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Tout est-il historique ?

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« Termes du sujet: HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). Histoire et éternité, connaissance et vérité Demandons-nous enfin quelle est l'extension de l'histoire : tout est-il historique (historicisme), ou bien quelque chose échappe-t-il à l'histoire ? Une contradiction apparaît immédiatement : si rien n'est hors du devenir historique, la connaissance ne devient-elle pas impossible ? En effet, la connaissance est la représentation adéquate de ce qui est, c'est-à-dire la pensée vraie.

Or, comment connaître quoi que ce soit si même la vérité change ? Si la vérité est historique, ce qui était vrai hier peut devenir faux demain.

Pourrons-nous alors jamais rien connaître ? Et qu'opposer à ceux qui entendraient nier la vérité historique ? La vérité ne doit-elle pas nécessairement être anhistorique ou éternelle ? Pourtant, notre savoir progresse dans le temps.

Faut-il alors parler d'une histoire de la vérité, ou plutôt d'une histoire de la connaissance ? La réponse de Spinoza La vérité est hors de l'histoire " Personne ne dira jamais que l'essence du cercle ou du triangle, en tant qu'elle est une vérité éternelle, a duré un temps plus long maintenant qu'au temps d'Adam.

" Spinoza, Pensées métaphysiques (1663), II, 1. Problématique La vérité est-elle soumise au devenir historique, ou est-elle éternelle ? Tout dépend-il de l'histoire (historicisme), ou quelque chose lui échappe-t-il ? Explication La vérité est éternelle, hors de l'histoire Par son éternité, le vrai échappe au temps — donc à l'histoire.

(Si l'on entend par « éternité » le contraire du temps.) Un temps immense s'est écoulé depuis l'origine des choses (Adam, selon la Bible, est le premier homme), mais tout at-il pour autant duré ou été affecté par le temps ? Non : il faudrait sinon admettre « qu'une idée fausse est devenue vraie, et rien de plus absurde ne peut se concevoir ».

Par exemple, l'égalité entre la somme des trois angles d'un triangle et la somme de deux angles droits est nécessairement vraie, donc pas plus vraie aujourd'hui qu'hier.

De même, la vérité d'un fait (la prise de la Bastille) subsiste, même quand celui-ci n'existe plus.

La vérité d'un énoncé ou d'un fait ne passe pas avec le temps : elle est éternelle, atemporelle, anhistorique. Débat et enjeu Connaissance et vérité, distinctes et solidaires Le progrès de la connaissance contredit-il l'éternité de la vérité ? Non, car si la vérité changeait, la connaissance ne pourrait pas progressivement s'en approcher, et nulle connaissance ne serait jamais acquise.

La connaissance se rapproche de la vérité, sans jamais tout à fait l'atteindre (la connaissance n'est jamais absolue, elle n'est que de moins en moins fausse...). L'irréversible histoire des sciences Ce n'est donc pas la connaissance des faits qui détermine leur vérité (car alors la vérité changerait avec sa connaissance, ou ne serait pas vraie si elle n'était pas connue), c'est au contraire leur vérité (éternelle) qui détermine leur connaissance (progressive).

La science, c'est-à-dire la connaissance de la vérité, n'a une histoire que si la vérité n'en a pas.

L'éternité de la vérité permet le progrès des sciences, qui est « la plus irréversible des histoires » (G.

Bachelard).. »

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