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Y a-t-il une loi du développement historique ?

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« Y-a-t-il une loi du développement historique ? Le mot « Histoire » désigne toute connaissance basée sur l'observation, la description de faits advenus dans le passé.

Il y a lieu de distinguer entre l'histoire, récit véridique du passé, et l'Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l'avenir. La notion de loi implique une régularité des phénomènes.

Il ne s'agit pas ici d'une norme de comportement social, mais d'une règle constatée présidant à la production des effets de sorte que ces derniers peuvent être prévus à l'avance, sinon maitrisés par la raison. Le développement historique est l'évolution des événements au cours des siècles, il se confond avec la progressive réalisation de l'histoire dans le temps. La notion de développement historique ne présuppose en elle-même aucune légalité : ce développement, nous le verrons, peut fort bien être conçu comme hasardeux.

C'est la notion de loi dans le développement historique qui s'avère problématique : nous verrons s'il existe une règle rendant raison de la production des événements au cours du temps, ou si l'histoire n'est que le théâtre de la contingence. I. a. L'histoire est le règne de la contingence absolue La contingence est la seule loi du développement historique Nous commencerons par dire qu'il n'y a aucune loi du développement historique.

En effet, l'histoire ne parait évoluer d'après aucun modèle, aucun ordre ne semble présider à son avancée.

Bien au contraire, seule la contingence apparait comme une loi du développement historique, loi paradoxale puisqu'elle signifie qu'il n'y a pas de régularité dans les phénomènes, de règle dans leur production.

Le roman de Flaubert « L'éducation sentimentale » exemplifie cette pensée de l'histoire : la révolution de 1848 y est présentée comme le règne de l'absurde, comme le théâtre d'une production d'effets désordonnés, où chacun agit sans concertation réelle avec les autres.

Il n'y a donc pas de loi du développement historique : l'histoire n'est écrite que par le hasard, et le visage qui est le sien aurait pu être absolument différent. b. La notion de développement historique est infirmée par les coups d'arrêts de l'histoire Par ailleurs, c'est moins la notion de légalité que celle de développement que nous pouvons critiquer.

En effet, il semble bien qu'il n'y a aucune évolution dans l'histoire : le temps présent ne semble en aucun cas marquer l'achèvement d'un effort historique constant pour réaliser quoique ce soit.

Ni liberté, ni égalité, ni bonheur universels n'ont été peu ou prou réalisés au cours du temps.

Il n'y a donc pas de développement historique, orienté vers un but, ou déterminé par une cause, mais une production d'effets chaotiques au cours des siècles. I. a. La loi du développement historique est la loi téléologique Cléopâtre et le Rubicon Cependant, contre ce que nous avons soutenu jusqu'ici, nous dirons qu'il y a bien une loi du développement historique.

Nous prendrons deux exemples classiques de la Philosophie : celui de Cléopâtre et de Rubicon.

Pascal a écrit dans ses pensées : « Le nez de Cléopâtre : s'il eut été plus court, toute la face de la terre aurait changé ».

L'exemple du fleuve Rubicon franchi par César est de Leibniz : il tend à montrer que tout dans l'histoire du monde préparait cet événement, et que tout dans l'histoire postérieure à ce geste en dépend.

Malgré la différence des pensées dans lesquelles ces deux exemples prennent place, nous dirons néanmoins qu'ils ont cette similitude : les deux exemples montrent que la loi du développement historique est la causalité. C'est parce que chaque effet est également cause d'un autre effet, que rien ne peut advenir sans dépendre de tout ce qui précède et déterminer tout ce qui suit. b. Un développement conditionné par l'enchainement causal Montrons plus précisément la nature de cette loi du développement historique en prenant l'exemple de la philosophie de Spinoza : pour lui, la liberté est une illusion dans la mesure où il conçoit un déterminisme universel.

Il n'y a pas de véritable liberté pour Spinoza, puisque tous les êtres sont pris dans un réseau de relations causales qui les déterminent absolument.

Tout dans l'individu, que ce soit ses actions ou ses pensées, est entièrement le fruit de cette détermination.

Par conséquent, nous dirons que l'histoire se fait elle-même, car tout dans le monde, êtres et choses, entre dans un réseau de relations causales qui détermine chaque événement, chaque fait dans l'étendue de l'histoire.

L'histoire se fait elle-même, car le déterminisme causal des événements la produit nécessairement : telle est la loi du développement historique. II. a. La loi du développement historique est la rationalité La raison à l'œuvre dans l'histoire. »

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