outil de rayonnement culturel et de soft power.

Pékin développe une politique de formation massive des jeunes talents, dans l’objectif d’obtenir des titres mondiaux et d’affirmer sa place sur la scène intellectuelle. Enfin, les tensions régionales peuvent aussi se refléter dans les tournois.

On pense notamment aux relations tendues entre l’Arménie.... »