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Si toutes les opinions se valent a quoi bon en débattre ?

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« Si toutes les opinions se valent a quoi bon en débattre? Dans le langage courant, l'opinion est souvent utilisée pour désigner l'avis personnel d'une personne, qui ne vaut pas pour tout le monde.

Il faut bien voir que l'opinion est un énoncé que l'on prétend être vrai.

C hacun est persuadé que son opinion est la bonne sinon il n'aurait pas cet avis.

Mais ce mot est la plupart du temps d'ailleurs connoté négativement.

En effet, il découle du grec doxa qui renvoie à l'idée d'apparence.

L'opinion dès lors est une croyance, un assentiment qui n'est pas fondé rationnellement et qui est toujours subjectif, affectif.

C e qui semble donc s'opposer à la vérité qui désigne le caractère d'un jugement qui ne peut que susciter l'accord.

Dès lors, il ne semble pas y avoir de critères pour rec onnaître le bien fondé d'une opinion et nous ne pouvons pas convaincre que notre avis es t le bon.

P ourtant ne pas débattre, c 'est aussi refuser d'avancer, de faire évoluer c es avis? Débattre n'est-ce pas réfléc hir ensemble pour quitter le domaine des opinions toutes faites et atteindre une opinion réfléchie et vrais emblable? 1.

L'opinion est personnelle, irrationnelle A l'origine, l'opinion est doxa (apparence), elle prend donc naissance dans le monde sensible.

C 'est pourquoi Platon exprime une méfiance immédiate envers l'opinion.

L'opinion est c onnaissance des sens et le philos ophe grec insiste sur le fait que les sens sont trompeurs. M ais le plus important, c'est que l'opinion est opposée à la vérité.

C 'est qu'elle n'est pas fondée sur la raison, elle ne résulte pas d'un raisonnement et elle est incapable d'être défendue par une argumentation rationnelle.

Elle représente ainsi une absence de recherche, une pas sivité de l'esprit, une immédiateté. Il semble donc que l'opinion ne soit capable d'aucune vérité.

Bachelard affirmait qu' "on ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire." L'opinion implique en effet une adhésion affective.

Si les opinions s ont diverses, c 'est qu'elles répondent à des bes oins et des désirs.

Un c onflit entre deux opinions différentes est par exemple sans i s s u e puisque chaque parti reste inc apable de persuader l'autre en argumentant.

En effet, "soutenir", c ' e s t s'élever vers l'objec tivité, en argumentant pour cherc her à partager un discours cohérent.

L'opinion s'oppose donc à l'objectivité du débat et du discours en commun. Bachelard, dans le même ordre d'idée, dira: "L'opinion a, en droit, toujours tort." Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique, 1938. La science n'a rien de commun avec l'opinion, l'accord entre la science et l'opinion ne peut porter que sur une ques tion de détail car la s c i e n c e c onstruit une vision du monde totalement fondée sur des principes rationnels.

L'opinion est surgissement spontané d'idée ; elle n'est pas le résultat d'un proces s u s conscient de réflexion.

C 'es t l a c o n s c i e n c e spontanée qui a des opinions , seule la conscience réfléchie peut passer de l'opinion à la connais sance. 2.

La rencontre avec l'autre permet de faire évoluer les opinions P ourtant, nous ne pouvons pas dire que le débat ne sert à rien.

Si chacun reste chez lui, sans ess ayer de rencontrer l'autre et de disc uter avec lui, alors tout individu restera sur ces opinions sans jamais pouvoir évoluer.

Le débat permet de me mettre en relation avec autrui.

Ses opinions contredisent les miennes .

D è s lors, e l l e s c essent d'aller de soi et nous prenons c onsciences que notre opinion n'est pas la seule possible. Le débat peut servir à faire entrer chacun dans une réflexion s ur s e s propres opinions .

L'objec tif n'est pas tant de convaincre l'autre que de mettre en doute nos propres avis et d'en voir les faiblesses.

C omme l'affirme Edgar M orin, dans pour Sortir du XXème siècle , il faut toujours que nos opinions restent ouvertes sur le monde, qu'elles maintiennent un dialogue avec les faits.

Le danger, c'es t que nous croyons tellement en notre avis que nous refusions toute contradiction. Rencontrer de l'opposition ou une contradiction est dérangeant mais est susceptible de nous forcer à réfléchir.

