Aide en Philo

Y a-t-il une identité du moi à travers le temps ?

Extrait du document

« Introduction : à Bien définir les termes du sujet : - « Identité » : c'est lorsqu'il y a unité, c'est le caractère de ce qui demeure identique à soi-même. - « Moi » : terme très vague qui peut avoir plusieurs significations.

Ici, il ne s'agit pas du concept freudien ou d'une quelconque entité théorique, mais plutôt du moi en tant qu'individu doué de conscience, en tant qu'être subjectif et particulier. - « Identité du moi » : C'est dans l'expression que les termes donnent tout leur sens, c'est ce qui fait l'unité profonde de la personnalité de l'individu qui identifie à son moi la multiplicité des états de conscience qui se succèdent au cours de son existence. - « Temps » : il n'est pas possible de donner une définition générale du temps, mais dans le sujet, il s'agit du temps dans son rapport à l'individu.

Autrement dit, c'est ce qui me semble se dérouler de manière irréversible. à Construction de la problématique : La formulation du sujet invite à répondre oui ou non à la question qu'il pose, mais il semble évident qu'aucune de ces réponses ne soit satisfaisante. En effet, soit on considère qu'il y a bien une identité du moi, mais il est dans ce cas impossible d'expliquer l'évolution qui caractérise les individus, soit on affirme que le moi peut changer, et qu'il n'y a donc pas de réelle identité de ce moi - mais il est alors très difficile d'expliquer comment une personne reste pourtant la même à travers la diversité de ses états de conscience. è Se pose donc la question de savoir comment je reste un malgré la diversité de mes états de conscience.

Autrement dit, comment est-ce que chacun de mes états de conscience particuliers - que l'on pourrait renvoyer à chaque fois à un ‘'moi'’ différent, et qui me fait agir à chaque fois différemment, peuvent être reliés et renvoyés à une personnalité unique ? Plan : I/ Le « je pense » réunit toutes mes perceptions : S'l n'y avait pas quelque chose de solide à laquelle nous pourrions ramener toutes nos perceptions, expériences, ou pensées, nous ne serions pas des individus à part entière, mais de simples miroirs.

Tout ce que nous vivons à travers le temps ne pourrait pas constituer notre moi, notre identité, s'il n'y avait pas une entité capable de regrouper ce divers. ● C'est en effet ce qu'explique Kant dans Critique de la raison pure, où il montre que si je n'avais qu'une conscience empirique, « j'aurais un moi aussi bigarré et divers que j'ai de représentations, dont je suis conscient.

».

Autrement dit, à chaque fois que j'ai une expérience, il y a une conscience qui l'accompagne, c'est la conscience empirique.

C ette dernière est une conscience que j'ai de moi-même (= « aperception »), et qui varie selon l'expérience à laquelle je suis confronté.

Il n'y a donc pas de moi fixe, et dans ce cas, je n'aurais qu'une collection d'impressions sans aucun lien entre elles.

à Il faut donc unir ces représentations, faire en sorte qu'elles deviennent mes représentations. ● Il s'agit de voir comment il est possible d'unir ces représentations que j'ai dans le temps.

La liaison n'est pas dans les objets, mais dans l'entendement : avant même d'avoir un rapport au réel, je possède cette faculté d'unir les représentations.

L'entendement forge les catégories par lesquelles il ordonne ensuite le divers sensible.

C 'est ensuite la prise de conscience de cette synthèse qui permet de parvenir à l'identité du sujet, et à la constitution du je pense. è Nous avons une multitude de représentations à travers le temps, chacune accompagnée d'une conscience empirique.

Cette dernière est dispersée et sans relation avec l'identité du sujet à pour que cette relation se fasse, càd pour que la conscience empirique se ramène toujours à la même conscience, il faut non seulement que j'ajoute les représentations les unes aux autres, mais surtout que je sois conscient de leur synthèse : je me rends compte que je réunis toutes les représentations ds une seule conscience, qu'elles m'appartiennent toutes, et que de ce fait, ce sont mes représentations, ce qui « revient à dire que je les unis ds une conscience de soi » CRP, analytique transcendantale §16.

