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Faut-il, pour le connaître, faire du vivant un objet ?

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« POUR DÉMARRER Doit-on nécessairement, pour se former une représentation adéquate d'un système organisé, se reproduisant, le réduire à l'état de réalité matérielle s'offrant à notre pouvoir? Voilà une démarche qui semble bien contradictoire, puisqu'elle veut accéder aux caractères du vivant en supprimant certains aspects qui le définissent. CONSEILS PRATIQUES II est essentiel, ici, de s'attarder longuement, d'abord sur la définition du vivant, que certains de ses caractères différencient radicalement de la notion d'objet.

Insistez sur le fait que la connaissance, en particulier la connaissance scientifique, doit opérer sur des objets manipulables pour accéder à leurs différentes déterminations. Cette opposition vous conduit à un plan dialectique, qui semble approprié à ce devoir.

Notez que, lorsqu'on ramène le vivant à de simples rapports physico-chimiques (mécanisme) on est conduit à en faire un objet, à oublier que le vivant n'est pas une machine comme les autres. BIBLIOGRAPHIE KANT, Critique du jugement, Vrin. J.

MoNod, Le hasard et la nécessité, Seuil. PROBLÉMATIQUE Faire du vivant un objet ne serait-il pas une manière de le rendre mort ? Alors, comment, étudier le vivant, si on doit lui enlever les qualités qui font de lui un vivant ? L'objectivation du vivant, de la vie, est-elle nécessaire dans le cadre de la connaissance du vivant ? Le vivant n'est pas a priori un objet comme celui des autres sciences : il n'est pas inerte comme en physique ou abstrait comme en mathématiques.

Donc la question est de savoir à quel objet on pourrait avoir affaire dans les sciences de la vie, en biologie par exemple.

À partir du moment où l'on a rompu avec la notion de vie pour questionner le vivant en le réduisant à ce qui est observable, on en a fait un objet digne de connaissance.

Au lieu de réfléchir sur la vie et ses enjeux métaphysiques, on observe le vivant.

L'observation, l'expérimentation sont des processus d'objectivation du vivant.

Mais cet objet a sans doute un statut très particulier.

Selon Jacques Monod, dans Le hasard et la nécessité, le vivant est un système (et déjà ce n'est plus tout à fait un objet) qui a deux propriétés essentielles : émergence et téléonomie.

Par la première propriété, Monod explique le passage de l'inerte au vivant et la complexification de celui-ci ; par la seconde, il souligne que le caractère du vivant est de se comporter comme s'il avait un double projet, se maintenir en vie et perpétuer l'espèce par la reproduction.

Pour Monod, l'émergence a produit des espèces dont les structures se sont avérées de plus en plus téléonomiques.

Pour le connaître, il faut donc bien faire du vivant un objet mais un objet particulier puisque téléonomique.

Dès lors, l'enjeu est de savoir si la biologie peut être une science autonome ou si on doit l'intégrer dans les sciences physico- chimiques.

Soit on réduit la biologie aux sciences de l'inerte (comme J.-P.

Changeux) ; soit on confère au vivant et à sa connaissance un statut légèrement différent.

Soit les vivants sont des processus complètement explicables par les lois de la chimie et de la physique (réduction mécaniste) ; soit ils échappent partiellement à l'analyse physico-chimique de leurs constituants car ils constituent des totalités organiques. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? Problème classique d'épistémologie.

Il s'agit de savoir dans quelle mesure il est nécessaire de faire du vivant un objet pour l'étudier.

C'est la question de l'objectivation du vivant, et de ce qu'elle implique relativement à l'analyse mécanique du vivant. Objectiver le vivant, est-ce considérer qu'il est régi par les lois ordinaires de la physique et de la chimie ? Est-ce nécessairement le considérer comme une machine ? Enfin, il faut bien souligner la distinction entre le vivant, être organisé remplissant certaines fonctions, et la vie, principe métaphysique permettant de distinguer l'inertie du vivant. II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE. A - CONNAÎTRE LE VIVANT APPELLE SON ÉTUDE DU POINT DE VUE DE LA SCIENCE. Connaître quelque chose, c'est toujours le connaître scientifiquement.

Et cela exige qu'on en fasse un objet de science. Qu'est-ce à dire pour le vivant ? Comment faire du vivant un objet ? Réponse : en considérant qu'il ne fonctionne pas selon des lois différentes de celles qui régissent la matière inerte. Les mêmes lois physico-chimiques qui règlent la matière inerte règlent aussi le vivant.

Cela a pour conséquence de faire pièce à toute idée métaphysique de principe vital. C'est cette rupture épistémologique qui fait qu'on n'étudie plus la vie dans les laboratoires, mais uniquement le fonctionnement du vivant. B - CONSIDÉRER LE VIVANT COMME UNE MACHINE.. »

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