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Tous les points de vue sont-ils également défendables ?

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Mais ceci pose un nouveau problème : si l?on s?en tient à cette égalité stricte entre les points de vue, toute discussion semble par avance mener à une impasse, un éventuel accord sur ce qui est vrai absolument (par opposition à relativement, pour soi) se révèle impossible.       II .Une définition de ce qu?est un point de vue pour venir à bout du relativisme. Ce que l?on appelle un point de vue est un discours qui possède deux caractéristiques fondamentales : -sa forme : tout point de vue est un ensemble de propositions reliées entre elles plus ou moins logiquement.                           -son contenu : tout point de vue est déterminé par « ce qu?il dit » . Ces deux déterminations du point de vue peuvent l?une comme l?autre être évaluées. Pour ce qui est de la forme, on peut dire si oui ou non le point de vue en question  a une forme de raisonnement correcte en s?appuyant par exemple sur les règles de la démonstration mathématique. Pour ce qui est du contenu, on peut se poser des questions du type : L?énonciateur n?est-il pas victime d?une illusion ?, Ne fait-il pas preuve de mauvaise foi ?, Ment-il ?

« L'exercice quotidien de la discussion a ceci de frustrant qu'il semble souvent impossible de trancher entre les différentes opinions, comme si toutes, malgré leurs antagonismes, se valaient ; comme si toute hiérarchisation semblait impossible.

Se poser la question de savoir si tous les points de vue sont également défendables soulève plusieurs interrogations.

Tout d'abord, il s'agit d'analyser les fondements de tout point de vue et de mettre en lumière ce qui peut expliquer leur apparente (ou réelle) égalité de valeur, de vérité et par là même de « défendabilité ».

Ensuite, une étude précise de la structure de ce qu'on appelle un point de vue permettra de mettre à jour des critères d'évaluation de ces-derniers pour sortir de l'impasse du relativisme (du type : toutes les opinions se valent).

A partir de cela, il s'agira de proposer une hiérarchie des points de vue en réponse à la question initiale. Le problème est donc le suivant : Si un point de vue est un jugement énoncé en première personne (le JE), fondé sur un vécu personnel que nul ne peut exprimer ni ressentir à ma place, comment alors justifier que tous les points de vue ne sont pas également défendables ? I.

La doctrine empiriste : tout point de vue est le résultat d'une expérience vécue en propre, et par là même indiscutable.

D'où l'idée que tous les points de vue sont également défendables. L'école empiriste nie l'existence d'idées universelles innées en l'homme.

Selon cette doctrine, l'esprit humain est une « tabula rasa » (= table rase ou vierge, expression de Locke dans les Essais sur l'entendement humain) .

Ce que l'on perçoit vient se graver sur cette table vierge qu'est l'esprit, et c'est là la base et l'unique élément de chacune de nos connaissances. Par extension, la formation de chacun de nos points de vue répond au même processus : c'est une expérience vécue par un sujet singulier qui en détermine le contenu. De ce fait, il y a quelque chose d'incontestable dans tout point de vue.

Par conséquent, tous sont porteurs d'une même valeur de vérité, donc en principe également défendables car nécessairement vrai pour celui qui l'énonce.

Il est en effet difficile de mettre en question la véracité d'un vécu . Mais ceci pose un nouveau problème : si l'on s'en tient à cette égalité stricte entre les points de vue, toute discussion semble par avance mener à une impasse, un éventuel accord sur ce qui est vrai absolument (par opposition à relativement, pour soi) se révèle impossible. II .Une définition de ce qu'est un point de vue pour venir à bout du relativisme. Ce que l'on appelle un point de vue est un discours qui possède deux caractéristiques fondamentales : -sa forme : tout point de vue est un ensemble de propositions reliées entre elles plus ou moins logiquement. -son contenu : tout point de vue est déterminé par « ce qu'il dit » . Ces deux déterminations du point de vue peuvent l'une comme l'autre être évaluées.

Pour ce qui est de la forme, on peut dire si oui ou non le point de vue en question a une forme de raisonnement correcte en s'appuyant par exemple sur les règles de la démonstration mathématique.

Pour ce qui est du contenu, on peut se poser des questions du type : L'énonciateur n'est-il pas victime d'une illusion ?, Ne fait-il pas preuve de mauvaise foi ?, Mentil ?, Est-il possible moralement de soutenir une telle opinion ?….Un point de vue est donc évaluable, et par là-même objectivable.

On peut donc statuer sur la qualité d'un point de vue.

Par conséquent, tous les points de vue ne sont pas défendables (seront indéfendables par exemple les points de vue illogiques, immoraux…) et tous ne le seront pas de la même façon (en fonction de leur degré de cohérence ou de moralité par exemple). III.

Existe-t-il alors un point de vue absolument défendable ? L'expression « point de vue » indique l'idée d'un lieu d'où l'on regarde le monde qui nous fait face.

Si tous les points de vue ne sont pas également défendables, d'où faut-il se placer pour former le plus vrai, le moins contestable, le plus défendable de tous les points de vue possibles ? Kant nous propose une réponse : du point de vue de l'universel.

Le point de vue de l'universel est accessible à chacun d'entre nous (bien que nous soyons des sujets particuliers) mais nécessite un réel travail d'arrachement à nos conditions de vie individuelles.

L'homme singulier doit faire abstraction de son histoire, sa culture, ses croyances, ses idéaux, ses passions…pour ainsi se mettre dans la condition du « tout-homme », à savoir un homme dans ce qu'il a de commun avec tous les autres.

De sa condition d'être UN homme en particulier, il doit devenir L'homme en général.

C'est dans cette posture si particulière que peut être élaboré le point de vue de l'universel : le jugement formé sous cet angle de vue sera absolument (c'est-à-dire universellement) défendable dans le sens où il s'adressera à l'humanité présente en chacun des individus. Conclusion -Si l'on considère qu'un point de vue est fondamentalement le résultat d'une expérience vécue en première personne (donc incommunicable), alors tous sont également défendables dans le sens où ils sont tous aussi vrais les uns que les autres relativement à ceux qui les énoncent. -Or une analyse théorique montre qu'un point de vue est évaluable dans sa forme et son contenu suivant des règles logiques et morales objectives. -Donc suivant ces critères, on peut répondre que tous les points de vue ne sont pas également évaluables (car de qualité potentiellement variable, donc hiérarchisables) et qu'il existe un point de vue absolument défendable par tous et pour toute chose qu'il regarde, à savoir le point de vue de l'universel.. »

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