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Sciences & Techniques: Le coma

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Au départ, un gros choc. Le cerveau se met sur la touche, les neurones tournent au ralenti : c'est le coma. Une nuit impénétrable, toujours trop longue, que les médecins ont bien du mal à explorer. A la recherche de la conscience perdue... OUI, NON... Andrew s'exprime en appuyant son doigt gourd sur le bouton d'une télécommande. Ses parents, ses amis, ses médecins sont bouleversés. Allongé immobile sur son lit, le jeune homme était plongé dans le coma depuis... huit ans! 1989 : amateur de ballon rond, Andrew Devine, vingt-deux ans, assiste à la rencontre Liverpool-Nottingham. Mais le match tourne au drame. Près de 2000 supporters sans billet forcent les portes du stade et se ruent vers la tribune déjà noire de monde. Face à la déferlante humaine, 95 personnes trouvent la mort. Andrew en réchappe, mais il a pris de sérieux coups sur le crâne. Il semble endormi : il est dans le coma.

« Sciences & Techniques: Le coma Au départ, un gros choc.

Le cerveau se met sur la touche, les neurones tournent au ralenti : c'est le coma.

Une nuit impénétrable, toujours trop longue, que les médecins ont bien du mal à explorer. A la recherche de la conscience perdue... OUI, NON… Andrew s'exprime en appuyant son doigt gourd sur le bouton d'une télécommande.

Ses parents, ses amis, ses médecins sont bouleversés.

Allongé immobile sur son lit, le jeune homme était plongé dans le coma depuis… huit ans! 1989 : amateur de ballon rond, Andrew Devine, vingt-deux ans, assiste à la rencontre Liverpool-Nottingham.

Mais le match tourne au drame.

Près de 2000 supporters sans billet forcent les portes du stade et se ruent vers la tribune déjà noire de monde.

Face à la déferlante humaine, 95 personnes trouvent la mort.

Andrew en réchappe, mais il a pris de sérieux coups sur le crâne.

Il semble endormi : il est dans le coma. Tous les ans, en France, plusieurs milliers de personnes restent ainsi inconscientes quelques heures, parfois plusieurs semaines, rarement plus d'une année.

Le corps semble à l'abandon, la pensée a disparu, la conscience est suspendue : le cerveau s'est mis sur la touche.

Une forte tête pourtant, l'encéphale.

Un kilo et demi de matière grise, des centaines de milliards de neurones connectés les uns aux autres par une infinité de câbles.

Un réseau bouillonnant d'activité mais fragile : incapables de se diviser, les cellules nerveuses sont irremplaçables. Tout génial qu'il soit, le cerveau a donc besoin d'une solide protection — la boîte crânienne —, et il nécessite un soin méticuleux.

En particulier, une alimentation régulière : trois minutes sans matière première et les neurones passent l'arme à gauche! De quoi se nourrissent-ils? De glucose et d'oxygène, le second dégradant le premier pour tirer l'énergie qui fera tourner la cellule.

Le tout est servi sur un plateau par des vaisseaux sanguins à paroi renforcée, histoire de bloquer l'entrée aux substances chimiques susceptibles de gripper les précieuses cellules. Habituellement fort zélé, le cerveau gère à la fois les affaires intérieures et extérieures.

Il contrôle les fonctions vitales de l'organisme (respiration, battements cardiaques, etc.).

Et nous permet de nous adapter en temps réel à un monde plein de surprises.

Sons, odeurs, images…, un flot d'informations lui parvient sans cesse, qu'il analyse, interprète, avant de réagir. Ainsi il résout des problèmes complexes (un exercice de math, un conflit avec un ami) ou très simples.

Par exemple, en un millième de seconde, vos neurones saisissent que sous le soleil la température de vos épaules change.

Cette chaleur doit diminuer.

Pour envoyer leur réponse — actionner les bras pour retirer le chandail, merci — les cellules nerveuses fabriquent un message.

La requête est transmise à l'aire qui contrôle les mouvements.

Hop, le pull tombe.

Cette stratégie en trois phases — percevez! intégrez! réagissez! — fait le quotidien des neurones. Du moins tant que les systèmes de l'éveil sont en marche.

Car ces quatre groupes de cellules émettent des substances qui font carburer les neurones… jusqu'à ce que le sommeil pointe le bout de son nez.

