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Technique & nature ?

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« Puisque le travail est une relation médiate à la nature par le moyen de la technique, il doit bien y avoir un rapport intime entre technique et nature.

C'est qu'il n'y aurait pas de technique sans nature, et les premières tentatives de définition de la technique, comme celle d'Aristote, s'orientent à partir de ce lien.

Dans le chapitre VIII de sa « Physique », Aristote définit la technique à la fois comme imitation et comme prolongement de la nature.

Ce qu'on appelle ici technique, c ‘est ce qu'Aristote nomme, en grec, « technè », et qui se comprend à la fois comme technique et comme art.

si cette « technè » est imitative, c'est d'abord parce que la nature se présente comme une référence absolue et indépassable ; c'est aussi parce que l'activité technique se fonde sur une compréhension de ce qu'est la nature.

Les relations entre science et technique illustrent nettement ce point : l'histoire des progrès techniques entretient un parallèle avec l'histoire avec l'histoire des découvertes scientifiques, parce qu'il n'est pas un objet technique qui ne soit, consciemment ou non, l'application de ces lois de la nature que la science découvre. L'adage par lequel Bacon disait qu' « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant » prend ici tout son sens. On ne commande à la nature qu'en lui obéissant. BACON (Novum Organum) Les lois de la nature sont strictement déterminées.

Il n'est pas possible de les enfreindre.

Nous ne pouvons qu'y obéir.

Cela ne signifie néanmoins pas que nous soyons soumis à la nature.

Le projet technique consiste à utiliser les lois de la nature pour notre utilité.

Ainsi, en obéissant aux lois de la nature, on peut la commander.

La liberté n'est pas dans l'absence de contrainte mais dans l'utilisation raisonnée de ces contraintes. « ...

s'il se trouve un mortel qui n'ait d'autre ambition que celle d'étendre l'empire et la puissance du genre humain tout entier sur l'immensité des choses, cette ambition (si toutefois on doit lui donner ce nom), on conviendra qu'elle est plus pure, plus noble et plus auguste que toutes les autres ; or, l'empire de l'homme sur les choses n'a d'autre base que les arts et les sciences, car on ne commande à la nature qu'en lui obéissant.

[...] La science et la puissance humaine se correspondent dans tous les points et vont au même but ; c'est l'ignorance où nous sommes de la cause qui nous prive de l'effet ; car on ne peut vaincre la nature qu'en lui obéissant ; et ce qui était principe, effet ou cause dans la théorie, devient règle, but ou moyen dans la pratique.

» Francis Bacon. Notons que, dans la pensée aristotélicienne, la « technè » ne se contente pas d'imiter, elle prolonge aussi : ce qui veut dire que le médecin (dont Aristote prend souvent l'exemple) se contente de favoriser la nature chez son patient,, de catalyser une réaction.

Ainsi, et c'est bien là son actualité, l'analyse d'Aristote ouvre-t-elle la voie à l'idée, que nous allons retrouver, d'une technique qui aurait poussé la nature un peu (ou même beaucoup plus loin) que ce que la nature aurait fait par elle seule... Il y a donc un lien très étroit entre technique et nature, lien que redécouvre Descartes qui pense tout de suite, lui aussi, au registre de la médecine.

Les accents enthousiastes qui sont les siens dans la sixième partie du « Discours » montrent une inversion du lien, dans la mesure où la technique se présente comme une domination possible de la nature : il s'agit en effet pour lui de remplacer la « philosophie spéculative » par une « philosophie pratique » , « par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer. »

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