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Un bonheur total est-il concevable ?

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« Qu'est-ce que le bonheur total ? Est-ce la sagesse ? Le bonheur est un plaisir de chaque instant trouvé dans la vertu et la vie bonne.

Mais que serait le bonheur total ? Si le ‘total' concerne le temps, alors cela veut dire que c'est un bonheur perpétuel.

Mais comment peut-on savoir que l'on est heureux si la situation est constante et si aucun malheur ne vient, par contraste, faire ressortir le moment heureux ? Le bonheur est-il total en ce sens qu'il est inné ? Il semble pourtant qu'il ne nous tombe pas dessus comme à la loterie, mais qu'il s'obtient par l'effort ; autrement dit, nous le produisons.

Mais alors est-ce possible de faire l'effort à chaque instant d'une vie vertueuse ? L'erreur et l'imperfection sont le propre de l'homme.

Mais alors, lorsque nous connaissons un bonheur, sommes toujours homme ? Selon certaines théories seul Dieu connaît cette béatitude totale : une ataraxie perpétuelle. L'ataraxie est l'absence de trouble ; ataraxie totale veut dire qu'il n'y pas, en elle, d'aspérités, de rugosités.

Mais alors s'il n'y a plus de relief, la vie n'est plus possible, c'est le calme plat de l'encéphalogramme : seule la mort est présente.

Même le sage stoïcien en ataraxie, connaissait du relief, du mouvement, de la vie, puisqu'il devait sans cesse surveiller sa volonté.

Mais peut-on se contenter des petits plaisirs de la vie ? La vie a-t-elle encore une légitimité si nous n'avons plus comme perspective ce bonheur total, cette vie parfaite ? I. Il n'y a pas de bonheur total, car il n'y a pas de règle. Concevoir un bonheur total, c'est pouvoir en avoir une représentation.

Or pour se représenter quelque chose, quelque chose sur lequel on pourra réfléchir, il faut en connaître les caractéristiques.

Autrement dit, pour concevoir un bonheur total, il nous faut savoir comment il advient.

Il nous faut donc rationaliser et logiciser ce bonheur qui serait total.

Ainsi il faut trouver un critère de possibilité.

Mais un tel critère existe-t-il ? Comme le montre Kant, il est impossible qu'un tel critère existe.

En effet, tout homme veut être heureux mais il ne sait pas comment l'être et a fortiori, il ne sait pas comment l'être totalement.

Aucune règle du bonheur n'existe, car on ne sait pas ce que c'est que ce bonheur.

Est-ce d'être en vie le plus longtemps possible ? Il semble que ce soit horrible de voir mourir toute notre descendance.

Est-ce d'avoir de grandes connaissances ? Cela ne lui montrerait que mieux tout ce qu'il ne sait pas.

Nous ne pouvons donc dire qu'elle action sure et universelle nous garantirait d'atteindre le bonheur.

Le bonheur total ne dépend pas d'un impératif, nous ne pouvons donc le concevoir, car nous sommes dans l'incapacité de l'étudier conceptuellement, ne sachant ce qu'il est, ni comment il s'obtient. II. Le malheur total est plus concevable que le bonheur total. Schopenhauer va même plus loin.

En effet, il explique que le bonheur total est inconcevable car il n'existe pas.

Nous l'avons inventé pour nous aider à pallier à la tristesse que cause ce malheur perpétuel.

L'homme est constamment malheureux, son existence a peu de sens, et il ne fait que ce battre pour la sauvegarder, même si au fond il sait qu'il sera vaincu, puisqu'il mourra nécessairement.

Cependant, l'auteur explique que, c'est grâce à ce malheur qui nous côtoie perpétuellement, que nous pouvons reconnaître les petits moments de bonheur.

Mais pour lui le bonheur total est inconcevable car inexistant.

Nous n'atteignons jamais le bonheur directement, mais toujours par comparaison. Nous nous disons : ‘je me sens heureux car je me souviens ce temps passé, où j'étais malheureux et je sens que mon état est différent'.

Ainsi, nous ne concevons pas de bonheur total, mais nous vivons au quotidien un malheur total.

La meilleure preuve en est que le bonheur dépend, pour être perçu, du malheur. III. Un bonheur total à peine concevable et impraticable. Descartes nous conseille de nous contenter du peu de bonheur que nous ressentons, car le bonheur total est inconcevable, seul Dieu le connaît.

Nous pourrions à la limite imaginer un bonheur parfait grâce aux images d'une vie parfaite, mais malheureusement cette conception ne ferait que nous rendre encore plus malheureux, car elle nous montrerait toute notre misère et à quel point nous sommes loin du bonheur.

Les illusions sont néfastes, elles n'apportent rien de bon.

Ainsi la conception du bonheur total quand nous la réalisons, ne fait que nous rendre un peu plus malheureux.

Nous pouvons donc affirmer qu'une conception du bonheur total conduit au malheur total : la conception détruit ce de quoi elle est la représentation.

Epicure explique d'ailleurs que rien ne sert de concevoir un bonheur total, mais qu'il faut mieux pratiquer de petits bonheurs.

Ainsi un bonheur total ne doit pas être concevable, mais chaque petit bonheur, ou plaisir modéré doit être apprécié à sa juste valeur. Conclusion : - Le bonheur total est inconcevable, car il n'existe aucun critère de possibilité pour l'atteindre. Le bonheur total est inconcevable car il se définit par son opposé le malheur. Enfin, une conception du bonheur total entraînerait nécessairement la destruction de tout bonheur.. »

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