Dans les bras de Morphée, une petite zone du cerveau émet une molécule subversive qui brouille l'arrivée des informations extérieures.

Les neurones ne sont plus tenus au courant de ce qui se passe dehors.

La conscience est amoindrie, mais un rayon de soleil, un fichu réveil qui sonne, une odeur de café… et, ouahhh! le dormeur s'étire et se lève.

Alors que ni fanfare, ni chaleur estivale, ni cauchemar ne réveillent un patient dans le coma. Pourquoi? Parce qu'il lui est arrivé un grave pépin, bien sûr.

Dans la plupart des cas, le ravitaillement était insuffisant, voire momentanément inexistant.

A la suite d'un gros choc, par exemple, le cerveau s'est mis à gonfler dans une boîte crânienne inextensible, comprimant les vaisseaux sanguins.

Ou l'un d'eux s'est rompu, provoquant une hémorragie.

Ou le cœur a cessé de battre quelques instants (infarctus), coupant l'alimentation.

Ou le glucose est en rupture de stock.

A moins que des toxines ou des médicaments n'aient envahi la forteresse cérébrale… Beaucoup de circuits sont touchés, les neurones peuvent mourir par millions.

Aussitôt, les survivants se mettent à tourner au régime minimum.

On nous blesse ? On nous rationne? Parons à l'agression.

Comment? Par des économies d'énergie.

Et les cellules d'assurer le strict nécessaire pour se maintenir en vie : colmater une brèche dans la membrane, entretenir le matériel génétique… Mais plus question de traiter l'information.

Trop fatiguant.

Les zones chargées de la machinerie interne (respiration, déglutition…) trouvent juste la force de continuer leur boulot.

Parfois, le comateux doit rester entouré d'une foule d'appareils qui l'aident à prendre une bouffée d'oxygène, à s'alimenter, à uriner… Selon les régions cérébrales touchées et l'ampleur des dégâts, le malade est dans un coma plus ou moins profond qu'il est très difficile d'explorer : comment étudier l'état de conscience d'un patient fermé au monde extérieur qui, à son réveil, n'aura emmagasiné aucun souvenir, car faire travailler sa mémoire est trop épuisant pour le cerveau lésé? Probablement les comateux perçoivent-ils la voix de l'infirmière ou la piqûre de l'aiguille de la perfusion, mais ils sont incapables de traiter l'information correctement et de réagir.

Leur conscience est dissoute. Parfois pour toujours.

Parfois, il suffit d'éliminer de l'organisme le produit qui a bloqué les neurones, ou simplement de les réalimenter, pour que le patient retrouve ses esprits.

Il suffit de 24 heures pour faire passer une personne empoisonnée aux barbituriques plongée dans un coma profond — activité cérébrale très faible, pas de réponse à la douleur, pas même un froncement de sourcil —, à l'éveil le plus complet.

En général, il faut cependant compter deux à trois mois de soins dans un service de réanimation pour sortir du coma. Si, en dépit des efforts des médecins, le patient reste inconscient plus d'un trimestre, ses chances de réveil s'amenuisent.

Il entre dans une sorte de coma chronique, l'état végétatif.

Il n'a plus forcément besoin de respirateur artificiel, ouvre les yeux, ne parle pas et ne fait aucun mouvement volontaire.

Illusion toujours, il paraît éveillé mais n'a pas retrouvé la conscience.

Il peut quitter l'hôpital, et son lit est installé chez lui avec sa famille, pour des années peut-être… Dans moins de 1 cas pour 1000, le patient sort de son état végétatif comme Andrew.

La conscience du jeune homme, murée trop longtemps dans le silence, a été la première à jaillir des fenêtres à peine entrouvertes.

Mais il faudra encore du temps et beaucoup de patience pour qu'Andrew remue ce corps rouillé par l'immobilité.

Pourquoi le cerveau a-t-il autant tardé à se remettre au travail ? Mystère.

Au cœur de cette nuit interminable, il a fallu tout réapprendre, retrouver le chemin que les informations empruntaient autrefois de façon si naturelle, au besoin créer de nouvelles connections.

Le réseau s'est rétabli au compte-gouttes.

Et certaines fonctions, lentement, sont revenues.

Jusqu'à ce que la volonté soit là, et le contrôle des gestes, suffisants pour dire " oui ", du bout des doigts. Remerciements aux Prs Jouvet, Annane et Payen, et au Dr Arnulfe-Paturle.. »

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