Une opinion peut évoluer en s 'apercevant qu'elle était fausse s ur certains points.

Desc artes par exemple, nous invite à pass er de l'enfance, état dans laquelle nous avons cru à ce qu'on nous disait à l'état d'homme, qui se caractérise par la réflexion. O r, dire qu'une opinion peut évoluer, c'est reconnaître qu'une opinion peut être meilleure qu'une autre, plus fondée. 3.

Une opinion réfléchie a plus de valeur qu'une opinion reçue, sans aucune vérification Il faut donc toujours soumette ses opinions à une vérification.

Si elle ne peut atteindre véritablement la vérité, tout au moins, elle peut essayer de ne pas être totalement dans l'erreur.

Il s'agit en effet de voir q u ' i l y a plusieurs sortes d'opinions.

La première comme nous l'avons vu s e c a r a c t é r i s e par la passivité et le reçu immédiat.

Dès lors , elle est souvent dans l'erreur, dans l'apparence.

Elle ne s'en tient à ce qu'une première approche immédiate de la réalité. M ais pourtant il est possible de réfléchir sur ses pos itions.

Par exemple, nous pouvons penser que les extra-terrestres n'existent pas.

Mais il ne faut pas s'en tenir là, il faut se tenir au courant des faits, des connais s a n c e s s c ientifiques et étudier s i notre conception tient toujours avec ce que l'on a appris. L'opinion de quelqu'un qui croit aux extra-terrestres en ayant réfléchi et pris connaiss ance de manière approfondie de son sujet, aura dans ce cas plus de valeur que celle d'un individu qui affirme qu'ils n'exis tent pas, sans s'être donner la peine de réfléchir et de s avoir si s on avis est adéquat à la réalité, au donné. L ' ignorant, ce n'est pas celui qui dit qui ne sait rien, c'est celui qui croit savoir et qui n'a que des opinions en guise de connaissance.

L'opinion donne une suffisance qu'il faut donc dégonfler pour que l'es prit s e mette en quête de la vérité.

Dès lors , il faut réfléchir pour parvenir à une position dont on sait qu'elle n'est peut-être pas la vérité, mais que nous tentons par là de l'approcher.

Une opinion doit être réfléchie mais surtout doit se savoir opinion, foi en une idée que l'on peut être prêt à reconnaître fausse si les faits ou le discours d'autrui, nous montrent que nous nous trompons. D è s lors, débattre c'es t toujours e s s a y e r d'atteindre la vérité ensemble, même s i n o u s s a v o n s q u e c ' e s t peut être impos sible.

P renez l'exemple des dialogues de Platon, dans lequel Socrate n'essaie pas de convaincre, mais bien de rechercher la vérité avec son interlocuteur, en débusquant l'erreur. La vérité philos ophique ne se laisse pas mettre en formules, à la différence des autres savoirs ; dans la Lettre V II, P laton définit la philosophie – selon l'étymologie, " amour ou désir de sages se et non p o s s e s s ion de cette s a g e s s e – moins comme quelque chose que l'on sait que comme la flamme qui jaillit de l'étincelle, puis c roît spontanément » dans l'âme.

La philos ophie n'est pas la détention de la vérité, mais la passion infatigable de sa recherche, qui s 'étend peu à peu à toutes les ac tivités et à tous les désirs de l'homme. Débattre, c e n ' e s t pas convainc re, impos er notre opinion, c 'est véritablement renc ontrer l'autre et e s s a y e r avec lui d'évoluer. A insi, si au premier abord, l'opinion se révèle subjective et affective, le débat ne sert à rien puisque toute argumentation semble imposs ible à convaincre l'autre.

Le rais onnement par argument est en effet étranger au domaine de l'opinion, de l'affec tif,.

Pourtant s i c h a c u n res t e s ur s e s positions, s ans essayer de d i s c u t e r a v e c l'autre, aucune évolution n'est possible.

D è s lors, il faut essayer de débattre pour s'ouvrir à la réflexion, pour remettre en c a u s e l a certitude de nos opinions.

En effet, une opinion qui résulte d'une observation approfondie du réel, d'une analyse des faits est toujours plus forte qu'une opinion naïve, qui croit c e que l'on a dit.

C 'est pour cela que le vrai débat doit permettre une authentique rencontre a v e c l'autre, pour non p a s convaincre, m a i s bien rechercher ensemble la meilleure opinion, la plus vraisemblable.. »

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