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Un des ennemis de Molière, Boursault, s'affligeait de ce que le succès de ses comédies et particulièrement de ses farces portait le plus grand tort au théâtre digne de ce nom, au théâtre « noble ». Molière abaissait l'art au niveau de la « canaille ». Qu

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Vous fausseriez le sens de ce sujet si vous vous borniez à examiner les farces pures telles que le Médecin malgré lui ou le Mariage forcé. Boursault et beaucoup de ses contemporains critiquaient aussi bien les éléments de farce qui se trouvaient dans l'Ecole des femmes, Don Juan, le Bourgeois gentilhomme, etc., ou même dans certaines plaisanteries du Tartuffe, des Femmes savantes, etc. C'est donc un aspect général de l'œuvre de Molière qu'il s'agit de discuter.  La meilleure méthode est de passer en revue les comédies de Molière que vous connaissez. Vous serez ainsi amené à les classer en quatre catégories : les farces pures qui ne sont le plus souvent qu'un jeu bouffon ; — les farces qui le sont par l'allure générale, mais dont le fond est plus sérieux (les Précieuses, Sganarelle, George Dandin) ; — les pièces où la part de la farce et de la comédie sérieuse s'équilibre plus ou moins (le Bourgeois gentilhomme, le Malade imaginaire) ; — les grandes comédies où la part de la farce est faible (l'Ecole des femmes, Don Juan, l'Avare) ou presque nulle (le Misanthrope, le Tartuffe, les Femmes savantes). Vous serez ainsi amené à constater la place très importante prise par le comique de farce dans l'ensemble de l'œuvre.

« Un des ennemis de Molière, Boursault, s'affligeait de ce que le succès de ses comédies et particulièrement de ses farces portait le plus grand tort au théâtre digne de ce nom, au théâtre « noble ».

Molière abaissait l'art au niveau de la « canaille ».

Que pensez-vous de ce reproche ? Vous fausseriez le sens de ce sujet si vous vous borniez à examiner les farces pures telles que le Médecin malgré lui ou le Mariage forcé.

Boursault et beaucoup de ses contemporains critiquaient aussi bien les éléments de farce qui se trouvaient dans l'Ecole des femmes, Don Juan, le Bourgeois gentilhomme, etc., ou même dans certaines plaisanteries du Tartuffe, des Femmes savantes, etc.

C'est donc un aspect général de l'œuvre de Molière qu'il s'agit de discuter. La meilleure méthode est de passer en revue les comédies de Molière que vous connaissez.

Vous serez ainsi amené à les classer en quatre catégories : les farces pures qui ne sont le plus souvent qu'un jeu bouffon ; — les farces qui le sont par l'allure générale, mais dont le fond est plus sérieux (les Précieuses, Sganarelle, George Dandin) ; — les pièces où la part de la farce et de la comédie sérieuse s'équilibre plus ou moins (le Bourgeois gentilhomme, le Malade imaginaire) ; — les grandes comédies où la part de la farce est faible (l'Ecole des femmes, Don Juan, l'Avare) ou presque nulle (le Misanthrope, le Tartuffe, les Femmes savantes).

Vous serez ainsi amené à constater la place très importante prise par le comique de farce dans l'ensemble de l'œuvre. Faut-il blâmer Molière ou le louer ? Evidemment Molière ne serait pas Molière s'il n'avait pas écrit ses grandes comédies.

Mais il ne serait pas lui non plus s'il n'avait fait jouer que le Misanthrope, le Tartuffe et les Femmes savantes.

Nous l'admirons aujourd'hui à la fois parce qu'il a su mettre dans des sujets graves une gaieté tranche, une verve qui n'a pas vieilli; parce que ses bouffonneries sont restées spirituelles et qu'on y trouve « matière à penser », ou parce qu'il a su mêler avec une adresse infinie la grande comédie et le comique populaire dans le Bourgeois gentilhomme ou le Malade imaginaire.

Le génie de Molière est fait de cette complexité et les reproches de Boursault n'ont plus pour nous le moindre sens. Ce jugement est d'évidence et il n'est pas nécessaire de le développer longuement si vous pouvez apporter une explication beaucoup plus intéressante.

Boursault n'est pas le seul qui ait fait ce reproche à Molière : Boileau, La Bruyère, Fénelon et d'autres pensaient plus ou moins comme lui.

D'où vient cette erreur de jugement? Elle tient, essentiellement, à deux des règles de l'esprit classique : la comédie est classée comme un grand genre, moins noble que la tragédie, l'épopée, l'ode, mais qui exige encore le respect des « bienséances ».

Boileau n'admet pas chez Molière des trivialités qu'il mettra dans ses Satires.

Ces bienséances écartent de la comédie non seulement toute situation poussée un peu vers la caricature, mais toute plaisanterie un peu équivoque et même toute expression un peu trop familière.

Elles admettent le « valet d'intrigue » ingénieux, souvent spirituel; elles rejettent les servantes de Molière au langage trop dru.

Elles n'approuvent ni le « tarte à la crème » de l'Ecole des femmes ni les coups qu'échangent, dans le Bourgeois gentilhomme, les maîtres de M.

Jourdain.

Pourtant Molière ne semble jamais s'être soucié des scrupules des doctes et des délicatesses _ des petits-maîtres.

Il a continué à écrire des farces et à mêler au comique d'observation le comique de situations burlesques et de mots sans délicatesse.

Ce n'est pas seulement parce que son génie comprenait la valeur, la légitimité de ce comique.

C'est aussi parce qu'il était assure de plaire à tout le monde et non pas seulement à la canaille.

Un certain nombre de ses farces, ses comédies-ballets ont été écrites pour la cour et ont d'abord été applaudies par la cour; le Bourgeois gentilhomme est composé à la demande du roi; et ce que la cour a suggéré, c'est la mascarade absurde et joviale de la cérémonie; c'est Molière qui l'a lait précéder de la partie plus sérieuse, de la comédie de caractère.

On s'était bien formé un idéal de « politesse » et d'élégance ; mais ce n'était encore qu'un idéal.

Dans la pratique, les mœurs, même à la cour, nous sembleraient souvent aujourd'hui violentes et grossières.

On n'était pas toujours très loin de cette canaille que Boursault affectait de mépriser.. »

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