à En pouvant réunir ds une seule conscience le divers des représentations, je peux nommer ces représentations mes représentations, et en déduire ainsi une unité de la conscience. è Il y a donc bien une identité du moi à travers le temps, mais cette identité n'empêche pas au sujet de vivre plusieurs expériences sans liens entre elles : plusieurs ‘'mois'’ peuvent exister, mais ils sont tous en rapport avec un seul qui les réunit. II/ Ce « moi » fondamental gêne la liberté : Mais ce moi qui permet l'unité de la perception, est aussi sous un autre point de vue celui qui permet l'unité de la personnalité.

Kant admet l'existence d'un moi fixe général, qui donne aux individus un certain rapport au monde.

Ainsi, admettre que chaque perception se rattache à un moi unique et fixe, c'est en quelque sorte admettre qu'il y aurait une essence permanente de l'individu.

Chacun des actes ne serait ainsi finalement qu'une déclinaison de ce moi, mais jamais quelque chose de totalement original. ● C'est ce que remet en cause Sartre dans l'être et le néant.

Il n'est pas possible selon lui de parler d'une identité du moi si on pose cette identité comme un préalable à partir duquel l'individu va agir.

Ce serait en effet faire preuve de mauvaise foi, et nier l'idée selon laquelle il nous est possible à chaque instant de « renverser la vapeur ».

Autrement dit : poser et admettre une identité du moi à travers le temps est rassurant, mais pas fécond, puisque cela nous empêche de décider de rompre avec notre identité précédente. ● Pour Sartre, il y a donc évidemment une identité du moi à travers le temps, identité qui me constitue comme un individu spécifique, mais celle-ci ne doit pas se figer pour devenir une essence à laquelle nous chercherions à correspondre à travers chacun de nos actes.

Au lieu de se situer en arrière de nous, comme le serait un modèle, l'identité du moi doit plutôt se situer devant nous, comme un projet à atteindre.

La recherche d'une identité ne doit pas être une entrave au nouveau.

Pour être féconde et ne pas emprisonner l'individu, l'identité du moi à travers le temps ne doit pas être une identité de contenu, mais une identité de forme : je ne dois pas me cantonner à des objectifs précis et déterminés (être aviateur), mais à une manière d'être plus générale (être libre) qui me laisse ouvert le champ des possibles. III/ Ce « moi » fondamental gêne la liberté : Cette identité du moi n'a pas besoin de chercher à se construire et à se figer, parce que de toute façon, elle est inévitable : je reste moi à travers n'importe quelles de mes actions, elles me déterminent et me constituent en tant qu'individu particulier. ● En effe t , le simple fait de vivre consciemment l'existence construit l'identité du moi.

C'est ce qu'explique Bergson dans L'évolution créatrice.

Si nous considérons le temps à la manière des scientifiques comme un espace, alors en effet, il nous semble difficile de voir comment nous pouvons garder une identité du moi à travers le temps.

Mais les souvenirs de nos actes et nos actes eux-mêmes ne se succèdent pas comme des perles sur un fil, ils ne sont pas juxtaposés et sans rapport entre eux.

Autrement dit, les moments ne font pas que se succéder, ils se mêlent les uns aux autres, se constituent les uns les autres, parce qu'ils sont vécus, et c'est ainsi que se constitue l'identité du moi. ● Si une identité du moi est possible à travers le temps, c'est parce qu'il y a non seulement une mémoire, mais aussi un vécu du temps.

Le fait que je sois un tout clos par la nature et que je vive le temps, crée cette identité du moi.

C'est parce que je m'inscris dans la durée et dans l'irréversibilité, et que je prends conscience de ce vécu du temps qu'est possible mon identité à moi-même.

Au lieu de n'avoir qu'une juxtaposition d'événements sans liens entre eux comme c'est le cas dans les sciences qui considère le temps comme objectif, je lie ces événements à travers ma subjectivité.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles