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Voltaire, penseur bourgeois (1694-1778), affirme que : « Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. » Bakounine, anarchiste révolutionnaire (1814-1876), répond que : « Même si Dieu existait, il faudrait le supprimer. » Vous expliquerez et apprécierez

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« Voltaire, penseur bourgeois (1694-1778), affirme que : « Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.

» Bakounine, anarchiste révolutionnaire (1814-1876), répond que : « Même si Dieu existait, il faudrait le supprimer.

» Vous expliquerez et apprécierez ces deux opinions en vous interrogeant sur la conception de Dieu qu'elles supposent. INTRODUCTION.

- Bien que, dans notre monde laïcisé, on ne parle.

pas souvent de lui, Dieu tient une place capitale à la base de noire civilisation.

Aussi on comprend que l'irréligieux Voltaire ait dit que « si Dieu n'existait pas il faudrait l'inventer », mais pourquoi Bakounine a-t-il répliqué : « Même si Dieu existait il faudrait le supprimer » P Nous tâcherons de déterminer les raisons du second comme du premier, puis de juger les principes qui les inspirent. I — EXPLICATION 1.

Voltaire n'était pas athée, mais théiste : tout en rejetant, comme toutes les religions révélées, la religion chrétienne qu'il a pris à tâche de démolir avec tout son talent, il croit à l'existence d'un créateur et d'un organisateur du monde. De plus sans partager la foi chrétienne, il ne manquait pas, dans sa campagne de Ferney, de remplir les devoirs religieux imposés aux catholiques.

C'est que les gens qui travaillaient ses terres professaient cette religion qui les maintenait dans le devoir, en particulier dans leurs devoirs envers leurs maîtres.

Son intérêt l'incitait à leur donner l'exemple de la fidélité à la pratique religieuse. Le rappel de ce fait nous permet de comprendre l'affirmation : « Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.

» C'est la crainte des jugements de Dieu et la perspective de l'enfer qui, au moment de la tentation retiennent ceux qui ne sont pas, comme VOLTAIRE, protégés -par une cuirasse de scepticisme.

D'ou ce principe politique du seigneur de Ferney : « Nulle société ne peut subsister sans justice.

Annoncez donc un Dieu juste.

Si la loi de l'État punit les crimes connus, annonçons un Dieu qui punira les crimes inconnus » Pour VOLTAIRE, Dieu n'est donc que la garantie de l'ordre social ou plutôt de l'ordre bourgeois auquel le bourgeois VOLTAIRE avait tant de raisons d'être attaché.

C'est pour le maintien de cet ordre qu'il faudrait inventer Dieu s'il n'existait pas. 2.

C'est au contraire cette société bourgeoise et même toute société autoritaire que veut détruire l'anarchiste Bakounine, pour libérer le peuple de l'oppression qu'on lui fait subir au nom de grands principes qui cachent l'ambition de quelques puissants. Poursuivi par le gouvernement du tsar et déporté en Sibérie, il s'évade et se réfugie en France.

Il y entre en relation avec PROUDHON, auteur de la fameuse déclaration « La propriété c'est le vol » ... La propriété, c'est le vol.

(Qu'est-ce que la propriété ?) Proudhon critique la propriété privée qu'il considère comme un vol et dont il préconise l'abolition mais non pour la transférer à l'État car cela ne changerait rien à sa nature de vol.

Il faut déposséder la classe capitaliste au nom d'un système mutualiste et autogéré. ...

et, de qui son archevêque, le cardinal MATHIEU, disait : « Proudhon n'est pas athée, c'est un ennemi de Dieu »; il collabore un temps avec MARX, fondateur de l'Association internationale des Travailleurs, qui avait pour but e l'abolition de tout régime de classe ».

Mais ces relations aboutirent à une rupture.

PROUDHON et MARX n'étaient que socialistes et voulaient une société fortement organisée; BAKOUNINE, au contraire, anarchiste radical, abhorrait toute contrainte sociale. Il tenait, comme MARX, que « la religion est l'opium du peuple », mais, non sans fondement, il voyait un succédané de la religion dans le respect exigé par certains de ses contemporains à l'égard de l'ordre social posé comme un absolu.

« Dieu, il le poursuit vraiment comme s'il était une proche personne, à travers, ou plutôt exactement sous la forme de l'État, avec la figure des chefs de l'État et aussi des prêtres.

Il a lancé, en écho, à celle de VOLTAIRE, cette formule : « Si Dieu existait réellement, il faudrait le faire disparaître.

» C'est encore la garantie, non seulement de l'ordre bourgeois, mais encore de tout ordre social que Bakounine voit en Dieu; seulement, à la différence de VOLTAIRE, il veut sa suppression, comme moyen de supprimer l'ordre social. II.

— APPRÉCIATION Dans les deux réflexions que nous venons d'expliquer, il faut voir des boutades et non l'expression de thèses qui méritent discussion.

Mais ces boutades révèlent un état d'esprit, qui, lui, vaut qu'on s'y arrête. A.

— Le problème de l'existence de Dieu.. »

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