Y a-t-il une différence entre sagesse et art de vivre ?
Extrait du document
«
[L'art de vivre se propose d'atteindre le bonheur.
Or, cet art de vivre peut faire l'économie de la véritable
sagesse et d'une authentique morale.
En effet, il y a des prospérités du vice et des infortunes de la vertu.
On peut être heureux et/ car immoral.
Or, une conscience raisonnable ne peut accepter une telle
dichotomie entre esthétique et éthique.]
« Le Maître : Ce qui tend au bonheur, c'est le penchant ; ce qui restreint ce
penchant à la condition d'être préalablement digne de ce bonheur, c'est ta
raison, et que tu puisses limiter et dominer ton penchant par ta raison, c'est
là la liberté de ta volonté.
Afin de savoir comment tu dois t'y prendre pour participer au bonheur et aussi
pour ne pas t'en rendre indigne, c'est dans ta raison seulement que tu
trouveras la règle et l'initiation ; ce qui signifie qu'il ne t'est pas nécessaire de
dégager cette règle de ta conduite de l'expérience, ou de l'apprendre par
l'enseignement des autres ; ta propre raison t'enseigne et t'ordonne
exactement ce que tu as à faire.
Par exemple, si un cas survient en lequel tu
peux te procurer à toi ou à un de tes amis un grand avantage grâce à un
mensonge finement médité, qui même ne t'oblige pas à faire tort à qui que ce
soit, que te dit ta raison ?
L'Elève : Je ne dois pas mentir, si grand que puisse être l'avantage qui peut
être le mien ou celui de mon ami.
Mentir est avilissant et rend l'homme indigne
d'être heureux.
»
Kant., « Métaphysique des moeurs » ,Deuxième partie : « Doctrine de
la vertu ».
Le bonheur, l'homme doit s'en rendre digne.
1)
Il y a, en l'homme, une opposition entre le penchant (illimité qui tend au bonheur et la raison (qui
limite le penchant).
2)
La raison est à elle-même sa propre règle, qui ne vient ni de l'expérience, ni de l'enseignement, et
qui indique clairement la conduite à tenir.
3)
Comme on le voit à propos du mensonge qui est indigne de l'homme.
1)
La formulation même de Kant, au nom duquel parle le maître, suggère une pente (« le penchant »), un
mouvement inéluctable de chute, quelque chose de plus fort que soi.
C'est le penchant au bonheur.
Cette
formulation s'oppose à la version habituelle du bonheur qui est représenté comme quelque chose vers lequel on
tend, qui implique une tension, voire une élévation, en tout cas qui intervient après coup.
Comme un point ultime.
Ici au contraire se joue, de manière implicite, une opposition entre ce qui tombe (« le penchant ») et ce qui,
puisqu'elle restreint « le penchant », s'élève, à savoir la raison.
Opposition qui renvoie à la double dimension de
l'homme, d'un côté nature (tendance au bonheur), de l'autre culture (exercice de la raison).
La démarche réaliste de Kant le conduit à ne mettre en action la raison que sur le fond du penchant.
Ce n'est
pas d'abord la raison qui intervient.
Elle n'a qu'une fonction rectificatrice, dominatrice (« dominer son
penchant »), voire régulatrice.
Car le matériau premier de nos actions c'est le penchant au bonheur qui nous le
fournit.
Ce n'est qu'après coup que la raison intervient, sur le fond du plus grand désir humain qui est que « en
tout et toujours » tout se fasse selon le désir...
Cependant, cette intervention après coup de la raison n'est
possible que parce que la raison est déjà là en l'homme, comme la caractéristique a priori de l'humeur en
l'homme, ce qui est la condition de possibilité pour l'homme d'être « digne du bonheur ».
Ce qui caractérise l ‘homme, c'est qu'il est, au sein de la nature, celui qui inscrit son activité par des actes qui
relèvent de sa volonté.
Mais cette volonté peut-être mue (selon les penchants) ou bien, au contraire, être libre
(« la liberté de la volonté »), en cherchant à se conformer à la raison.
2)
Pratiquement, selon Kant, l'homme doit tenir ensemble, aussi bien ce qui appartient au penchant (participer
au bonheur) que ce qui appartient à l'estime de l'humanité que nous portons en nous (ne pas se rendre indigne
du bonheur).
On voit encore, dans cette formulation, l'importance du penchant au bonheur.
Il est le premier à
être reconnu.
Et il est reconnu.
Pratiquement, il ne s'agit pas de renoncer au bonheur, et à sa recherche (ce
serait peut-être une tâche impossible, surhumaine), mais de faire intervenir, tout en même temps (plus.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Quelles réflexions vous suggèrent ces deux affirmations de Zola ? « Si vous me demandez ce que je viens faire en ce monde, moi artiste, je vous répondrai : je viens vivre tout haut ». « Ma définition de l'oeuvre d'art serait, si je la formulais : une oeu
- Quelles réflexions vous suggèrent ces deux affirmations de Zola : « Si vous me demandez ce que je viens faire en ce monde, moi artiste, je vous répondrai : je viens vivre tout haut. ». « Ma définition de l'oeuvre d'art serait, si je la formulais : une oe
- Peut-on considérer la philosophie comme un art de vivre ?
- Les passions font vivre l'homme, sa sagesse le fait seulement durer ?
- Quelle différence faites-vous entre la beauté d'une oeuvre d'art et la beauté de la nature ?