Technique et civilisation ?
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VOCABULAIRE:
CIVILISATION: Dérivé du latin civis, « citoyen ».
Par opposition à l'état sauvage ou à la barbarie, résultat des
efforts de l'homme pour discipliner ses pulsions et domestiquer son environnement.
En sociologie, ensemble des
phénomènes sociaux, religieux, intellectuels, artistiques, scientifiques et techniques propres à une société donnée.
TECHNIQUE
Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.
La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle
s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à
produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas.
La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un
pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir.
Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis,
et non des dons ou capacités innées.
La technique, par son progrès, est souvent valorisée, au point d'être tenue pour un critère de civilisation.
En
effet, elle caractérise le mode d'être humain, en rupture avec le monde animal.
De plus, les découvertes techniques
jouent un rôle considérable dans l'amélioration des conditions de vie, avec toutes les conséquences que cela a sur
les autres aspects culturels.
Cependant, le pouvoir que la technique donne à l'homme, sur la nature et sur les autres hommes, peut se retourner
contre lui, jusqu'à l'aliéner ou le détruire, comme l'histoire le montre.
Ainsi, le progrès technique est à double
tranchant.
Il conduit à poser un problème qui ne relève pas que de la technique, mais aussi de la politique et de la
morale et, en général, des valeurs d'une civilisation.
Technique animale et technique humaine
L'anthropologie nous apprend que l'homme se distingue de l'animal par le langage et la technique.
Communication et
technique animales sont spécifiques, instinctives et ne peuvent subir de changements que si la constitution
biologique est modifiée sous l'effet des mutations génétiques.
Les animaux ont des organes appropriés à leurs
besoins (organon, instrument).
En revanche, les premiers groupes humains montrent une façon d'être radicalement différente par nature, dans la
mesure où leur technique est consciente.
Il ne s'agit pas d'une simple différence de degré.
La technique humaine
montre une capacité d'inventivité et de production.
De plus, elle est transmissible.
C'est une pratique efficace qui
repose sur l'usage traditionnel d'outils dont la fabrication et l'utilisation exigent une activité intellectuelle.
Le lien
entre la main qui fabrique et l'esprit qui la guide est essentiel.
Et les outils, augmentant son pouvoir physique,
deviennent des médiateurs entre l'homme et son milieu naturel.
Les premiers outils étaient des armes, arc, flèche,
massue, etc., et visaient à protéger le corps par la mise à distance de la proie ou du prédateur; et en accroître la
puissance grâce aux qualités des matériaux utilisés, pierre, métal, etc.
Ainsi, la technique montre une rationalisation progressive des procédés d'adaptation au milieu, alors que l'animal est,
lui, immédiatement adapté, dans les limites de sa constitution biologique.
L'homme, plus indéterminé sur ce plan, est
capable de s'adapter de lui-même, par sa technique, à une grande diversité de conditions (forêt, désert, banquise,
etc.).
Il se rend maître de sa « tactique vitale » (Spengler).
Civilisation et progrès technique
Le progrès de la technique humaine relève des transformations délibérées apportées aux objets artificiels.
Progrès
veut dire, tout d'abord, aller de l'avant.
Conservation, transmission, amélioration, innovations caractérisent la
technique humaine.
Conscient de son activité technique, l'homo faber, par son travail, se civilise.
L'homme sauvage
est entouré de marques de civilisation, même si elle est naissante, « primitive ».
D'ailleurs, seuls les animaux dits
sauvages méritent, au sens strict, ce qualificatif.
« Sauvage » indique une vie dans et de la forêt (silva).
Se civiliser
consiste à s'en détacher, en sortir, cultiver la terre et bâtir un village, jusqu'à organiser sa vie en cité (civitas).
Alors, le progrès technique est un élément essentiel du processus de civilisation.
En transformant la nature à son
profit, l'homme se transforme lui-même, il se civilise.
En retour, la technique, de simple savoir-faire, devient art puis
science appliquée.
La science moderne, au XVIIe siècle, ouvre une nouvelle ère technique, celle qui aboutit à une
techno-science.
Ainsi, la civilisation se marque tout autant par des signes matériels — artisanat, habillement, huttes, temples,
usines, etc., — que par la façon de penser et agir des individus qui vivent selon certains critères spirituels, religieux,
artistiques, politiques, moraux, etc.
La culture est, étymologiquement, cette mise en valeur aussi bien de la terre
(agriculture) que de l'esprit (l'homme cultivé).
Une culture est caractéristique d'une civilisation, par exemple, la
civilisation des Massaïs, la civilisation chinoise, arabe, occidentale, etc.
Civilisation et civilisations
Les différences entre les civilisations sont multiples, mais s'attestent notamment sur le plan technique.
Et les
conséquences du progrès technique se retrouvent dans le mode de vie, le plus grand confort, la libération des
hommes moins soumis aux dangers de toutes sortes.
Aristote montre par exemple que la philosophie est née dans un
pays, la Grèce, où le loisir était rendu possible grâce au confort lié au développement technique.
La technique joue un rôle dans l'évolution des autres éléments de la civilisation : échanges économiques, relations
humaines, savoir, vie de l'esprit.
Certaines civilisations se distinguent par le dynamisme de leur progrès technique à.
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