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Y a-t-il sagesse à aimer ?

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« Analyse du sujet : Le sujet se présente sous la forme d'une question fermée : il s'agira donc d'y répondre par « oui » ou « non » en conclusion, au terme de l'argumentation que doit constituer le corps de la dissertation. « aimer » renvoie aux notions d'amour et d'amitié, dont il s'agit de distinguer plusieurs formes : l'amour passion, qui relève du sentiment, échappe au contrôle de notre raison ; fondamentalement passif, il est proche du désir, qui fait de ce (celui ou celle) vers quoi il tend un pur objet qu'il s'agirait de posséder, voire de dévorer.

Cette modalité de l'amour peut être opposée à une autre de ses formes, pratique ou active, proche de l'altruisme, qui relève alors plus d'une conduite éthique que d'un sentiment incontrôlable. L'amitié véritable se distingue de ce qu'Aristote appelle amitié utile, dans laquelle la fréquentation d'autrui relève d'un calcul intéressé.

Autrui, dans une véritable amitié, est poursuivi pour lui-même. La sagesse est une qualité qui se dit de celui qui prend toujours avec tact ses décisions.

Elle se distingue de la raison (qui peut cependant en être une composante), en ceci que la raison délibère uniquement par le calcul, et est justement relayée par la sagesse lorsque le simple calcul ne suffit plus pour trancher sur les décisions à prendre.

La sagesse peut être opposée à l'excès, la démesure, qui amène plus de maux que de bénéfices. Problématisation : Aimer, au sens actif de l'amitié véritable et de l'altruisme, semble bien être une attitude morale, une conduite éthique dont il serait tentant de dire qu'elle relève de la sagesse.

Plusieurs points cependant divergent : si l'amitié et l'altruisme se caractérisent avant tout par le désintéressement, rien ne peut garantir qu'en retour de ce don inconditionné de soi à l'autre, des bénéfices me reviennent.

Je ne peux pas non plus agir en vue de ces bénéfices, sinon, il n'est plus légitime de parler de désintéressement.

A l'inverse, la sagesse, qui ne se réduit pas non plus au calcul, est attribuée a posteriori à l'homme qui agît sagement, c'est-à-dire, lorsque se dévoilent les bénéfices d'une conduite qu'on peut alors dire sage.

En d'autre terme, il est aisé de dire « il faut être sage », il l'est moins de dire « il faut aimer », puisqu'on pourrait toujours rétorquer à la seconde affirmation : « à quoi bon ? ». Cette première réserve constituera le point de départ de notre réflexion : I – à quoi bon aimer ? Il s'agira de déterminer si, comme dans le cas de la sagesse, il est possible de trouver une raison suffisante d'aimer, c'est-à-dire de prouver les bénéfices d'une conduite qui néanmoins doit rester désintéressée. Le second problème qui s'oppose à un rapprochement de la sagesse et de du fait d'aimer est le suivant : si l'altruisme est un don inconditionné de soi, jusqu'où peut-il aller ? S'il doit nous entraîner jusqu'à notre propre perte par exemple, alors comment soutenir qu'aimer est une attitude sage.

Notre problème peut se formuler de la manière suivante : II – La sagesse pose-t-elle des bornes à l'amour ? I – à quoi bon aimer ? Notre première partie tend à déterminer si un rapprochement est possible entre le fait d'aimer et la sagesse, afin que celle-ci puisse être dite de celui-là. Intuitivement, nous avons dit que l'altruisme et l'amitié véritable se distinguaient d'une attitude sage par le fait que rien ne garantissaient pour les premiers un bénéfice.

Il est en effet possible d'aimer sans que par exemple on soit jamais nous-même aimé.

C'est précisément cette garantie que nous cherchons à présent. Saint Augustin écrit dans ses Confessions : « Les corps tendent par leur poids vers le lieu qui leur est propre ; mais un poids ne tend pas forcément vers le bas ; il tend vers le lieu qui lui est propre.

Le feu monte, la pierre tombe [...].

Mon poids c'est mon amour ; en quelque endroit que je suis emporté, c'est lui qui m'emporte.

Le don de toi nous enflamme et nous soulève : nous brûlons et nous allons.» L'amour de Dieu est dans la perspective augustinienne le poids de l'homme : mais il ne faut pas comprendre par là qu'il est un fardeau, un boulet que nous traînons.

Au contraire, en en appelant à la physique aristotélicienne, Augustin précise qu'un « poids ne tend pas forcément vers le bas » : c'est tout mon être qui est engagé par l'amour que je décide de porter ou non en Dieu.

L'amour est donc tout le contraire du fardeau, il est le remède à ma finitude. C'est bien l'amour lui-même qui me garantit, porte mon être là où il le veut.

Dans cette perspective chrétienne, c'est Dieu, un tiers entre moi et autrui, qui par l'amour que je lui porte, garantit les bénéfices qu'il y a à aimer, c'est-àdire, garantit ma grâce.

Le retour ou les bénéfices que nous évoquions ne viennent donc pas des autres mais de Dieu.

Ainsi peuvent-ils ne pas m'aimer sans que je perde moi-même les motifs qui me poussent à aimer.

C'est ce qui permet à St-Augustin d'écrire :. »

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