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Y A-T-IL UNE MORALE PERSONNELLE ?

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« I.

Pour certains philosophes comme A.

Comte, Durkheim, il n'y a pas de devoirs de l'homme envers luimême.

L'individu, en tant que tel, est une abstraction; en réalité il est un produit de la famille et de la société.

Les devoirs envers nous-mêmes, les devoirs purement personnels, ne sont, dit Durkheim, qu'un luxe; ils relèvent, non de la morale, mais de l'esthétique; un acte qui ne nuirait qu'à son auteur, et non à la société, un acte auquel n'est attachée nulle sanction sociale, ne saurait être mauvais moralement. Que penser de cette théorie ? II.

Légitimité de la morale personnelle.

— Sans doute il faut reconnaître qu'il n'y a pas de devoirs qui soient purement individuels, car tous nos actes ont une répercussion sociale : la chose est évidente même pour les devoirs les plus strictement personnels, comme celui de la chasteté.

Mais doit-on dire qu'il n'y a pas de morale personnelle ? Que les devoirs ne sont obligatoires qu'en tant qu'ils ont une portée sociale ? Non.

Les raisons suivantes suffisent grandement à légitimer la morale personnelle. 1° D'abord il est faux que l'individu soit une abstraction, un simple produit social.

L'homme se connaît, d'abord, comme un individu, une conscience individuelle ; bientôt il se connaît comme une personne morale, ayant des devoirs, des droits, une responsabilité.

Cette personne doit donc être sacrée pour lui-même comme la personne de ses semblables : il doit respecter en lui-même son caractère d'homme et ne pas avilir l'humanité en sa personne. 2° Remarquons en outre qu'il n'y a pas de morale sans obligation.

Or l'obligation est un sentiment de la personne, c'est une donnée de la conscience personnelle ; faire de la morale personnelle une sorte de luxe, c'est méconnaître le caractère obligatoire des actes qui s'imposent à la volonté de l'individu, et, par suite, ruiner, non seulement la morale personnelle, mais encore la morale sociale. 3° Puis, si l'individu existe par la société, il n'est pas moins vrai que la société — chaque société concrète, famille, nation, — est un ensemble d'individus.

Or, il est évident que ces sociétés ne valent que par la valeur des unités qui les composent. 4° D'ailleurs, admettre la nécessité de la morale sociale.

n'est-ce pas admettre du même coup la nécessité de la morale individuelle P Est-ce que la pratique des devoirs envers nous-même n'est pas la condition des devoirs envers les autres ? Comment être juste, charitable, si l'on est cupide, violent, intempérant, paresseux ? — Et qu'on ne dise pas qu'en se dégradant on ne fait aucun tort à autrui.

C'est là une erreur profonde.

D'abord, de la dégradation personnelle résulte, par le fait, la dégradation sociale.

Puis la solidarité qui unit les membres du corps social est si étroite que le mal franchit les limites de la personne individuelle.

L'homme vicieux, en manquant à la dignité personnelle, est un fléau pour sa famille ou sa postérité, pour ses semblables. — Ajoutons toutefois que si la dignité de la personne humaine, la perfectibilité de notre nature, la solidarité avec nos semblables, sont des fondements immédiats de nos devoirs, elles n'en sont pas les raisons dernières.

Exclure tout fondement supérieur, ce serait faire de l'homme le principe de ses devoirs.

Or nous avons vu que cette autonomie absolue serait la ruine même de la morale.

En réalité, le devoir s'impose à l'homme d'une manière absolue, souveraine.

indépendante de ses caprices.

Il suppose donc une autorité supérieure, qui n'est autre que la volonté de Dieu, d'accord avec sa sagesse.

C'est elle qui nous impose l'obligation de respecter en nous l'ordre et de faire bon usage de notre liberté pour notre perfectionnement moral.. »

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