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Y a-t-il un sujet de l'histoire ?

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« Le mot « Histoire » désigne toute connaissance basée sur l'observation, la description de faits advenus dans le passé.

Il y a lieu de distinguer entre l'histoire, récit véridique du passé, et l'Histoire, comme réalité historique, totalité de ce qui a eu lieu et de ce qui aura lieu dans l'avenir.

Penser l'histoire signifie donc produire un jugement sur l'évolution de l'homme à travers le temps. Le terme « sujet » est polysémique.

Il s'agit d'une part de la matière sur laquelle on parle, on écrit, on compose.

On dira à ce titre d'un livre que son « sujet » nous intéresse.

Mais par sujet, on entend également l'être vivant que l'on soumet à des observations, comme lorsqu'on parle du sujet d'une expérience.

Enfin, un sujet est un individu conscient, pensant, capable de se saisir lui-même aussi bien que les autres par la pensée. En posant la question « y-a-t-il un sujet de l'histoire ? » nous posons en vérité une question extrêmement complexe en raison de la variété considérable des concepts subsumés sous le terme de « sujet ».

En effet, poser cette question revient en vérité à poser toute une gamme de problèmes extrêmement variés : y-a-t-il une matière spécifique de l'histoire, c'est-à-dire une matière dont elle parle spécifiquement en dépit de l'extrême variété des thèmes qu'elle peut aborder ? Y-a-t-il un sujet d'expérimentation que l'histoire prend en compte spécifiquement ? Enfin, y-a-t-il un acteur de l'histoire, c'est-à-dire un être matériel ou abstrait qui construit l'histoire par son action ou une influence de nature ou non directe qu'il aurait sur elle ? Le problème au centre de notre réflexion sera donc de faire le tour de l'ensemble des difficultés posées par la polysémie du terme « sujet », en nous demandant plus spécifiquement si l'histoire a un sujet ou si elle est elle-même assujettie par l'action d'un être concret ou abstrait. I. L'histoire a une matière et un sujet d'expérimentation spécifique : l'homme a. L'histoire n'est jamais histoire du temps mais de l'homme Nous commencerons par répondre à la question : « y'a-t-il un sujet de l'histoire ? » en disant que ce sujet (au sens de « ce dont parle la discipline historique de manière privilégiée ») n'est pas le temps, mais l'homme.

Certes, nous pourrions croire que l'histoire nous parle en premier lieu du temps, puisque ce sont les évolutions, les glissements d'une période historique à une autre qui l'intéresse en tout premier lieu, avec ce que les historiens appellent la « périodisation » c'est-à-dire l'établissement de frontières et de sas de passage entre grands mouvements de l'évolution historique.

Mais celle-ci ne nous intéresse que relativement aux hommes, pour la bonne raison que l'histoire ne leur est pas transcendante, mais que l'histoire est entièrement humaine.

L'historien Paul Veyne définit ainsi l'histoire comme « un récit d'évènements vrais qui ont l'homme pour acteur ».

Une telle définition implique que l'histoire n'est pas récit de n'importe quel évènement passé, mais des seuls évènements qui impliquent les hommes. Ainsi, l'éruption d'un volcan, par exemple, est un fait explicable en général par la géophysique et qui ne concerne pas l'histoire à proprement parler.

Mais en revanche, une éruption particulière comme celle du Vésuve en 79 après J.C, intéresse aussi l'historien, parce que la ville engloutie lui fournit des informations sur la société romaine.

Mais si cet évènement est historique par ses conséquences, il ne l'est pas par ses causes : l'homme n'en est pas l'acteur, l'homme ne l'a pas prémédité et réalisé.

De tout ceci nous pouvons conclure deux choses : l'histoire n'est pas l'ensemble des traces de ce qui est passé, c'est d'abord l'ensemble des actions qui furent effectuées par les hommes.

Et d'autre part, les hommes sont le sujet privilégié de l'histoire, car l'histoire est humaine : elle est le récit de ce que font les hommes, exclusivement. b. L'histoire a pour sujet les incarnations successives de l'homme, dont elle montre la nature libre et mouvante Mais en posant la question « y'a-t-il un sujet de l'histoire ? », nous avons vu que nous posions certes une question sur le sujet dont parle l'histoire de manière privilégiée (problème que nous venons de considérer) mais aussi sur le sujet d'expérimentation.

Nous avons vu en effet qu'un sujet n'est pas exclusivement « ce dont on parle de manière privilégiée », mais aussi un sujet d'expérimentation, « ce dont l'on observe les réactions aux phénomènes avec lesquels il est mis en contact ».

A ce titre nous pouvons dire que l'homme est aussi bien le sujet d'expérimentation que le sujet de discours de la discipline historique.

En effet, l'histoire peut être considérée comme l'expérience qui met l'homme à l'histoire et nous apprend ce dont il est capable, de quelle manière la nature de l'homme est susceptible de s'incarner.

L'histoire nous apprend que la nature de l'homme n'est pas définie et que chaque homme est capable de décider de lui-même, pour le meilleur ou le pire au cours de sa vie, et bien souvent de varier entre. »

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