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Suis-je responsable de mon inconscience ?

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« Problématique envoyée par l'élève: On nomme inconscience le fait de ne pas être conscient de la réalité, des événements et des conséquences de nos actes.

On dira ainsi d'un individu inconscient qu'il est irresponsable.

Mais si être inconscient consiste à être irresponsable, est-on alors responsable de cette irresponsabilité ? Répondre que celui qui est irresponsable n'est pas responsable de cet état, c'est être conduit à excuser tous les actes qu'il peut faire.

Il s'agit alors de se demander s'il ne s'agit pas là d'une excuse facile.

Répondre que celui qui est irresponsable est responsable de son irresponsabilité, c'est considérer qu'il ne peut échapper au fait de rendre compte de ses actes.

Tout le problème consiste à déterminer comment il est possible de déclarer responsable celui qui est irresponsable.

Il faudrait ainsi se demander s'il ne peut pas y avoir différentes formes d'inconscience, certaines dont on pourrait être responsable et d'autres non.

Par exemple, je peux être responsable d'avoir manqué d'attention, de n'avoir pas assez réfléchi aux conséquences de mes actes.

Tel est le sens commun que nous accordons à la notion d'inconscience d'ailleurs.

Dans ces conditions et dans ce sens, on est absolument responsable de son inconscience.

Par contre, il faudrait déterminer si nous avons toujours les moyens d'être conscient. Introduction Quelqu'un d' "inconscient" se voit reprocher son manque de responsabilité, l'inconscience apparaissant alors comme un défaut moral.

Cependant, n'est-il pas nécessaire qu'une partie de notre vie soit inconsciente, de sorte que l'inconscience ne relève pas d'une liberté déficiente, mais d'une irréductibilité essentielle ? L'inconscience reviendrait alors à une forme d'ignorance.

Notre question serait alors : pouvons-nous déterminer dans quelle mesure cette ignorance est légitime ou réductible, afin de pouvoir décider si l'inconscience peut parfois relever de notre responsabilité personnelle ? I Nécessité naturelle de la concience : Freud et Husserl -Freud : la conscience est une simple réalité physiologique (corps) et psychique (esprit).

Son émergence est liée à la structure topique du psychisme humain, que Freud décrit comme organisée autour de trois grandes strates : l'inconscient, le pré-conscient et le conscient (première topique, L'Interprétation des rêves).

Le conscient, et la prise de conscience qui le manifeste, proviennent de la nécessité d'une liaison formée de l'énergie libre psychique de l'inconscient, alimentée par les excitations du système nerveux.

Impossible alors de concevoir une quelconque responsabilité de notre inconscience : l'homme n'est pas libre de prendre conscience, ce phénomène est naturellement déterminé. -Husserl : il ne s'agit plus de saisir la genèse physiologico-psychique de la prise de conscience, mais d'étudier la nécessité même de l'état de conscience chez l'homme.

Husserl indique ainsi que la structure de la conscience n'est pas le fait de l'homme : elle lui est prédonnée, et représente le soubassement nécessaire de son existence ( Méditations cartésiennes).

L'inconscience apparaît alors comme négativement nécessaire, n'étant alors pas du fait de l'homme non plus.

Seulement, à partir de ce donné conscience/inconscience, ne peut-on pas concevoir une relation humaine critique et responsable à ce donné naturel ? II La responsabilité comme donation de limites à notre inconscience : Freud encore et Kant -Freud : évolution de sa pensée.

La conscience naît de telle façon qu'elle est nécessairement déterminée en partie de manière à intérioriser les règles fondamentales et explicites de la conduite humaine.

Ce rôle de circonscription morale est jouée par le surmoi par rapport au moi ( Le ça et le moi).

Dés lors, l'infraction faite à certaines règles de base de la société ne peut être excusée par l'ignorance, car elles sont considérées collectivement comme évidentes. L'inconscience ne peut être ainsi responsable d'elle-même, mais fonde par le surmoi la possibilité d'une responsabilité consciente. -Kant : la moralité de nos actions, relevant du bien, consiste en l'élévation de notre conscience à l'universel (Critique de la raison pratique).

La loi ou le devoir est donc la forme de la conscience accomplie ; la forme de l'inconscience, à l'opposé, est donc le manquement à la loi.

La seule valeur positive de la morale est donc la conscience.

Dès lors, l'inconscience ne peut relever que d'une forme fondamentale d'irresponsabilité : je n'en suis responsable que dans la mesure où je manque au devoir de responsabilité de la conscience. III L'inconscience comme lieu même de responsabilité : Spinoza et Nietzsche -Spinoza : je suis responsable de mon inconscience dans la mesure où la tâche de la conscience est de mettre à jour mes déterminations inconscientes (Ethique).

Là où Kant attribuait une irresponsabilité fondamentale à l'inconscience, la responsabiité ne revenant positivement qu'à la liberté de la conscience, Spinoza ne croit pas en cette derniére.

La seule responsabilité est la connaissance de l'inconscience et de son action de détermination : lutter contre l'inconscience est donc la forme même de responsabilité.

Je peux donc être responsable de mon inconscience, si je ne lutte pas contre elle. -Nietzsche pense aussi que l'on est responsable de son inconscience, mais non plus au sens d'une faute de conscience, d'un manquement au devoir de connaissance.

Pour Nietzsche, la conscience est une illusion, et ne peut fonder une réelle responsabilité.

La seule responsabilité positive est celle qui s'émancipe de la conscience, provenant de l'inconscience comme affirmation de ma puissance de vie.

Donc non seulement suis-je responsable de mon inconscience, mais c'est l'inconscience même qui peut me rendre pleinement responsable. Conclusion -Pensée dans sa nécessité naturelle, l'inconscience ne peut faire l'objet d'aucune responsabilité. -Partant de ce donné irréductible, l'inconcience ne paraît susceptible que d'une responsabilité négative, celle ne pas entraver le devoir responsable positif de la conscience. -Mais si ce devoir positif est remis en cause, alors la responsabilité de l'inconscient devient plus importante ; de façon toujours négative, car la seule responsabilité possible est la lutte contre l'irresponsabilité de l'inconscience, ou de manière positive, en renonçant à la conception de la responsabilité comme liberté, et en pensant l'inconscience comme responsable de l'affirmation de notre puissance de vie.. »

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