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Une théorie est-elle nécessairement scientifique?

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« Qu'est-ce qu'une théorie ? Theôria, en grec signifie ‘vue de l'esprit, contemplation'.

Mais alors qu'est-ce qui confère à une simple perception subjective et intrinsèque le caractère universel de l'élément scientifique ? Il semble qu'une théorie devienne scientifique lorsqu'elle est testée et approuvée.

Autrement dit une théorie est soit à expérimentée (donc elle n'a pas encore le statu officiel de théorie) : c'est une hypothèse, soit vérifiée et donc scientifique.

Mais alors est-ce à dire qu'il n'y a pas de théorie non-scientifique ? Qu'il y a-t-il donc dans l'essence de la théorie qui lui assure cette scientificité ? Quelle est sa définition ? Une théorie est un énoncé rationnel et logique dont le sens est vérifié dans l'expérience.

Nous voyons par le champ lexical que les termes appartiennent aux mathématiques et qu'ils dénotent le caractère essentiellement scientifique de toute théorie.

Mais alors, si toute théorie est scientifique, comment se fait-il que le sens commun emploie parfois le mot théorique pour désigner ce qui est impraticable et incertain : ‘Cela fonctionne en théorie' ? Est-ce à dire qu'il peut exister des théories non prouvées scientifiquement qui ne seraient qu'une pure vue imaginaire de l'esprit, qui se tiennent par une logique interne non scientifique car non vérifiée dans l'expérience ? I. Une théorie est essentiellement scientifique. Toute théorie est nécessairement scientifique car c'est justement le fait qu'elle soit scientifique qui lui confère le statut de théorie.

Comment se forme une théorie : Tout d'abord, nous émettons une hypothèse, puis cette hypothèse est testée par l'expérience : nous mettons en pratique ce que nous avons déterminé théoriquement (par oral ou écrit), nous confrontons notre idée avec la réalité.

Si ce que nous avons, par avance, déterminé par hypothèse a bien lieu dans l'expérience, alors l'hypothèse vérifiée devient une théorie ; cependant, si l'expérience réelle diffère de notre hypothèse, alors celle-ci est invalidée et une nouvelle hypothèse doit être mise en place pour tenter de trouver une théorie qui soit effective pratiquement dans le réel.

Ainsi l'on comprend que seules existent des théories qui ont fait leur preuve dans l'expérience et dont le caractère scientifique a été vérifié.

Ce qui confère à une hypothèse le statu de théorie c'est justement son caractère scientifique avéré grâce au test de l'expérimentation.

Mais alors, est-ce à dire que le terme ‘théorie non-scientifique' est un contresens ? II. Une théorie non scientifique est possible. Popper nous montre que la détermination nécessairement scientifique ou non-scientifique d'une théorie dépend en réalité de la perception que l'on a de la science.

En effet, si l'on considère que, ce que la science détermine comme vrai est éternellement vrai, alors la théorie est nécessairement scientifique, mais si l'on considère, comme lui, que toute théorie est vraie tant qu'elle n'a pas été démontrée fausse, alors toute théorie est toujours en sursis et la notion de vérité n'est pas fermée mais évolutive.

Quelle est donc cette théorie non scientifique ? Pour Popper un énoncé est scientifique s'il peut se plier au test de l'expérimentation ; il est donc scientifique même s'il s'est avéré faux.

Cependant, une théorie est non scientifique, si elle refuse ou si elle est incapable de se plier au test de l'expérimentation.

Ainsi est non scientifique, mais pas pour autant non théorique, tout énoncé qui concerne des notions abstraites invérifiables dans l'expérience.

Le critère de démarcation entre la théorie scientifique et la théorie non scientifique est donc le test expérimental.

Mais en trouve-t-on des exemples dans le réel ? L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.

Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succès scientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'il n'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudosciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie de l'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper, dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : «C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper, on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, le savant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires et universellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est « métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper, l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs.

» Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxième lieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devra représenter un monde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue de quelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notre monde de l'expérience.

» La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre monde. »

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