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Sciences & Techniques: L'avenir des greffes

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De mieux en mieux maîtrisées, les greffes souffrent du manque d'organe. Il faut donc imaginer de nouvelles stratégies comme la greffe d'organes animaux. Mais la médecine saura peut-être soigner les maladies en cause avant que ces techniques ne soient au point. Les greffes d'organes seront l'aventure du XXIè siècle. Quarante ans après les premières greffes de rein qui ont étonné et ému, la transplantation atteint aujourd'hui l'âge de raison. On a vu ses miracles, on voit ses limites, on cherche à prévoir son évolution. Deux obstacles se dressent pour entraver la progression des greffes : l'acceptation de l'organe greffé par l'organisme, et le manque de donneurs. Une raison médicale et une raison sociologique. L'une et l'autre ét

« Sciences & Techniques: L'avenir des greffes De mieux en mieux maîtrisées, les greffes souffrent du manque d'organe.

Il faut donc imaginer de nouvelles stratégies comme la greffe d'organes animaux. Mais la médecine saura peut-être soigner les maladies en cause avant que ces techniques ne soient au point. Les greffes d'organes seront l'aventure du XXIè siècle.

Quarante ans après les premières greffes de rein qui ont étonné et ému, la transplantation atteint aujourd'hui l'âge de raison.

On a vu ses miracles, on voit ses limites, on cherche à prévoir son évolution.

Deux obstacles se dressent pour entraver la progression des greffes : l'acceptation de l'organe greffé par l'organisme, et le manque de donneurs. Une raison médicale et une raison sociologique.

L'une et l'autre étant étroitement mêlées : si l'immunosuppresseur idéal était découvert, le nombre de candidats augmenteraient brutalement, et le manque de donneurs serait encore plus grand. Mais l'immunosuppresseur idéal, qui permettrait d'éviter le rejet sans effets secondaires, n'existe pas.

L'invention de la ciclosporine, au début des années 80 a pourtant relancé la greffe.

Ainsi, pendant dix ans, une fois passé l'enthousiasme des premières transplantations e coeurs entre 1967 et 1969, seules quelques équipes dans le monde, Norman Shumway, le véritable pionnier à Standford en Californie, et Christian Cabrol à la Pitié-Salpêtrière à Paris ont continué pour faire progresser une technique qui se révélait décevante.

La ciclosporine et l'Imuran, les sérums lymphocytaires et les anticorps monoclonaux, restent les produits de base contre le rejet.

Aucun autre n'a creusé la différence, et certains ont même déçu par leurs effets secondaires ; En réalité, les progrès incontestables dans la maîtrise des rejets aigus et chroniques résident dans une meilleure connaissance des signes d'alerte, l'habileté des immunologistes à savoir manipuler des cocktails médicamenteux et des immunosuppresseurs au bon moment pour le bon malade. D'une espèce à l'autre La xénogreffe, transplantation d'un organe animal dans l'homme, a redonné sa part d'aventure à la greffe.

En juin 1992, Thomas Starzl implante un foie de babouin sur un jeune homme de 35 ans, à l'université de Pittsburgh aux Etats-Unis.

Il avait tenté déjà des transplantations de foie de chimpanzé, mais les malades n'ont survécu que quelques jours.

En 1984, en Californie, Leonard Bailey avait transplanté un foie de babouin sur un bébé, Baby Fae, sans pouvoir le sauver.

La tentative de Leonard Bailezy, au-delà de l'émotion, avait attiré l'attention des transplanteurs : l'enfant n'était pas morte d'une crise de rejet, mais des effets secondaires du traitement immunosuppresseur.

La barrière entre les espèces se fissurait. Ni Thomas Starzl ni son malade ne se faisaient d'illusions en 1992.

Un sursis avec une qualité de vie acceptable, c'est ce qu'attendait le malade.

Pour avoir réussi à passer le cap des deux mois, cette transplantation a démontré que la xénogreffe n'était pas une mission impossible.

Il ne faut pas oublier que le patient, atteint du sida, avait des défenses immunitaires très affaiblies.

Le rejet hyperaigu qui survient normalement en quelques heures, paraissait cependant maîtrisable.

L'espoir se focalise autour d'un phénomène étonnant : le mélange entre les cellules du greffon et celles du receveur.

Déjà remarqué chez des greffés interhumains, considéré comme la première étape du phénomène de tolérance, il a été démontré lors de la greffe du foie de babouin. Après l'enthousiasme, le réalisme.

Les progrès à réaliser sont encore énormes.

Le babouin, espèce rare, ne peut être envisagé comme donneur d'organe animal pas plus que les autres singes.

Il faut se tourner vers des espèces plus éloignées de l'homme, comme le cochon.

Une des idées pour rapprocher l'animal de l'homme est de produire des porcs " humanisés ", dont les cellules comporteraient des gènes humains incorporés par génie génétique.

Le système immunitaire du malade pourrait de son côté être traité pour accepter l'organe étranger. Une présentation très simplifiée, qui ne doit pas masquer l'ampleur des problèmes scientifiques à résoudre.

En fait, on peut penser, paradoxalement, que les progrès dans les connaissances seront un jour tels, que les indications de greffes, dernière étape d'une maladie trop évoluée, pourraient être réduites. Au chapitre des greffes, on voit émerger la thérapie cellulaire.

Il s'agit ici d'implanter, non pas des organes, mais des cellules de ces organes.

Ainsi, la greffe d'îlots de Langherans, cette partie du pancréas responsable de la sécrétion d'insuline, a progressé, au moins sur le plan scientifique.

D'un point de vue médical, la barre est placée haut, puisque les injections d'insuline classiques permettent généralement de bien maîtriser le diabète.

Prémices de la xénogreffe, des îlots de porc ont été injectés avec un certain succès du côté de la tolérance, mais se sont révélés encore incapables de sécréter suffisamment d'insuline. La moelle osseuse n'est pas un organe solide, et tient une place à part dans les greffes.

Source du système immunitaire, elle exige une compatibilité parfaite entre donneur et receveur, rarement rencontré en dehors des frères et soeurs.

Aussi lorsque la moelle est malade et non détruite, l'autogreffe utilisant les propres cellules du malade, triées, traitées, cultivées, s'est peu à peu développée, avec des résultats qui deviennent comparables à ceux de la greffe avec donneur. Ces manipulations permettent de classer les autogreffes dans la thérapie cellulaire qui utilise des cellules transformées, prêtes à devenir des médicaments, par exemple en cancérologie pour stimuler le système immunitaire, pour aller détruire sélectivement des cellules cancéreuses.

La greffe de cellules du foie est envisagée. Et déjà se profilent le foie bio-artificiel, le pancréas bio-artificiel, mariant le vivant et l'inerte.

Personne ne peut dire quand ils deviendront vraiment opérationnels, mais ils montrent l'avenir de la greffe : s'intégrer dans une stratégie multiple, où la part de l'acte chirurgical ira en s'amenuisant.. »

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