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Tout est-il dit lorsque les sciences ont parlé ?

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« Analyse du sujet : Sciences : On utilise généralement le terme « science » pour désigner un certain type de savoir.

Science vient d'ailleurs du latin scientia, qui est lui-même un dérivé de scire, « savoir ».

Pour les anciens Grecs, la science constitue un savoir supérieur, une connaissance éminente qui a deux caractéristiques principales : elle porte sur l'universel car elle s'oppose aux opinions particulières et elle est purement théorique car elle diffère du savoir-faire pratique.

Ils considéraient par ailleurs que la philosophie était la science suprême.

Depuis l'époque moderne cependant, le modèle exemplaire de la science est plutôt celui d'une connaissance scientifique positive, basée sur la méthodologie de la science expérimentale.

C'est-à-dire une science qui repose sur des critères précis de vérification permettant une objectivité des résultats. Parler/dire : « Parler » renvoie à la notion de « parole ».

La parole vivante, orale ou poétique, s'oppose d'habitude au langage constitué, écrit, prosaïque ou technique.

Toutefois, si les sciences parlent, c'est bien entendu en réalité dans ce deuxième sens, le sens rationaliste.

Platon définissait par ailleurs la pensée comme étant la « parole intérieure » : cela reviendrait à considérer que la parole serait inséparable de toute compréhension spirituelle, de toute opération de la raison humaine.

Ainsi, la pensée et la parole seraient liées, et dire le faux, à la façon des poètes, ce serait trahir la parole.

Toutefois, on peut faire une distinction et dire qu'entre la compréhension d'un rapport nécessaire ainsi qu'il en est dans les sciences et son expression par la parole intervient la liberté : la parole humaine est toujours libre et comporte un élément d'arbitraire, même si la relation que l'on veut démontrer est en soi absolument nécessaire.

Cela nous renvoie également au « dire » et au statut du « discours.

» Le discours scientifique, suivant l'exemple initié par Platon, cherche à plier le langage aux exigences de la pensée.

Contre la sophistique qui ne vise que le pouvoir en usant de la fascination du discours, le discours scientifique cherche à utiliser la grammaire de la pensée et évite de se complaire dans les mots vides de sens. Problématisation : Prétendre que « tout est dit lorsque les sciences ont parlé », c'est faire le pari que celles-ci épuisent entièrement leur objet, c'est assumer l'hypothèse selon laquelle le discours scientifique atteint la vérité essentielle de l'objet sur lequel il porte, et qu'il l'atteint dans son intégralité.

Il faudrait alors considérer que les sciences possèdent une sorte d'omnipotence qui serait justifiée par le fait qu'elles auraient un accès privilégié à la vérité.

Toutefois, n'est-il pas prétentieux, voire dangereux, de croire que l'homme puisse ainsi accéder à la vérité ? Ne serait-il pas tragique de s'en remettre à celui qui dit posséder la vérité s'il ne la possède pas vraiment ? Proposition de plan : 1.

On a coutume de penser que les sciences décrivent ce qui est en tant que tel. a) « Par Science, j'entends l'habileté à résoudre toutes les questions et à découvrir par sa propre industrie tout ce que l'esprit humain peut trouver dans cette science » écrit Descartes dans sa lettre à Hogelande du 8 février 1640.

Il ajoute par ailleurs dans la deuxième des Règles pour la direction de l'esprit qu'avoir la science d'une chose, c'est en avoir une véritable connaissance, une « connaissance certaine et évidente ».

Descartes considère ainsi que la science permet d'accéder à la réalité en tant que telle. Dieu, étant par essence vérace (un être absolument parfait et puissant ne pouvant chercher à tromper), il a doté l'homme des moyens de connaître le monde en soi (le monde tel qu'il est dans l'esprit de son créateur, Dieu). b) La thèse cartésienne sur la science est exemplaire de cette position qu'on appelle le réalisme scientifique.

Cette position affirme que les théories scientifiques sont vraies au sens où elles correspondent à la réalité.

La notion de vérité mobilisée est alors celle de « vérité-correspondance », et comme la théorie scientifique est censée refléter l'exacte vérité, on parle alors métaphoriquement de « théorie-reflet.

» Suivant cette perspective réaliste, la science ne construit absolument pas son objet, elle le « découvre ».

Ainsi les physiciens ont-ils découvert des photons, des champs de force ou des trous noirs qui préexistaient dans la nature indépendamment de leurs démarches intellectuelles. c) Si le réalisme scientifique est exact, il faut bien alors considérer que « tout est dit lorsque les sciences ont parlé », puisqu'elles atteignent la réalité en soi des choses, et qu'elles découvrent l'intégralité de l'objet auquel elles s'intéressent.

Il n'y aurait donc plus rien à ajouter au discours scientifique, et tout ce qui se surajouterait à celui-ci ne serait que pur produit de l'imagination. Transition : Toutefois, la science parvient-elle réellement à découvrir la réalité ? 2.

En réalité, il faut comprendre les sciences comme un instrument interprétatif. a) Comme l'écrit Einstein : « la physique décrit la “réalité”.

Or, nous ne savons pas ce qu'est la “réalité”, nous ne la connaissons qu'à travers la description qu'en donne la physique ! » (Lettre à Schrödinger du 19 juin 1935) L'homme ne connaît en effet de la réalité que ce qu'en disent les théories, or, comme c'est l'homme lui-même qui écrit ces. »

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