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Y a-t-il de l'intelligence dans la technique ?

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« Le mot technique désigne l'ensemble des procédés reproductibles et transmissibles employés pour obtenir un résultat déterminé.

Vous pouvez cependant immédiatement remarquer, que dans un usage courant, nous ne considérons pas spontanément que la technique est synonyme de réflexion.

Par exemple, nous considérons le mathématicien, l'écrivain comme des intellectuels alors que nous désignons comme technicien celui qui a une activité pratique, manuelle.

Cette approche conduit d'ailleurs bien souvent à une échelle de valeur révélant que la technique renverrait avant tout à une activité pratique, voire manuelle distincte des pratiques intellectuelles.

Nous n'accordons donc pas spontanément une intelligence à la technique.

Bien plus encore, nous considérons souvent que la technique peut être dangereuse parce qu'elle est, en elle- même, dénuée de réflexion.

Ainsi, les développements techniques modernes ont conduit à se méfier de la technique et à noter qu'elle exige, une pensée, une réflexion et ceci parce que la technique ne serait pas, en elle-même intelligence.

Cependant, il faudrait se demander si une telle approche n'est pas réductrice.

Tout d'abord, nous pouvons noter que seul l'homme est un animal technique.

Or, l'intelligence est le propre de l'homme.

Le développement de la technique suppose une réflexion, une activité de l'intelligence.

Ensuite, vous pouvez vous demander si la technique n'est pas aussi productrice de pensée.

En effet, on réduit bien souvent la technique au mécanique en considérant qu'elle ne pense pas.

Or, peut- être pouvez-vous montrer comment la technique produit de la pensée en montrant qu'elle ne se réduit pas à une simple reproduction mécanique. Nous emploierons un plan dialectique pour ce sujet.

Dans un premier temps, il s'agira de montrer que la technique peut aliéner l'homme et qu'elle est signe non de son intelligence mais de son abêtissement.

En second lieu, on montrera que la technique est le signe de l'intelligence humaine.

Intelligence humaine sans commune mesure avec l'instinct des animaux.

Et, la troisième partie sera un plaidoyer pour une maîtrise intelligente de la technique. I) La technique est dénuée d'intelligence (l'aliénation au travail) Le capitalisme est un mode de production révolutionnaire.

Il a bouleversé les conditions techniques et sociales de la production.

Il a libéré l'humanité de l'esclavage, réalisant ainsi le vieux rêve d'Aristote Il a contribué à l'élévation du niveau de vie des masses.

Mais son but n'a jamais été d'émanciper le travailleur ni d'alléger le labeur.

Son seul but est le maintien du taux de profit.

C'est pourquoi la division du travail et les progrès technologiques ont, dans les faits, réduit le travailleur à n'être que le simple rouage d'un mécanisme qui le dépasse.

Il y a, dit Marx, une contradiction absolue « entre les nécessités techniques de la grande industrie et les caractères sociaux qu'elle revêt sous le régime capitaliste ».

Cette contradiction « finit par détruire toutes les garanties de vie du travailleur, toujours menacé de se voir retirer avec le moyen de travail les moyens d'existence et d'être rendu lui-même superflu par la suppression de sa fonction parcellaire ».

En effet, le capitalisme, qui assure la formation de la main-d'oeuvre à moindre frais, est toujours pris de cours par ses propres transformations technologiques et ne peut donc que licencier les travailleurs dont les emplois sont supprimés par les progrès techniques.

Ce qui fait que chaque progrès économique apparaît comme « une calamité publique ».

C'est là le côté négatif.

Mais, dit Marx, ces catastrophes mêmes que fait naître la grande industrie « imposent la nécessité de reconnaître le travail varié et, par conséquent, le plus grand développement possible des diverses aptitudes du travailleur, comme une loi de production moderne.

» : « Oui, la grande industrie oblige la société sous peine de mort à remplacer l'individu morcelé, portedouleur d'une fonction productive de détail, par l'individu intégral qui sache tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail.

» En effet, les progrès de la grande industrie exigent, aujourd'hui, des travailleurs hautement qualifiés et polyvalents. La fabrication des machines, des chaînes de montage entièrement automatiques requièrent les techniques les plus complexes.

On peut donc penser que les formes parcellaires et aliénées du travail ne sont, dans l'évolution séculaire de la production, que les mauvais côtés par lesquels des formes plus avancées du travail pourront développer l'homme social intégral qui saura « tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail ». Le travail aliéné. « Il [l'animal] produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produit d'une façon unilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physique immédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré.

[...] C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à faire réellement ses preuves d'être générique.

Cette production est sa vie générique active.

Grâce à cette production, la nature apparaît comme son oeuvre et sa réalité.

L'objet du travail est donc l'objectivation de la vie générique de l'homme : car celui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle, comme c'est le cas dans la conscience, mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-même dans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que le travail aliéné arrache à l'homme l'objet de sa production, il lui arrache sa vie générique, sa véritable objectivité générique, et il transforme l'avantage que l'homme a sur l'animal en ce désavantage que son corps non organique, la nature, lui est dérobé. De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, le travail aliéné fait de la vie générique de l'homme le moyen de son existence physique.

» Marx, « Manuscrits de 1844 ». L'expression « être générique » est un terme philosophique, utilisé en particulier par Hegel.

Chaque homme appartient au « genre » humain.

Le genre dépasse l'individu.

En tant qu'être « humain », chaque homme est donc le. »

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