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Serions-nous plus heureux si nous étions immortels ?

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« INTRODUCTION : Définition des termes et problématisation : La question porte sur les rapports entre le bonheur et la mortalité.

Le bonheur se distingue de la simple jouissance en tant qu'il est un état durable et serein.

Il peut être associé à l'absence de soucis, à une certaine tranquillité de l'âme.

Or la finitude humaine, le fait pour l'homme d'être mortel, est une des principales causes d'angoisse, de soucis, de peur pour l'homme.

En ce sens comprendre l'immortalité comme étant la cause d'un gain de bonheur pour l'homme pourrait sembler légitime et compréhensible.

Cependant notre condition finie est aussi à l'origine d'une certaine conception de notre nature et de notre vie. La mortalité est une des caractéristiques de l'imperfection humaine, une des causes de sa faiblesse et de son humilité.

Rendre l'homme immortel pourrait provoquer en lui l'épanouissement d'un orgueil démesuré et une transformation dans sa conception de la vie.

En effet dans ce cas elle ne serait plus considérée aussi précieuse puisqu'il me serait impossible de la perdre.

L'ambiguïté relative au sujet est la suivante : la finitude est la cause en nous d'un souci profond et d'une angoisse permanente et d'autre part l'immortalité, si elle nous était accessible, rendrait de ce fait notre vie moins précieuse.

C'est cette ambiguïté qu'il va falloir analyser.

Il s'agira dans un premier temps de répondre à la question suivante : dans quelle mesure la finitude est-elle à l'origine du malheur de l'homme ? Ensuite il faudra tenter de résoudre le problème suivant : de quelle manière l'immortalité peut-elle prétendre être la condition de notre bonheur ? Il est important ici de montrer que le sujet ne présuppose pas que notre existence finie soit malheureuse, elle pose la question de savoir si l'immortalité permet un gain de bonheur par rapport à la mortalité.

La dernière partie aura donc pour fonction de se demander: dans quelle mesure notre mortalité influe-t-elle sur la qualité de notre vie ? PLAN DETAILLE Première partie : La misère de l'homme réside-t-elle dans sa finitude ? 1.1 La finitude humaine provoque un sentiment de profonde humilité et rend indigente notre existence. « Manquer d'infini resserre et borne désespérément.

Et il ne s'agit ici naturellement que d'étroitesse et d'indigence morale [...] cette étroitesse qu'est la perte du moi, perdu non parce qu'il s'évapore dans l'infini mais s'enferme à fond dans le fini, et parce qu'au lieu d'un moi, il ne devient qu'un chiffre, qu'un être humain de plus, qu'une répétition de plus d'un éternel zéro.

» KIERKEGAARD, Traité du désespoir, III 1. 1.2 Notre condition finie est la cause en nous d'un sentiment de vanité. « Il ne faut pas avoir l'âme fort élevée pour comprendre qu'il n'y a point ici de satisfaction véritable et solide, que tous nos plaisirs ne sont que vanité, que nos maux sont infinis, et qu'enfin la mort, qui nous menace à chaque instant, doit infailliblement nous mettre dans peu d'années dans l'horrible nécessité d'être éternellement ou anéanti ou malheureux.

» PASCAL, Pensées. Transition : Notre condition finie cause en nous un sentiment de vanité et d'angoisse qui réduit notre bonheur.

Il s'agit à présent de montrer de quelle manière l'immortalité pourrait participer à notre bonheur. Deuxième partie : Le bonheur humain serait-il plus grand grâce à l'immortalité ? 2.1 L'immortalité comme délivrance du corps nous permet d'accéder à la sagesse. « Il semble que la mort soit un raccourci qui nous mène au but, puisque, tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n'atteindrons jamais complètement ce que nous désirons et nous disons que l'objet de nos désirs, c'est la vérité.

Car le corps nous cause mille difficultés par la nécessité où nous sommes de le nourrir ; qu'avec cela des maladies surviennent, nous voilà entravés dans notre chasse au réel.

Il nous remplit d'amours, de désirs, de craintes, de chimères de toute sorte, d'innombrables sottises, si bien que, comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité de penser.

» PLATON, Phédon, 66a-b. 2.2 Le progrès indéfini n'est possible que grâce à l'immortalité de l'âme, celle-ci étant la condition de possibilité du souverain bien. « L'entière conformité de la volonté à la loi morale est la sainteté, une perfection dont aucun être raisonnable appartenant au monde sensible n'est capable à aucun moment de son existence.

[...] Or ce progrès indéfini n'est possible que dans la supposition d'une existence et d'une personnalité indéfiniment persistantes du même être raisonnable (ce que l'on nomme l'immortalité de l'âme).

Donc le souverain Bien n'est pratiquement possible que dans la supposition de l'immortalité de l'âme ; par conséquent celle-ci, comme inséparablement liée à la loi morale, est un postulat de la raison pure pratique.

» KANT, Critique de la raison pratique, P1.

L2.

C4. Transition : L'immortalité de l'âme dans les deux cas présentés est la source du bonheur.

Cependant celle-ci n'aurait-elle pas une conséquence sur la manière d'appréhender la vie ? Troisième partie : de quelle manière notre mortalité influe-t-elle sur notre manière d'envisager notre existence ? 3.1 La primordialité du présent fait que chaque instant possède une valeur particulière. « Se rendre libre de toutes les préoccupations ; or tu t'en rendras libre, si tu accomplis chaque action de ta vie comme si c'était la dernière.

» MARC-AURELE, Pensées pour soi-même, II 5 2. 3.2 La mort donne un sens particulier à la vie.

Heidegger dans Etre et temps conçoit la mort comme étant l'ultime possibilité de l'homme.

Elle est ce à partir de quoi il faut penser notre existence et penser notre avenir.

Cette prise de conscience de la finitude permet une valorisation de l'instant et donc de l'action ici et maintenant. CONCLUSION Nous ne serions pas plus heureux si nous étions immortels parce que notre conception de la vie changerait.

La prise en compte de notre condition finie donne une valeur particulière à tous les instants de notre vie.

Ce qui nous incite à agir et à profiter de l'instant présent c'est la conscience de notre finitude.. »

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