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Une théorie scientifique peut-elle être à la fois vraie et provisoire ?

Extrait du document

« Affirmer qu'un énoncé peut être à la fois vrai et provisoire peut sembler surprenant.

En effet, on considère généralement que si un énoncé est vrai il l'est de manière universelle et éternelle.

Dire que 2+2=4 ne semble pas pouvoir être considéré comme une vérité provisoire.

On pourrait même dire que l'idée d'une vérité provisoire semble contradictoire.

On pourrait ainsi penser qu'il est impossible qu'un énoncé soir à la fois vrai et provisoire puisqu'il serait une vérité d'un temps qui deviendrait ensuite une erreur.

Ici, vous pouvez vous demander si l'idée de vérité provisoire ne conduit pas finalement au scepticisme : la vérité d'un jour serait l'erreur du lendemain parce que, en dernière instance, il est impossible d'atteindre la vérité absolue.

Mais peut-on à la fois faire des sciences et être sceptique ? Le scepticisme ne ruine-t-il pas toute idée de la science ? Il s'agirait alors de se demander si l'histoire des sciences n'est pas justement l'histoire de vérités provisoires.

En effet, si on étudie l'histoire des sciences, on constate qu'elle est faite de ruptures, de remises en causes permanente de vérités passées.

Ici, vous pouvez penser aux analyses de Bachelard.

Dans la Formation de l'esprit scientifique, Bachelard montre que le scientifique rencontre sans cesse ce qu'il nomme des obstacles épistémologiques.

La connaissance se forme en détruisant des opinions, des préjugés, des obstacles qui viennent de notre conception souvent naïve du monde.

Sans cesse nous devons ainsi rectifier nos concepts et notre savoir.

La science apparaît ainsi comme un combat contre ses propres opinions, ses propres constructions a priori, comme la remise en cause de ce qu'on croyait savoir.

Il n'y aurait donc pas une vérité universelle et éternelle comme il n'y a pas de raison absolue.

Derrière l'idée d'une raison absolue, immuable et éternelle, Bachelard décèle un nouvel obstacle qui consiste à ne pas prendre en compte la réalité historique du savoir scientifique.

La raison est essentiellement née avec l'arithmétique, elle n'est donc pas indépendante du devenir de la science même.

Elle doit donc avant tout être « ouverte » à l'avenir, être sans cesse capable de remettre en cause les principes sur lesquels elle s'appuie et c'est ce qui définit un nouvel esprit scientifique qui ne saisit plus l'erreur comme un défaut mais comme ce qui doit être rectifié, qui saisit la nécessité d'ajuster sans cesse la théorie à l'expérience.

Dès lors, il semble bien que l'on puisse dire que les théories ont une histoire.

Ici, vous pouvez également vous reporter aux analyses du philosophe anglais Popper lorsqu'il montre que vérifier une théorie consiste à tester sa résistance aux contrôles « négatifs », à ceux dont le succès aboutirait à sa falsification.

Demandez-vous alors simplement si la connaissance humaine n'est pas qu'une succession d'erreurs corrigées et de vérités provisoires.

Comme nous venons de vous l'indiquer avec Bachelard, en quoi ceci remet-il en cause une certaine idée de la raison ? [Les sciences contemporaines ont mis fin aux anciennes certitudes.

Elles ne fournissent pas de connaissances définitives, mais des connaissances approchées et provisoires. Elles progressent en «falsifiant» les théories précédentes.] On ne peut plus croire qu'une théorie scientifique est définitive On a longtemps tenu la géométrie euclidienne pour un modèle mathématique parfait.

Pourtant, les travaux de Lobatchevski et de Riemann ont conduit à la construction d'une géométrie non euclidienne.

On peut en dire tout autant de la physique qui, avec Einstein, devient non newtonienne. Une théorie peut être vraie et relative, les conditions de cette relativité étant définies par une théorie plus vaste qui l'intègre.

Prenons un exemple : un théorème est vrai dans le système d'axiomes de la géométrie à trois dimensions d'Euclide, mais faux dans le système à n dimensions de Riemann et Lobatchevsky.

La mathématique est un système hypothético-déductif qui n'a pas besoin de la réalité, c'est-à-dire de la vérité matérielle, pour être vraie.

Le raisonnement tire les conséquences logiques des hypothèses qui constituent l'axiomatique. Les Anciens essayèrent, en vain, de déduire le cinquième postulat de la géométrie d'Euclide (par un point extérieur à une droite donnée, on peut mener une seule parallèle à cette droite) des autres postulats.

Au début du XIXe siècle, Lobatchevsky et Bolyai fondèrent une nouvelle géométrie en partant du postulat que par un point extérieur à une droite donnée on peut mener plusieurs parallèles à cette droite.

En 1854, Riemann créa une autre géométrie postulant qu'il n'existe pas de droites parallèles.

Si ces géométries sont sans rapport avec notre représentation familière de l'espace, elles n'en sont pas moins légitimes à partir du moment où elles n'impliquent aucune contradiction logique.

Ajoutons qu'avec les progrès de l'analyse, apparaissent, dans la seconde moitié du XIXe siècle, des courbes sans tangentes, des courbes remplissant un carré... On peut répondre, à la lumière de Popper que la vérité n'est plus un rapport à une réalité.

Popper ne parle même plus de vérité mais de proposition convaincante.

Les connaissances scientifiques ne sont « vraies » que lorsqu'elles décrivent de façon satisfaisante le phénomène ; et cette description reste valable tant que l'observation ou l'expérimentation confirme la proposition explicative.

Ainsi se substitue à la notion de vérité,. »

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