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Toutes les cultures se valent-elles ?

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« VOCABULAIRE: Culture: Du latin cultura, culture du sol » (de colere, « cultiver »). Mise en valeur des terres (agriculture), des corps (culture physique) ou des esprits (culture intellectuelle), travail visant à les rendre féconds.

Par opposition à nature, tout ce qui est l'oeuvre de l'homme.

En sociologie, ensemble des connaissances et des pratiques transmises par l'éducation et propres à un groupe social donné (exemple : la culture orientale). Il est facile de constater que les cultures sont différentes et que les valeurs qu'elles défendent diffèrent également.

La question consiste à se demander si les valeurs défendues par chaque culture ont autant de valeur ou si certaines ont plus de valeur que d'autres.

Affirmer que les valeurs de chaque culture se valent, c'est être conduit à poser un relativisme radical consistant à dire que toute valeur est relative à la culture qui est la sienne et qu'il n'existe aucune valeur universelle.

Affirmer que toutes les cultures ne se valent pas, c'est être conduit à dire que certaines cultures ont plus de valeur que d'autres.

Or, un tel jugement suppose un critère à partir duquel il est possible d'évaluer les différentes cultures.

Il s'agit alors de se demander quel est ce critère.

Le risque est alors de juger les autres cultures au regard de nos propres valeurs, ce que l'on nomme l'ethnocentrisme.

L'alternative est donc la suivante : soit on pose que toutes les cultures se valent et on nie l'universalité des valeurs.

Soit on pose une hiérarchie des cultures et on court le risque de l'ethnocentrisme à vouloir prendre un critère de valeur qui est le nôtre.

Dans les Cannibales, Montaigne montre ainsi que toute culture comporte une part de barbarie et qu'il serait illusoire et dangereux de considérer qu'il y a des cultures barbares et d'autres civilisées.

Il dénonce la barbarie commise par les européens sur les cannibales au nom d'une prétendue supériorité.

Il marque ses distances, aussi bien dans leur société que dans la notre, à l'égard d'un certain nombre de pratiques qu'il juge inhumaines et porteuses d'une certaine barbarie.

Mais alors cela signifie-t- il que toutes les cultures se valent ? Mais alors au regard de quoi peut-on juger et condamner certaines pratiques ? [Croire que notre culture est supérieure aux autres, c'est faire preuve d'ethnocentrisme.

Les valeurs de notre société ne sont pas plus légitimes que celles des autres. Du point de vue moral, toutes les cultures se valent. ] Chaque culture a ses défauts «Chacun appelle barbare ce qui n'est point de son usage» (Montaigne, Essais, 30).

Le mot, dans son acception originelle a été inventé par les Grecs pour désigner ceux qui n'étaient pas Grecs.

Le barbare est donc d'abord et avant tout l'Autre, celui que l'on ne connaît pas, dont on juge les différences négatives et contre lequel on se protège, ou bien souvent qu'on attaque. Les ethnologues contemporains ont largement enquêté sur cette notion corroborant cette idée que dans le barbare il y a ce que nous ne voulons pas voir en nous, sorte de projection de nos refoulements et de nos tabous : « Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie.

» Lévi-Strauss, Race et Histoire. Lévi-Strauss: « Est barbare celui qui croit à la barbarie.

» Qui n'a pas accusé autrui de se comporter en barbare ? Quel peuple n'a pas accusé d'autres peuples d'être des barbares ? Lévi-Strauss, grand anthropologue français, souligne, dans Race et Histoire, d'où est extrait notre citation, ce trait propre à toute société, qu'est l'ethnocentrisme : chaque ethnie, c'est-à-dire chaque peuple, a tendance à se penser comme étant au centre du monde, à considérer ses coutumes, ses mœurs, ses règles, ses croyances, ses modes de penser,...

comme meilleurs que ceux ethnies ou des peuples différents, comme si sa tribu, son village, son clan, son pays, sa culture étaient plus représentatifs de l'humanité que tous les autres.

Ainsi le barbare, le non civilisé c'est toujours l'autre; l'autre au sujet duquel on raconte toute sorte d'horreurs ou d'atrocités ainsi des Vikings, des Huns, des Goths, des Tartares, Mongols, des Chinois..., sans parler de tribus sauvages au fin fond de l'Afrique ou de l'Amazonie, etc.

Or, peut-être commence-t-on à ne plus être un barbare, ou commence-t-on à être un homme civilisé, le jour où l'on reconnaît qu'on est le premier, peut-être, à être capable de se comporter en barbare. Le mot "barbare" - barbaros en grec- signifie à l'origine "l'étranger qui ne parle pas grec" : on pouvait être étranger à Athènes, venir de Corinthe ou de Thèbes, on était alors un xénos, un étranger certes, mais un étranger qui parlait grec; en revanche les Egyptiens, les Perses, etc.

étaient appelés "barbares".

Pour les Romains, de même, les barbares étaient ceux qui ne parlaient pas latin, ou ceux qui, malgré la colonisation et la construction de l'empire romain, n'avaient pas été latinisés, et qui se situaient donc au-delà des frontières de l'empire.

Or ces peuples extérieurs ont fini par envahir l'empire romain et renversé son ordre : c'est ainsi qu'on parle encore dans les livres d'histoire de l'invasion des barbares.

La phrase de Lévi-Strauss est quelque. »

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