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Une théorie ancienne et dépassée mérite-t-elle encore d'être appelée scientifique ?

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« DIRECTIONS DE RECHERCHE • Bien distinguer lois et théories. — Une théorie se juge d'une part sur son aptitude à « synthétiser » le maximum de faits en lois connues de façon rationnelle et coordonnée, d'autre part sur son caractère « heuristique » c'est-à-dire sur le fait qu'elle permet de prévoir, par la déduction des phénomènes, des lois encore inconnues. — En va-t-il de même pour une « loi »? • Si l'on se place sur un plan strictement « instrumentaliste », « utilitaire », sur le plan de « la science appliquée » : Le progrès des théories se réalise le plus souvent dans le sens d'une détermination de phénomènes de plus en plus « fins » si bien qu'une théorie (ou plutôt son « faisceau de lois » ?) inadaptée pour certaines « régions du réel » peut rester adaptée de façon satisfaisante pour d'autres « régions du réel ». Par exemple, il serait vain (voire inadapté dans la mesure où cela compliquerait inutilement les choses, en dernière analyse, compte tenu des marges d'incertitude admises à ce niveau) de substituer (pour la pratique de réalités se mouvant à des vitesses modérées) la détermination de ce qu'il y a à faire selon la théorie de la Relativité à la théorie newtonienne, à la physique « classique ». • Par contre, si l'on se place sur le plan du processus de la connaissance scientifique (sans envisager le moins du monde la question des applications) ne pourrait-on pas prétendre que dans la mesure où une théorie se juge sur son aptitude à « synthétiser » et sur sa valeur « heuristique », une théorie scientifique dépassée ne mérite plus d'être appelée scientifique ? • Problèmes de l'histoire des sciences.

Cf.

Bachelard et sa « dialectique d'histoire périmée et d'histoire sanctionnée ».

(L'activité rationaliste de la physique contemporaine (P.U.F.), p.

25.) Consulter les cinquante premières pages de ce livre. • La scientificité peut-elle être appréhendée autrement que comme un processus ? (propre à chaque science, voire à telle ou telle « région » de chaque science) — Ce processus est-il nécessairement enveloppant ? — Arrive-t-il qu'il y ait des rejets (c'est-à-dire des théories qui ne soient — d'une façon quelconque — « intégrées » aux théories postérieures)? Exemple : la théorie du phlogistique. [Une théorie a beau être ancienne et.

fausse, elle reste scientifique si elle répond à certains critères formels.

Elle doit en particulier donner prise à la réfutation pour mériter le statut de scientificité.] La scientificité n'est pas une notion historique La scientificité d'une théorie n'est pas affectée par le fait que cette théorie a été réfutée ou qu'elle est ancienne.

La scientificité est définie par des critères formels.

Il faut, pour commencer, qu'une théorie soit cohérente, et surtout qu'elle soit soumise à l'expérience et falsifiable. Pour mieux le comprendre, prenons un exemple.

Au XVII° siècle, un maître puisatier de Florence constate qu'il est impossible de faire monter l'eau du puits au moyen d'une pompe aspirante à une hauteur supérieure à 10,33 m au-dessus de la surface de l'eau.

Galilée, instruit par Torricelli de cette observation, pose l'hypothèse que cette hauteur d'eau est inversement proportionnelle à la densité de ce liquide qu'est l'eau.

Torricelli se propose de vérifier cette hypothèse par l'expérience suivante : on retournera dans un cristallisoir un long tube contenant du mercure (qui a la particularité d'être beaucoup plus dense que l'eau) et on mesurera à quelle hauteur se stabilise ce liquide.

Par un calcul simple, à partir de l'hypothèse de Galilée et connaissant la densité respective de l'eau et du mercure, on peut prévoir que le mercure se stabilisera à une hauteur d'environ 76 cm.

Aux yeux de Popper, nous sommes bien ici dans le domaine de la science car il y a bien falsifiabilité de l'hypothèse.

En effet, si la hauteur de mercure constatée est très différente de celle qu'on attend, on est assuré que l'hypothèse de Galilée est fausse.

Si, en revanche, la hauteur de mercure est bien de 76 cm (ce qui fut le cas) alors l'hypothèse est probablement vraie.

Les théories scientifiques ont un caractère hypothétique.

On peut infirmer une thèse mais jamais la confirmer totalement.

« Nous ne savons pas, nous pouvons seulement conjecturer ».

L'attitude scientifique est donc une attitude critique qui ne cherche pas des vérifications mais tout au contraire des tests qui peuvent réfuter la théorie mais non l'établir définitivement.. »

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