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Sciences & Techniques: Le paradoxe de la grossesse

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A l'instar d'une greffe, le foetus devrait être rejeté par sa mère. Mais il tient. Et se développe. Pourquoi ? Neuf mois chez la femme, presque deux ans chez la femelle éléphant, vingt et un jours chez la souris, pour chaque espèce de mammifère, la grossesse est un processus relativement long si on le rapporte à la durée de vie de la mère. Long, bien sûr, mais aussi énigmatique. Pendant tout ce temps, la mère va porter un foetus constitué pour moitié à partir de gènes provenant du père. En toute logique, il devrait très vite être reconnu comme " étranger " par le système immunitaire de la mère et être rejeté au bout de 10 à 14 jours comme une vulgaire greffe. Or, malgré les intenses connexions anatomiques qui se créent entre la mère et l'embryon, ce dernier tient et se développe.

« Sciences & Techniques: Le paradoxe de la grossesse A l'instar d'une greffe, le fœtus devrait être rejeté par sa mère.

Mais il tient.

Et se développe.

Pourquoi ? Neuf mois chez la femme, presque deux ans chez la femelle éléphant, vingt et un jours chez la souris, pour chaque espèce de mammifère, la grossesse est un processus relativement long si on le rapporte à la durée de vie de la mère.

Long, bien sûr, mais aussi énigmatique.

Pendant tout ce temps, la mère va porter un fœtus constitué pour moitié à partir de gènes provenant du père.

En toute logique, il devrait très vite être reconnu comme " étranger " par le système immunitaire de la mère et être rejeté au bout de 10 à 14 jours comme une vulgaire greffe.

Or, malgré les intenses connexions anatomiques qui se créent entre la mère et l'embryon, ce dernier tient et se développe. A cette énigme, fascinante en elle-même, s'en ajoute une autre, également troublante, reconnaît Gérard Chaouat, directeur de recherche à l'hôpital Antoine Beclère de Clamart - INSERM et spécialiste de la relation materno-fœtale : le poids du placenta, tissu embryonnaire qui envahit l'utérus de la mère, augmente de grossesse en grossesse.

A nouveau, c'est tout à fait à l'opposé de ce qui se passe pour les greffes où le receveur non sensibilisé réagit par un rejet de plus en plus violent si l'on multiplie les transplantations. Le conceptus, c'est-à-dire l'ensemble formé par le fœtus et le placenta, ne serait-il pas un véritable corps " étranger " comme le sont cœur, foie ou rein transplantés d'un individu à l'autre? L'hypothèse du fœtus immunologiquement neutre, avancée en 1954 par Sir Peter Medawar, un pionnier de l'étude de la tolérance immunitaire et prix Nobel de médecine en 1960, a été exclue dans les années 80.

Le fœtus possède bien des " marqueurs du soi " à la surface des cellules qui le composent.

Ce sont des molécules – des protéines pour être plus précis – appelées antigènes d'histocompatibilité ou HLA (Human Leucocyte Antigen), chez l'homme, et codées par les gènes du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH).

Lors d'une transplantation, les " marqueurs du soi " portés par le greffon deviennent la cible des anticorps et des cellules tueuses du receveur.

Deux classes seulement de ces protéines, celles dites de classe I et de classe II, jouent un rôle important dans le rejet de greffe.

Les protéines du CMH de classe I apparaissent, à des degrés divers, à la surface de toutes les cellules de l'organisme alors que les CMH de classe II ne sont présentes que sur certaines cellules du système immunitaire. Des millions de combinaisons différentes des gènes du CMH sont possibles.

Il est donc très peu probable que deux individus (sauf deux vrais jumeaux) aient des gènes du CMH identiques et, a fortiori, que ces deux individus se rencontrent et décident de faire un bébé ensemble.

En conséquence, le bébé doit exprimer des molécules du CMH différentes de celles de sa mère parce que codées par les gènes du père.un " corps étranger " L'idée que les " marqueurs du soi " pourraient être absents du fœtus en développement n'avait pourtant rien d'aberrant à première vue car le spermatozoïde et l'œuf fécondé en sont dépourvus.

Mais, au fur et à mesure que les techniques de détection s'affinaient, les scientifiques sont arrivés à dessiner avec une assez grande précision la mise en place dans le temps et la localisation des molécules du CMH au niveau des différents composants du conceptus. Quelques jours après la fécondation chez la souris et dans l'espèce humaine, la masse de cellules (ou blastocyste) qui forme l'embryon précoce se différencie en une masse cellulaire interne, le futur fœtus, et une masse cellulaire externe, le futur placenta.

Au moment de l'implantation de l'œuf dans la paroi utérine, la masse cellulaire interne commence à exprimer normalement les antigènes d'histocompatibilité, soit de classe I soit de classe II selon la population cellulaire considérée.

Finalement, le fœtus, comme tout individu, possédera, à la surface de pratiquement toutes les cellules de son corps, des antigènes d'histocompatibilité.

D'ailleurs, si l'on pratique une greffe de peau d'un fœtus, ou plus tard d'un bébé, sur sa mère, il y a rejet violent au bout de quelques jours. Reste le futur placenta.

Il acquiert quelques jours après la masse cellulaire interne ses premières molécules du CMH.

Quelle que soit l'espèce, il ne semble pas y avoir d'antigènes de classe II exprimés sur le placenta.

Pour ce qui est des molécules de classe I, les choses sont beaucoup plus compliquées.. »

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