Toute activité est-elle un travail ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
TRAVAIL: Du latin populaire tripalium, «machine à trois pieux » destinée à immobiliser les chevaux pour les ferrer, d'où «
instrument de torture ».
Toute activité visant à la production d'une oeuvre utile.
Spécialement, ensemble des activités accomplies par l'homme pour
produire des biens et des services en contrepartie desquels il est rémunéré.
• Le travail est souvent associe a la peine et a la souffrance.
Dans la Bible d'ailleurs, Dieu punit le premier péché en
chassant Adam du jardin d'Eden et en l'obligeant à cultiver désormais une terre stérile : « Tu gagneras ton pain à la sueur
de ton front ».
• Pour Marx, le travail humain contribue à transformer l'homme tout autant que la nature.
En effet,
contrairement à l'animal, qui agit par pur instinct, l'homme détermine dans sa conscience le but qu'il veut atteindre avant
de le réaliser.
« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, écrit Marx, c'est qu'il a
construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.
» • Le travail salarié constitue, selon Nietzsche, « la
meilleure des polices » : « il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des
désirs, du goût de l'indépendance ».
On connaît le mensonge : « - Que fais-tu ? - Rien ! » Il n'est pas facile de ne rien faire, sans doute est-ce quelque chose
d'impossible : même celui qui dort fait quelque chose, il dort.
Mais, dans le même temps, on ne dira pas qu'il agit : on peut
donc, faire quelque chose sans agir.
L'inverse n'est pas vérifié : quand on agit, on fait nécessairement quelque chose.
En
conséquence, il semblerait que l'agir.
fût davantage que le faire.
Or, sur un autre plan, le, faire prend en quelque sorte sa
revanche et paraît plus que l'agir.
L'agir (marcher, jouer, parler) ne produit pas d'oeuvres, le faire, si.
La distinction
remonte à Aristote - le faire (poïein, en grec) est une pratique productrice (le philosophe grec donnait le paradigme du
sculpteur), l'agir (prattein en grec), est une pratique non productrice.
LE TRAVAIL EST UNE ACTIVITÉ PRODUCTRICE.
• Aristote faisait du mouvement le fondement de l'activité : il y a activité dès qu'il y a
mouvement.
Mais un fou qui passerait ses journées à creuser un trou puis à le
reboucher indéfiniment, celui-là s'activerait beaucoup sans doute, on ne dira pas
pourtant qu'il travaille.
• Le concept de production suppose une transformation du réel.
Il n'y aura, par
conséquent, travail que si le point d'arrivée est différent du point de départ : un
cultivateur transforme la terre qu'il laboure, un enfant qui apprend transforme son
esprit qu'il cultive.
• La rémunération en argent constitue une marque et un critère objectifs.
Certains
économistes refusent même de considérer comme un travail une activité non
rémunérée, même si elle est productrice de richesses (c'est le cas, par exemple, de
celle qui consiste à cultiver des légumes dans son potager).
On pourrait objecter à
cette idée qu'il suffit que le résultat du travail ait une valeur marchande pour le
concevoir comme un travail ; après tout, un peintre qui ne vend pas ses tableaux a
effectué néanmoins un véritable travail quand bien même ses tableaux n'auraient pas
encore une cote : ils sont des marchandises potentielles.
LE TRAVAIL EST UNE ACTIVITÉ SOCIALEMENT UTILE.
• Il est clair que l'utilité économique ne correspond pas toujours à la nécessité, mais du moins une marchandise est
forcément utile puisque comme marchandise elle a un prix, et qu'elle peut être achetée ou vendue.
• C'est pourquoi un sportif amateur et un sportif professionnel n'exercent pas, malgré les apparences, la même activité.
Ce
n'est pas tant la qualité de leurs performances qui les différencie (bien qu'elle soit déterminante), mais plutôt le fait que le
premier (l'amateur) joue pour lui tandis que le second (le professionnel) joue et travaille pour les autres.
• Ce n'est donc pas l'activité en tant que telle qui définit le travail, mais le sens que la société lui donne.
L'utilité étant une
valeur toute relative (à la société, à l'histoire), une même activité sera considérée tantôt comme un loisir, tantôt comme un
travail.
LA SPHÈRE ILLIMITEE DU TRAVAIL
• Le sens qui constitue le travail n'est jamais arrêté.
Ce qui n'a pas de sens économique dans une société (se déshabiller
en public) peut en avoir dans une autre.
Or le capitalisme est un système qui tend à intégrer toute réalité et toute activité
dans le circuit économique : cela signifie qu'avec le capitalisme, toute réalité finit par devenir une marchandise (l'eau et le
sang n'avaient jadis aucune réalité économique), et toute activité, un travail.
La marchandisation des loisirs (on achète le
plaisir d'écouter de la musique, de voyager, de s'amuser) montre l'irruption de l'économique dans des domaines qui
jusqu'alors lui échappaient.
À la force du travail s'ajoute désormais la force de consommation.
• Toute situation, même d'inactivité, est liée à l'activité : celui qui dort ou rêvasse récupère ses forces de travail et de
consommation.
Et toute activité, même si elle n'est pas un travail, est finalement liée au travail (les vacanciers qui bronzent
sur la plage l'été préparent leur corps pour la rentrée dans les bureaux en septembre : ils ont donné à leur apparence
physique une valeur ajoutée socialement utile).
Tout finit donc par le travail.
On parle tant aujourd'hui de la rareté du
travail (à cause du chômage) qu'on oublie son expansion réelle..
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