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Suis-je le produit de mon passé ?

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« La question concerne l'identité individuelle et son rapport à la mémoire et à l'histoire.

Est-ce le passé qui nous construit, de manière autonome, comme si on le subissait, contre toute liberté ? N'est-on pas aussi ce que l'on accepte de subir de ce passé, ou ce que l'on refuse activement et librement de ce passé ? Le passé constitue-t-il un fardeau indépassable, irréductible ? Ne sommes-nous pas aussi au présent dans ce que nous faisons activement de notre mémoire et de notre passé ? L'adjectif possessif "mon" ne peut-il être dépassé, dans une conception d'un passé collectif, une histoire commune, qui nous constituerait ? Et quels seraient les rapports entre ce passé et la culture ? Notre identité n'est-elle que culturelle, historique ? [I.

Importance et apports du passé] - Du passé me viennent de nombreux éléments qui participent à ma définition actuelle : • éducation (aussi bien corporelle qu'intellectuelle) • habitudes acquises ; • mémoire personnelle, qui me garantit la durée antérieure de mon existence, et me fournit mes repères relativement aux autres. - Au-delà de l'histoire individuelle, mon passé m'intègre dans une histoire collective (celle de mon groupe, de ma classe sociale, de mon pays, etc.

). - Ma personnalité actuelle résulte bien de tout ce que j'ai vécu : gestes, actions (bonnes ou mauvaises), relations sociales, métier, etc. [II.

La résistance au passé] - Faut-il alors admettre que le passé me détermine entièrement ? Nietzsche en dénonce le poids (« le roc : ce fut ») parce qu'il risque de freiner mes initiatives, de m'enfermer éventuellement dans des regrets à cause desquels je deviendrai incapable d'entreprendre quoi que ce soit.

Il fait même de l'oubli, une vertu.

L'oubli, le gardien de l'ordre psychique. « Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujours quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur : la possibilité d'oublier, ou pour le dire en termes plus savants, la faculté de se sentir pour un temps en dehors de l'histoire.

L'homme qui est incapable de s'asseoir au seuil de l'instant en oubliant tous les événements passés, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout débout, comme une victoire, ne saura jamais ce qu'est un bonheur, et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres. Imaginez l'exemple extrême : un homme qui serait incapable de rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu'un devenir ; celui-là ne croirait pas à son propre être, il ne croirait plus en soi, il verrait tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finirait par se perdre dans ce torrent du devenir.

Finalement, en vrai disciple d'Héraclite, il n'oserait même plus bouger un doigt.

Tout acte exige l'oubli, comme la vie des êtres organiques exige non seulement la lumière mais aussi l'obscurité.

Un homme qui ne voudrait rien voir qu'historiquement serait pareil à celui qu'on forcerait à s'abstenir de sommeil ou à l'animal qui ne devrait vivre que de ruminer et de ruminer sans fin. Donc, il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l'animal, mais il est impossible de vivre sans oublier.

Ou plus simplement encore, il y a un degré d'insomnie, de rumination, de sens historique qui nuit au vivant et qui finit par le détruire, qu'il s'agisse d'un homme, d'une nation ou d'une civilisation.

» Nietzsche, « Considérations inactuelles ». - Freud montre qu'un passé mal compris (mal intégré dans mon histoire) est pathogène : la névrose provient de la persistance et de l'action toujours actuelle d'un événement ancien refoulé (qui renvoie toujours aux premières années de l'enfance). - Toutefois, la cure analytique doit précisément aboutir à une réappropriation consciente de mon passé, et à sa réintégration, comme passé non perturbant désormais, dans mon histoire. - Au sens strict (et sans trop jouer sur les ternes du sujet), un « je » malade ne résulte d'ailleurs pas de ce que son passé a fait de son « moi », puisque ce passé pathogène n'est précisément pas dans son « moi » (mais dans son « ça »). La conscience de soi se distingue du sentiment immédiat de soi.

On peut définir la véritable conscience de soi comme la connaissance des causes qui nous déterminent.

Dans ce sens, la découverte progressive de soi est une libération, la liberté n'est pas donnée mais elle s'acquiert.

Cela est sensible, par exemple, dans la cure psychanalytique qui libère en dévoilant les replis cachés de l'inconscient. Le but du traitement psychanalytique est de ramener au plein jour.

Il faut décoder les symptômes grâce à l'interprétation des rêves, ou à l'association libre.

Une fois les désirs dévoilés, il faut les rendre inoffensifs, soit par la sublimation, soit par un jugement critique conscient: la conscience peut exercer son pouvoir maintenant qu'elle connaît la raison de son mal.. »

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