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Une liberté sans limite est-elle souhaitable?

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« Remarques sur l'intitulé du sujet : · Le sujet invite à s'interroger sur un certain type de liberté et non sur la liberté en général ; il conviendra donc de définir soigneusement cette liberté dite « sans limite ». · Ensuite, on nous demande de lui attribuer une valeur : est-elle « souhaitable » ? · Il s'agit là d'une valeur positive : souhaiter une chose, c'est penser l'existence de cette chose comme bonne, mais surtout, la souhaiter, c'est la vouloir (souhait = voeux). · Du coup, se dégage ici le présupposé du sujet : la liberté dont il est question n'est pas effective ou réelle, (sinon, comment pourrait-elle être l'objet d'un souhait ? étant déjà là, on ne saurait la désirer), mais elle est possible, une sorte de virtualité absente. · Il faudra donc aussi dégager ce qui l'empêche a priori d'exister. Conséquences problématiques : Il faut se demander si cette possibilité doit ou non être actualisée : faut-il souhaiter, avec les anarchistes, la destruction de toute forme d'ordre, de hiérarchie et de pouvoir contraignants, au nom d'une liberté authentique, c'est-à-dire totale ? Ou au contraire, n'est-ce pas là un projet à peine viable, compte tenu des inévitables conflits que pourrait engendrer une liberté illimitée [1] ? N'est-ce pas le propre d'une liberté réelle d'ignorer les compromis ou bien une telle absence de limites ne conduirait-elle pas à la destruction même de toute liberté ? 1- UNE LIBERTÉ SANS LIMITE EST À LA FOIS SOUHAITABLE ET NÉCESSAIRE a) Par essence, la liberté est infinie (donc sans bornes, sans limites) L'homme est un être fini et en cela, il se distingue de Dieu (être, par définition parfait, tout puissant et infini).

Cependant, comme le fait remarquer Descartes, il y a en l'homme une chose qui le rapproche de Dieu : la liberté de vouloir.

En effet, celle-ci « me fait connaître que je porte l'image et la ressemblance de Dieu » en ce qu'elle est, parmi mes facultés, la seule qui soit infinie : elle ne se limite pas à ce que l'entendement (ou faculté des représentations abstraites) me présente. Mais alors, un problème se pose, car on sait que c'est du rapport entre volonté libre et entendement que naît l'erreur.

En effet, pour Descartes, je ne me trompe que lorsque je porte ma volonté sur ce qui n'est pas clair et distinct.

Du coup, il semblerait qu'une liberté sans limite ne soit pas souhaitable : si celle-ci était limitée, restait contenu dans les bornes de l'entendement, on ne se tromperait pas. b) une liberté sans limite participe certes de notre imperfection mais elle est au fondement de notre mérite. Pourtant, comme le fait remarquer Augustin, Dieu ne peut pas nous vouloir en même temps libres et toujours vertueux ou parfaits.

Si nous nous trompons, c'est parce que nous sommes libres ; mais cette liberté, source d'erreurs, n'en est pas moins une perfection : sans elle, il n'y aurait plus aucun mérite à bien faire.

C'est parce que la possibilité de mal faire est toujours possible que les bonnes actions ont de la valeur.

Or cette liberté est, au regard de Dieu qui veut toujours ce qu'il y a de meilleur (autrement, il ne serait pas Dieu), plus souhaitable que des hommes rigoureusement déterminés au bien. c) perspective existentialiste : liberté totale contre déterminisme « social » L'existentialisme, qui est la doctrine défendue par J-P Sartre, reprend explicitement cette idée d'une liberté donnée absolument mais il la radicalise : Sartre étant athée, il pose que : « l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait » nous sommes en toutes circonstances, « libres et sans excuse » Le premier point rappelle l'idée maîtresse de l'existentialisme selon laquelle l'existence précède l'essence, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de nature humaine (qui serait, par exemple attribuable à la création de Dieu) susceptible d'expliquer ce que nous sommes.

Le second point est la conséquence du premier : si l'homme est absolument libre (= suivant le 1 er point, qu'il ne naît pas lâche ou héros mais il le devient), il est donc, en chacune de ses actions, responsable de celles-ci.

Il ne peut se retrancher derrière des excuses telles que la lâcheté comme s'il s'agissait d'une détermination naturelle : c'est parce que j'ai fui devant le danger que je suis lâche et non l'inverse. De ce point de vue, comment souhaiter restreindre la liberté ? Si celle-ci est ce qui me rend responsable de mes actions et de ce que je suis, il convient de la vouloir sans limite : étant absolument libre, je suis maître de mon devenir et seul à en décider. Ici, on peut comparer l'analyse de Sartre avec les thèses sociologiques de P.Bourdieu qui défend l'idée d'une sorte de déterminisme social.

Pour ce sociologue, il existe un certain nombre de facteurs dits « sociaux », c'est-àdire relatifs aux normes des sociétés dans lesquelles l'individu évolue, qui limitent nécessairement la liberté.

Ainsi, l'idée qu'un enfant d'ouvrier ne peut avoir accès à des grandes écoles est-elle fort répandue.

D'où l'idée qu'il est souhaitable que la liberté soit sans limite : cela signifierait que je ne suis déterminé par rien et que des possibles de vie me sont toujours ouverts.. »

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