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Suffit-il de voir le meilleur pour le suivre ?

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« Problématique: On peut avoir conscience des exigences du devoir, sans être capable de l'accomplir.

L'obéissance aux exigences de la raison est difficile sans le soutien du désir.

Dans certaines situations extrêmes, la raison peut exiger jusqu'au sacrifice de notre vie. Introduction Comment un homme qui aurait à prendre une décision quelconque ne choisirait-il pas la meilleure possibilité, s'il la connaissait comme telle? Pourrait-on ne pas vouloir cela même que l'on reconnaît comme préférable? Cependant, en affirmant ainsi qu'il suffit de voir le meilleur pour le suivre, on subordonne entièrement l'action à la connaissance : c'est ce présupposé qu'il faut discuter.

Comment cette subordination est-elle possible? Par quel pouvoir la simple idée du meilleur peut-elle engendrer une action? Ce pouvoir est d'autant plus difficile à penser si l'on s'avise que la connaissance qui devait guider l'action résulte elle-même d'un acte : la vue du meilleur suppose que l'on se tourne vers lui.

C'est donc la nature de la relation entre connaissance et action qui est au coeur du problème. I.

À quelles conditions peut-on affirmer qu' « il suffit de voir le meilleur pour le suivre »? 1.

La proposition semble évidente, comme le montre l'examen de la notion de meilleur. — Certes le mot « meilleur» recouvre des réalités différentes : le meilleur est-il ce qui répond à une exigence morale? ce qui contribue à mon bonheur? Et mon bonheur, en quoi consiste-t-il? Cependant, à ce stade de l'analyse, peu importent les différentes conceptions que l'on peut se faire du meilleur.

Il suffit de remarquer que dans tous les cas le meilleur est ce que je juge préférable de faire.

Comment dès lors ne pas préférer ce qui, selon moi, est préférable? — Il peut certes y avoir des obstacles extérieurs qui m'empêchent de le suivre, mais je ne peux pas ne pas vouloir ce que je connais être le meilleur. 2.

Mais la proposition n'est vraie qu'à partir de certains présupposés. — La proposition distingue deux moments dans la décision : • le moment du «voir» : c'est la délibération par laquelle j'examine les différentes possibilités qui s'offrent à moi, en vue de déterminer laquelle est la meilleure ; • le moment du « suivre » : c'est l'acte par lequel je me décide pour le meilleur. Le premier moment concerne la connaissance; avec le second, commence l'action proprement dite. — Cette distinction présuppose à son tour : • que le meilleur soit l'objet d'une vue.

Le terme de vue est à prendre en un sens imagé, mais la vue de l'esprit, comme la vue des yeux, implique une distance entre un sujet qui voit et un objet qui est vu.

Le meilleur serait donc l'objet d'une connaissance : il n'est pas éprouvé comme un sentiment ou un désir; • que l'action ne soit que l'aboutissement de la connaissance, comme le montre le verbe « suivre ».

II n'y a rien de plus dans l'action que dans la connaissance. 3.

Ces présupposés sont-ils compatibles? — Si le meilleur est une simple idée, un objet de connaissance, comment peut-il provoquer un acte? Qu'est-ce qui assure le passage d'une idée simplement possible à sa réalisation effective? — Certes, si le meilleur n'était pas une propriété de l'objet que nous jugeons, mais exprimait l'attirance qu'éprouve le sujet qui juge, connaître le meilleur signifierait alors se sentir porté vers lui.

II y aurait déjà dans la simple connaissance du meilleur un élément actif et le passage de l'acte s'expliquerait par là.

Mais ce faisant, le meilleur serait éprouvé comme un désir et ne serait plus l'objet d'une connaissance.

La connaissance se contenterait de fixer le meilleur moyen de satisfaire un désir donné, mais n'aurait pas à créer ce désir. — Si donc c'est bien la connaissance qui doit fixer ce qu'est le meilleur, celle-ci ne peut être un simple instrument au service d'un désir qui lui préexiste, mais elle doit engendrer ce désir.

Comment cela est-il possible? II.

La nature comme synthèse de la connaissance et de l'action. 1.

On peut sortir de l'impasse précédente en ayant recours à un troisième terme qui assure le passage de la connaissance à l'action ; ce terme, c'est la nature. — Le meilleur n'est pas le meilleur absolu, mais il est le meilleur pour l'homme.

C'est donc dans une détermination philosophique de la nature de l'homme, que l'on connaîtra ce qui convient à sa nature, ce qui est le meilleur pour lui. Le meilleur s'identifie à la fin naturelle de l'homme. — Ce meilleur, cette fin, s'ils sont naturels, sont ce vers quoi la nature tend d'elle-même.

Comme le germe se développe en plante par un processus naturel, l'homme tendrait naturellement vers le meilleur.

Cette fin n'est pas imposée du dehors à la nature mais lui est interne. — Le problème est résolu : • il y a bien une vue du meilleur: la connaissance philosophique détermine le meilleur pour l'homme; • mais cette idée de meilleur n'a pas à créer le désir du meilleur.

Celui-ci est inscrit dans la nature de l'homme, comme dans la nature de toute chose.

Mais la nature a doté l'homme de la pensée, et c'est pourquoi la poursuite de la fin naturelle réclame le concours de la connaissance.

L'homme doit connaître le meilleur pour le suivre, mais quand il le connaît, il ne peut que le suivre.. »

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