Aide en Philo

Y a-t-il des vérités éternelles ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: Est éternel: ce qui est sans commencement ni fin, ce qui est hors du temps. VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.

Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. Héraclite avait écrit : «Tu ne peux pas descendre deux fois dans le même fleuve.

» La réalité, à l'image de l'eau, s'écoule en un mouvement perpétuel et ce n'est que la grossièreté de notre regard qui la découpe en plans fixes - de même que nous n'apercevons pas à notre échelle l'érosion, et pensons les falaises éternelles. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

HÉRACLITE Héraclite défend une conception du monde selon laquelle le monde est en éternel devenir, en éternel changement et; pour nous le faire comprendre, prend l'image du fleuve toujours changeant. Rien ne serait donc éternel dans ce monde, pas même la vérité? Ou bien, n'y aurait-il que la vérité qui soit éternelle? 1.

Platon et les sophistes • Platon rapporte, dans le Théétète, la conception que les sophistes se font de la vérité.

D'après l'un des plus célèbres d'entre eux, Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose ».

Étant donné, en effet, que les phénomènes sont soumis à l'écoulement du temps, nul ne peut énoncer une proposition qui les caractériserait en eux-mêmes une fois pour toutes.

La vérité est relative à la façon dont elle apparaît à chacun.

Elle ne peut qu'être plurielle.

Dans cette approche, l'idée même d'une vérité valable en tout temps et en tout lieu - une vérité universelle - n'a pas de sens.

Comment pourrait-on parler de vérité soustraite à l'écoulement du temps, c'est-à-dire éternelle? Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote, « Métaphysique », k,6) ou cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon, « Théétète », ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».

C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme. Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».

Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.

Or, précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.

Si dire « ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.

Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits.

« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal." Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.

Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune différence entre les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement ».

Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer » (Platon). La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras, nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité.

Celle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une nature définie ; et c'est cette stabilité ontologique qui fonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée.

C'est donc l'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière.

« Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons la vérité » (Aristote). Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme.

Dire que tout est vrai, c'est dire tout aussi bien que tout est incertain et que rien ne peut être dit vrai. Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable.

Dès qu'il se dit il se contredit. • Platon combat cette conception dangereuse parce qu'elle considère que tout discours et toute explication en valent bien d'autres.

Elle renonce donc à distinguer le vrai de ce qu'il n'est pas (le faux) et de ce qui présente seulement les apparences du vrai (le vraisemblable).

Sur cette base, aucune connaissance n'est possible.

Il faut donc placer, au fondement du discours vrai, un monde des Idées, ces réalités intelligibles et immuables accessibles par le seul intellect.

Comment affirmer quelque chose au sujet de la justice, par exemple, si celle-ci était tantôt une chose et tantôt une autre? 11.

Idée et événement • Pensons à l'exemple d'un cercle tracé par le géomètre avec sa craie sur un tableau : il n'y figurait pas il y a encore quelques minutes, et s'effacera bientôt.

Il a donc un commencement et une fin dans le temps.

Ce serait pourtant se méprendre que de faire de ce cercle visible et palpable l'objet du savoir du mathématicien.

Ce dernier pense l'Idée du cercle et les propriétés qu'il démontre ne sont pas celles du cercle approximativement tracé sur le tableau mais celles d'une Idée : un ensemble de points à égale distance d'un même point appelé centre.

On ne voit pas comment cette Idée pourrait naître puis disparaître.

Elle est éternellement identique à elle-même et n'est pas soumise à l'écoulement du temps. • Mais d'une certaine manière, ce n'est pas l'extrême généralité de ce qui est affirmé qui peut atteindre l'universalité voire l'éternité, mais l'inverse : si je dis « il fait beau», ce n'est pas une vérité éternelle; mais si je dis : « Le 12 juin 2003, tel thermomètre de telle sorte indique 23°C à tel endroit», une fois toutes les précisions requises spécifiées, cette phrase pourra être dite vraie (ou fausse) pour l'éternité : l'événement météorologique auquel elle renvoie est éphémère, mais si nous appelons fait le contenu de la proposition, il n'y a plus là quelque chose qui serait amené à ne plus être vrai après l'avoir été. 111.

Une visée de vérité à travers le temps • Pour Husserl (La Crise de l'humanité européenne et la philosophie), la philosophie apparue en Grèce a apporté au monde l'universel et l'éternel, car « les idées, ces formations de sens produites par les personnes individuelles et qui sont d'un genre nouveau et surprenant, consistant à receler en soi des infinités intentionnelles, ces idées ne sont pas comme les choses réelles dans l'espace »; « les acquis scientifiques, dès lors que la méthode qui permet d'assurer avec bonheur leur production a été conquise, possèdent une tout autre façon d'être, une tout autre temporalité.

Ils ne se périment pas, ils ne sont point passagers» et «ce que l'activité scientifique produit, ce n'est pas du réel, mais de l'idéel », un horizon infini de tâches reprises d'un individu à un autre et qui se poursuivra à travers des générations de chercheurs, chacun poursuivant la tâche entreprise par les autres. • Un paradoxe en résulte : c'est ce nouveau mode de pensée « théorique », cette vérité inconditionnelle cherchée comme horizon ou point infiniment éloigné, qui donne à toute vérité factuelle le caractère d'une simple approximation, dont la vérification complète ne peut jamais être achevée.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles