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Spinoza: Les illusions de l'homme

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« VOCABULAIRE SPINOZISTE Nécessité: lien logique entre deux essences ou entre une essence et son existence, lorsque l’une ne peut être rationnellement conçue sans l’autre.

Le déploiement existentiel des conséquences nécessaires est le déterminisme.

Les lois de la Nature découlent nécessairement de l’essence de la substance. Liberté: elle n’est pas un acte de la volonté qui n’est qu’une faculté (entité abstraite, en fait inexistante).

La liberté concrète est l’autonomie d’un individu, atteinte lorsque ses actions ne résultent que de causes internes (celles qui résultent de l’essence même de cet individu, c’est-à-dire de son Désir). Homme: réalité singulière, contingente, constituée par un corps et par l’idée de ce corps (esprit humain). L’existence d’un homme n’est pas logiquement nécessaire mais elle résulte du système des causes naturelles. Dieu: nom donné par Spinoza à la substance infinie (Être) en tant qu’elle est constituée par un nombre infini d’attributs infinis.

Dieu est donc la Nature elle-même.

Ce terme (Dieu) est équivalent au terme vérité. Désir: mouvement concret fondé sur le conatus et par lequel l’individu poursuit des biens qui accroîtront sa puissance d’exister, c’est-à-dire sa perfection et son être.

Un tel accroissement produit la Joie (et ses dérivés) ; sa réduction produit au contraire la Tristesse (et ses dérivés).

Le Désir est l’essence de l’homme. L'homme n'est pas un empire dans un empire » : autrement dit, il n'est pas indépendant de l'empire de la nature ; il est au contraire étroitement déterminé par les enchaînements nécessaires qui la régissent.

A la lumière de ce principe, Spinoza entreprend de dissiper quelques illusions tenaces, qui empêchent l'homme de prendre une conscience lucide de lui-même. 1.

L'ordre de la nature A.

« Deus sive Natura » Les êtres finis, limités, ne sont pas la cause de leur propre existence, ils sont causés par autre chose.

Mais on ne peut remonter indéfiniment de cause en cause : il existe un être infini, illimité, qui cause tous les autres et est cause de lui-même.

C'est la « Substance ».

Spinoza l'appelle Dieu ou la nature. Une pâquerette n'est pas cause de son existence, ni le jardin, ni la Terre, ni la galaxie.

La cause première est la nature elle-même, en qui et par qui toutes ces choses limitées sont.

Rien n'existe en dehors de Dieu, tout est en lui, il forme avec ses effets, ou modifications, un tout, le Tout.

Tout est en Dieu : le spinozisme est un panthéisme (pan : tout ; Theos : Dieu). Tout découle de Dieu selon une nécessité absolue, à la manière dont les propriétés du triangle dérivent de l'essence du triangle.

Dieu n'a donc pas « choisi » de créer le monde, il est à l'égard de toutes choses finies (ou « modes ») comme le triangle à l'égard de ses propriétés dérivées — elles sont une suite nécessaire de sa propre nature, ne peuvent pas ne pas être. B.

Nécessité et liberté Il n'y a dans le monde aucune contingence ; tout ce qui est découle du nécessaire enchaînement universel des causes ; rien de ce qui est ne pouvait être autrement.

Nous croyons souvent le contraire, mais c'est par ignorance des causes. Ainsi le libre arbitre, faculté prétendue d'agir sans y être déterminé, est-il une illusion`.

Les hommes se croient libres parce qu'ils sont conscients de leurs actions et de leurs désirs, et ignorants des causes qui les déterminent à vouloir. On ne doit cependant pas confondre le libre arbitre, qui n'existe pas, avec la liberté : est libre ce qui agit en n'étant déterminé que par soi-même, suivant la seule nécessité de sa propre nature.

Est contraint ce qui agit, ou plutôt « est agi » par des causes extérieures, déterminé par une nécessité étrangère.

La liberté, c'est la nécessité intérieure, la contrainte, c'est la nécessité subie.

À proprement parler, seul Dieu, ou la nature, est libre : infini, limité par rien mais comprenant tout, il ne subit aucune contrainte. L'homme, partie de la nature, ne peut jouir d'une telle liberté ; mais nous verrons qu'il est capable de limiter l'emprise de la nécessité extérieure sur lui. C.

L'illusion finaliste La croyance au libre arbitre conduit à une illusion majeure : nous imaginons que les fins, objets de nos désirs (par exemple découvrir le désert), sont les causes uniques de nos actes (partir), alors qu'elles ne sont que des effets nécessaires de causes antécédentes (souvenir inconscient d'un livre d'images sur le désert). Nous projetons cette illusion sur la nature entière : tout ce qui arrive serait l'effet d'un projet divin ; nous devrions ainsi craindre ou louer la providence, et, négligeant les explications physiques, rechercher des explications morales aux cataclysmes, aux maladies, en invoquant la volonté de Dieu, cet « asile de l'ignorance ». Ces superstitions naissent en effet de l'ignorance de l'ordre réel de la causalité.

Car, en fait, tout arrive non pas en vertu d'un projet, mais selon l'ordre mécanique des causes efficientes.

Ce n'est pas pour voler que les oiseaux ont des ailes, c'est parce qu'ils en ont qu'ils peuvent voler.

Dieu ne souhaite rien, n'a pas de désir — ce serait supposer en lui le manque ! C'est notre limitation qui crée le désir, et notre ignorance qui nous fait croire que l'indétermination est une perfection.

En les attribuant à Dieu, nous le figurons à l'image de l'homme.

C'est de l'anthropomorphisme.. »

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