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Y a-t-il des vérités préjudiciables ?

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« Le corrigé proposé: La vérité est communément présentée comme une valeur positive : il vaut mieux savoir la vérité qu'être un ignorant ou un inculte ; on doit dire la vérité plutôt que se rendre coupable d'un mensonge condamnable moralement.

S'il en est ainsi, il ne devrait donc rien y avoir de plus facile que de dire la vérité, ou en tout cas de chercher à la dire. Et pourtant, il semble bien que les choses ne soient pas aussi simples dans la pratique.

Non pas seulement parce qu'il n'est pas toujours facile de savoir ce qui est vrai, comme par exemple dans le cadre de la recherche de connaissance.

Il en est aussi et surtout ainsi parce que certaines vérités semblent ne pas être bonnes à dire ou à entendre, à tel point qu'on peut même parfois se les cacher à soi-même. Pour quelles raison en est-il ainsi, si ce n'est parce que la vérité ou en tout cas certaines vérités nous semblent pouvoir causer du tort en étant dites ou entendues ? Existe-t-il donc de telles vérités, qui auraient la caractéristique d'être préjudiciables par elles-mêmes ? Pourquoi le sont-elles ? Et quelles en sont alors les implications ? Faut-il les taire ? Nous commencerons par analyser la notion de vérité préjudiciable, pour ensuite en présenter les difficultés et tâcher enfin d'en remettre en cause la pertinence. I- Analyse de la notion de vérité préjudiciable et mise au jour de ses implications. A- Apparemment, il existe bien des vérités préjudiciables.

Une vérité peut être préjudiciable pour celui qui l'entend (ex.

la personne blessée par une vérité dure à entendre ; un peuple démoralisé par l'annonce d'une défaite de son armée).

Mais elle peut l'être aussi pour celui qui la dit (ex.

Galilée poursuivi par l'inquisition). B- Raisons qui font qu'une vérité est préjudiciable : parce qu'elle va à l'encontre de l'intérêt de la personne (avouer son manque de qualification en entretien d'embauche) ; parce qu'elle contrevient aux conventions sociales (ex.

la franchise impolie) ; parce qu'elle heurte la sensibilité de certains ; parce qu'elle compromet le bonheur (l'épouse à laquelle on apprend l'infidélité de son mari...) C- Implications : la mise en question du devoir moral de vérité.

L'existence de vérités préjudiciables fait que non seulement il n'est pas forcément opportun de toujours dire la vérité, mais aussi qu'on pourrait douter qu'il soit moralement souhaitable de toujours la dire.

Ai-je le devoir moral de dire à un brigand pourchassant sa victime que je la cache chez moi ? II- Cependant la notion de vérité préjudiciable pose problème, notamment en raison du caractère très relatif de ce qui apparaît comme un préjudice. A- La vérité préjudiciable pour une personne peut ne pas l'être pour l'autre.

Ex : une vérité dure à entendre ne l'est pas pour celui qui veut savoir la vérité (l'épouse trompée). B- La vérité préjudiciable à court terme ne l'est pas forcément à long terme.

Ex : la vérité sur son absence de talent peut être dure à entendre sur le moment pour celui qui aspire à devenir musicien, mais à terme elle lui permet d'éviter de se fourvoyer dans une mauvaise voie. C- La vérité préjudiciable pour l'individu ne l'est pas forcément collectivement.

Si le mensonge se généralisait, alors c'est la possibilité même de la vie sociale qui serait compromise, en raison d'une perte globale de confiance en la parole d'autrui. III- C'es pourquoi il semble possible de remettre en cause, au final, la notion et donc l'existence de vérités préjudiciables. A- Premier axe critique : confusion des notions de désagréable, qui renvoie à la sensibilité, et de préjudiciable, qui suppose d'apprécier de manière raisonnée l'intérêt réel de la personne.

Ainsi, ce n'est pas parce qu'une vérité est désagréable à entendre qu'elle porte forcément préjudice à la personne.

Au contraire.

Ainsi, même pénible à entendre, elle peut permettre d'agir en connaissance de cause (cf.

l'épouse trompée ou le mauvais musicien). B- Deuxième axe critique : ce n'est pas la vérité en elle-même qui est préjudiciable mais les conséquences de la vérité en fonction du contexte dans lequel elle est énoncée (en fonction de la manière dont elle est dite, de l'intention dans laquelle elle est dite, de la situation de la personne à laquelle elle est dite, de la manière dont elle est utilisée...). C- D'où une réhabilitation possible du devoir de vérité.

Se refuser de dire la vérité à quelqu'un au prétexte que cette vérité lui porterait préjudice, c'est finalement juger à la place de cette personne de ce qu'elle doit savoir ou pas.

Ce qui pose problème.

D'où une réhabilitation possible du devoir de vérité.

Peut-être pas d'un devoir absolu de vérité (elle peut-être légitimement cachée par ex.

à l'enfant qu'il faut protéger ou à celui dont on sait qu'il veut en faire un mauvais usage) mais un devoir de vérité fondé sur la reconnaissance du droit d'autrui à la vérité. En définitive, l'existence de vérités préjudiciables semble être discutable.

Ce sont en effet moins les vérités en elles-mêmes que les conséquences possibles de l'énonciation de la vérité en fonction du contexte qui sont susceptibles de faire du tort.

Or, si on ne peut pas totalement négliger ces conséquences, on ne peut pas non plus en faire un prétexte autorisant à se dégager du devoir de vérité.

Car dans ce cas, on ne la dirait jamais. S'il nous faut donc dire la vérité, l'essentiel réside peut-être alors dans la manière dont on la dit.

Car c'est souvent cette manière de dire qui fait qu'une vérité blesse ou pas. Le corrigé souhaité en échange de votre envoi: Faut il préférer l injustice au désordre Je certifie être le propriétaire du copyright du sujet envoyé et permettre au webmaster du site le droit de le refuser ou d'en faire une utilisation marchande.. »

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