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Une vérité universelle et objective est-elle possible ?

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« Sujet : Une vérité universelle et objective est-elle possible ? [Pour toute une tradition issue de l'Antiquité, la vérité c'est «ce qui est, ce qui fut, ce qui sera».

C'est donc quelque chose d'universel et d'objectif car ce qui est vrai l'est pour tous ou ce n'est pas à proprement parler une vérité.] Ce n'est pas parce que les opinions varient qu'une vérité objective et universelle est impossible.

Ce qui est impossible, au contraire, c'est d'affirmer «à chacun sa vérité» puisqu'on l'affirme comme une vérité.

On peut dire simplement: «à chacun ses opinions».

C'est ce que Malebranche affirme avec force dans le texte suivant: "Je vois, par exemple, que deux fois deux font quatre, et qu'il faut préférer son ami à son chien ; et je suis certain qu'il n'y a point d ' h o m m e a u m o n d e qui ne le puisse voir aussi bien que moi.

Or je ne vois point ces vérités dans l'esprit des autres, comme les autres ne les voient point dans le mien.

Il est donc nécessaire qu'il y ait une Raison universelle qui m'éclaire, et tout ce qu'il y a d'intelligences.

Car si la raison que je consulte, n'était pas la même qui répond aux Chinois, il est évident que je ne pourrais pas être aussi assuré que je le suis, que les Chinois voient les mêmes vérités que je vois.

Ainsi la raison que nous consultons quand nous rentrons dans nous-mêmes, est une raison universelle.

Je dis : quand nous rentrons dans nous-mêmes, car je ne parle pas ici de la raison que suit un homme passionné.

Lorsqu'un homme préfère la vie de son cheval à celle de son cocher, il a ses raisons, mais ce sont des raisons particulières dont tout homme raisonnable a horreur.

Ce sont des raisons qui dans le fond ne sont pas raisonnables, parce qu'elles ne sont pas conformes à la souveraine raison, ou à la raison universelle que tous les h o m m e s consultent." MALEBRANCHE. La connaissance du vrai et du bien, éprouvée comme certitude intérieure, atteste l'existence en tout h o m m e d'une raison universelle. Le texte s'organise en quatre moments principaux, dont le point commun est de solliciter le témoignage du lecteur pour lui faire admettre, à partir d'exemples bien choisis et d'une interprétation inductive de ces exemples, l'existence d'une raison universelle, définie comme faculté de distinguer le vrai et le bien. * Premier moment du texte Énoncé de deux types de propositions, reconnues comme vraies, dans l'ordre de la connaissance (exemple mathématique) et dans l'ordre des valeurs morales (un homme vaut mieux qu'un animal). * Deuxième moment du texte Analyse de la modalité d'existence de ces vérités en chaque homme, et de ce qu'elle implique. * Troisième moment du texte Interprétation de ce qui précède : raisonnement inductif conduisant à l'hypothèse d e l'existence d'une raison universelle, seule capable d'expliquer une certitude accessible à tout homme « qui rentre en lui-même ». * Quatrième moment du texte Exemple servant à illustrer la distinction entre la raison universelle et la pseudo-raison d'un homme passionné.

Cet exemple, à fonction critique, permet de récuser l'invocation de certains faits pour démentir l'existence d'une raison universelle (qu'un insensé puisse préférer la vie de son cheval à celle de son cocher ne peut contredire à celle-ci). Il faut distinguer vérité et connaissance La vérité est l'horizon de la recherche, alors que les connaissances relèvent d'un résultat qui, en tant que tel, est partiel, parfois partial.

Lorsque l'on dit, par exemple, d'un tableau qu'il est faux, cela ne veut pas dire que ce n'est pas un vrai tableau.

C'est un tableau aussi réel qu'un autre mais il est attribué faussement à un peintre.

La relativité est du jugement, non de la vérité. Les vérités scientifiques ne sont pas relatives Au regard de la diversité des perceptions subjectives, les vérités de la science ont un caractère absolu. Spinoza, une idée claire & distincte qui apparaît évidente est une idée vraie et il n'y a point à chercher au-delà.

« Les idées qui sont claires & distinctes ne peuvent jamais être fausses » dit Spinoza.

Descartes écrit de son côté : « Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions étaient incapables de l'ébranler, je jugeais que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe d e la philosophie....

Après cela je considérai en général ce qui est requis à une proposition pour être vraie et certaine, car puisque je venais d'en trouver une que je savais être telle, je pensais que je devais aussi savoir en quoi consiste cette certitude.

Et ayant remarqué qu'il n'y a rien du tout en ceci : je pense donc je suis, qui m'assure que je dis la vérité sinon q u e je vois très clairement que pour penser il faut être : je jugeais que je pouvais prendre pour règle générale que les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies.

» La science s e reconnaît à ce qu'elle énonce le vrai et le vérifie expérimentalement.

Une proposition telle que : en ce moment il pleut, prétend à la vérité matérielle, expérimentale et pas seulement formelle.

C'est une affirmation qui concerne le réel.

Mais il est aisé d e montrer qu'ici encore le critère de la vérité est non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés sur un donné matériel.

Je dis : il pleut parce que j'entends des gouttes d'eau tomber.

Ce jugement isolé ne pourra être considéré comme vrai que s'il est vérifié ; autrement dit s'il ne contredit pas le jugements divers que je puis porter à ce moment, dans différentes conditions expérimentales, sur la réalité.

Par exemple, je vais à la fenêtre, je vois la pluie tomber.

Et je constate que tout en bas la route mouillée.

Tous ces jugements : j'entends, je vois, ..., sont non contradictoires : il est donc vérifié qu'il pleut.

Le vrai est ma vérification.. »

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