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Suffit-il de connaître le Bien pour le faire ?

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« Introduction Si l'homme condamne naturellement le pire en vue du meilleur, comment comprendre qu'en voyant le meilleur, il pourrait ne pas le faire alors même qu'il l'approuve ? Ce serait faire du "je" le siège d'un conflit, d'une contradiction entre ce qu'il connaît et ce qu'il fait.

Pour déterminer les raisons qui pourraient expliquer cette non-coordination du connaître et du faire, il nous faudra identifier ce « Je » qui connaît, puis qui juge et enfin qui agit. Ne pas pouvoir faire le meilleur que l'on voit et que l'on approuve, est-ce l'indice d'une faiblesse morale ou bien d'un pouvoir spécifiquement humain ? Trancher cette alternative sera capital car si l'homme échoue à faire le meilleur alors même qu'il le connaît, convent seulement imaginer un autre moyen pour mobiliser sa volonté à accomplir le meilleur ? L'homme est-il alors condamné au mal sous sa forme la plus extrême, celle du pire ? [Les Grecs croyaient à une harmonie initiale préexistant à l'homme.

Cette harmonie, une fois connue, ne pouvait qu'exercer un pouvoir d'attraction sur la volonté.

Connaître l'essence du Bien, c'était forcément agir conformément à lui.] Justice et Bien Héraclite voit partout la guerre entre des éléments opposés (le froid et le chaud, le jour et la nuit, etc.).

Ce qui maintient l'ordre, c'est un principe supérieur: la justice cosmique.

Platon pense également que la justice est l'essence de toute chose.

Connaître le Bien en soi, c'est donc comprendre que les éléments sont soumis à une justice éternelle. Nul n'est méchant volontairement C'est pour Platon une certitude: l'ignorance est cause de méchanceté.

S'il existe un Bien éternel et préexistant à l'homme, le connaître, c'est être nécessairement attiré par lui.

Connaître la justice en tant que bien suprême suppose que l'on en accepte nécessairement ses règles, donc que l'on commette le Bien. « Nul n'est méchant volontairement », disait Socrate.

Si «je fais le pire », c'est parce que, je ne vois pas parfaitement le meilleur, c'est-à-dire le Bien absolu.

Je ne vois que des biens particuliers et relatifs (cf.

cidessous).

Dans cette ignorance du meilleur en soi, "chacun, d'après son propre sentiment, juge ou estime ce qui est bon, mauvais, meilleur, pire et enfin ce qui est le meilleur ou le pire" (Spinoza). Le meilleur résulte donc d'un jugement comparatif des biens entre eux ; pour l'homme, il ne fait sens qu'en tant que superlatif comparatif.

Résultant d'une comparaison, le meilleur devient relatif et variable, dépendant et des biens comparés et de la personne qui juge.

Dans cette perspective, Antigone fait le meilleur relativement à sa conscience morale, niais elle fait le pire pour Créon qui juge, d'après sa conscience politique, l'acte d'Antigone comme un acte de désobéissance.

Le meilleur pour moi pourrait donc être le pire pour toi. Si aucune valeur ne peut s'imposer légitimement à tous comme désignant le meilleur à suivre, cette relativité du meilleur a pour conséquence logique la relativité du pire.

Si on estime qu'Antigone a pu commettre le pire en estimant faire le meilleur, il faudrait alors admettre que les nazis, qui ont fait le pire, pourraient avoir fait le meilleur.

Les nazis auraient fait le pire non pas par volonté diabolique de faire le pire pour le pire, mais parce qu'ils auraient jugé que pour eux et pour l'Allemagne, le meilleur était l'extermination de tout être qui n'était pas aryen.

Le relativisme des valeurs conduit à justifier le pire, la violence sous toutes ses formes.

Mais comment réfuter ce relativisme si aucune affirmation ne peut prétendre à l'universalité? Faire le meilleur pourrait consister, plus humblement, à penser le pire, c'est-à-dire à déterminer un critère permettant de l'identifier pour le dénoncer.

Or, le pire ne résulte-t-il pas toujours de la relativité des valeurs dont l'issue ne peut être que le triomphe non dit meilleur, mais du plus fort ? Le pire résulterait d'une force qui se ferait passer, abusivement, pour une valeur morale.

Dans ces conditions.

seule une raison critique pourrait voir le pire en l'identifiant comme l'intérêt personnel qui se fait passer pour l'intérêt universel.

Faire le meilleur, ce serait donc dénoncer d'une manière critique l'illusion d'une raison dogmatique qui affirmerait voir le meilleur en tant qu'absolu et s'estimerait autorisée à l'imposer habilement aux autres sous toutes les formes idéologiques de l'absolutisme. Nul n'est méchant volontairement.. »

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