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Y a-t-il une vérité des apparences ?

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« Approche Bien lire le sujet : l'étude de la question de la vérité des apparences doit traiter la notion d'apparence dans tous les domaines où elle peut se rencontrer.

Il faudra ainsi penser non seulement à la connaissance par les sens ou à la science, mais aussi, par exemple, à l'esthétique, où l'apparence est essentielle.

Il s'agira d'essayer de s'interroger sur la validité possible de l'apparence contre les critiques qui lui sont adressées.

L'apparence n'est p a s e n c e s e n s synonyme d'illusion, mais est le lieu d'une possible vérité. Un point de départ à discuter : les apparences sont, dit-on, trompeuses.

Il s'agit de déterminer en quel sens elles peuvent l'être, afin de remettre en question cette idée et d'examiner les conditions de la vérité des apparences. Recherche du problème : l'apparence e s t l a forme sous laquelle nous sont présentés les objets de l'expérience.

La notion d'apparence permet donc d'introduire la distinction entre la chose qui apparaît et son apparence même, laquelle serait dépourvue de vérité.

C ette distinction peut être mise en question, puisque nous n'avons de rapport avec les choses que parce qu'elles nous apparaissent.

L'apparence qui cache la c h o s e e s t a u s s i c e qui la dévoile, la vérité ne pourra dès lors se saisir que dans l'apparence. Introduction L'apparence est la forme sous laquelle nous sont présentés les objets de l'expérience.

La notion d'apparence permet donc d'introduire la distinction entre la chose en soi et son apparence même, laquelle serait dépourvue de vérité.

C ette distinction peut être mise en question, puisque nous n'avons de rapport avec les choses que parce qu'elles nous apparaissent.

L'apparence qui cache la chose est aussi ce qui la dévoile, la vérité ne pourra dès lors se saisir que dans l'apparence. Plan détaillé: 1) Critique du monde sensible. a) L'apparence est sensible. L'apparence relève, par excellence, du domaine du sensible.

L'apparence est perçue par les sens et non par l'entendement.

Or le sensible, à la différence de l'intelligible, est soumis au changement au devenir.

Il n'y a pas de permanence de l'apparence.

C e qui m'apparaît avec telle ou telle qualité, comme le morceau de cire donné en exemple par Descartes dans les "M éditations métaphysiques", peut la perdre et m'apparaître autrement.

La vérité au contraire doit me monter ce qu'est la chose même: l'apparence ne fait que m'éloigner de cette chose. Le morceau de cire (Descartes). " C ommençons par la considération des c h o s e s les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus distinctement, à savoir les corps que nous touchons et que nous voyons.

Je n'entends pas parler des corps en général, car ces notions générales sont d'ordinaire plus confuses, mais de quelqu'un en particulier.

Prenons pour exemple c e morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli; sa couleur, sa figure, sa grandeur, sont apparentes; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son.

Enfin toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps, se rencontrent en celui-ci. M ais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucun son.

La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer qu'elle demeure; et personne ne le peut nier.

Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? C ertes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouïe, se trouvent changées, et cependant la même cire demeure.

P eut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir que la cire n'était pas ni cette douceur du miel, ni cette agréable odeur des fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni c e son, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait s o u s c e s formes, et qui maintenant s e fait remarquer s o u s d'autres.

M a i s qu'est-ce, précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cette sorte ? C onsidérons-le attentivement, et éloignant toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire, voyons ce qui reste.

C ertes il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable.

Or qu'est-ce que cela : flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que cette cire étant ronde est capable de devenir carrée, et de passer du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir une infinité de semblables changements, et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la faculté d'imaginer. Q u'est-ce maintenant que cette extension (1) ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elle augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand la chaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est que la cire, si je ne pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginé.

Il faut donc que je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il n'y a que mon entendement seul qui le conçoive; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en général, il est encore plus évident.

Or quelle est cette cire, qui ne peut être conçue que par l'entendement ou l'esprit ? C ertes c'est la même que je vois, que je touche, que j'imagine, et la même que je connaissais dès le commencement.

M ais ce qui est à remarquer, sa perception, ou bien l'action par laquelle on l'aperçoit, n'est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il le semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux c h o s e s qui sont en elle, et dont elle est composée." (1) L'extension désigne la portion d'espace occupée par un corps. M éditations métaphysiques (1641), Méditation seconde, traduction du duc de Luynes revue par Descartes. b) L'illusion. A la limite les apparences sont le domaine de l'illusion.

O n pourra songer à n'importe quel exemple d'illusion d'optique ou aux mirages pour éclaircir ce point: le mirage est en effet l'apparence pure, à quoi ne correspond aucune réalité.

L'apparence n'est plus alors apparence de rien et ne peut nous mener qu'à l'erreur.

L'art de l'illusionniste est ainsi celui du sophiste, qui joue avec les apparences de la vérité par des raisonnements captieux, désireux de tromper le naïf ou l'ignorant. c) Apparence et science. L'apparence, objet de la sensation, ne peut être l'objet d'aucune science.

La science, c'est précisément la connaissance en tant qu'elle s'oppose à l'opinion. L'opinion se contente de l'apparence sans chercher la vérité.

La sensation, même si elle s'accorde par hasard à la vérité, ne se confond jamais avec elle parce qu'elle demeure dans le singulier, la science étant toujours science de l'universel.. »

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