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Sciences & Techniques: Contraception : la maîtrise de la fécondité

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1958 : le premier contraceptif oral, baptisé Enovid, est commercialisé. Conspuée par le corps médical, plébiscitée par les femmes, la "pilule" va bouleverser la société. Cette évolution des mentalités prépare à une autre révolution : la procréation médicalement assistée. Io Pedras, banlieue de San Juan, à Porto Rico, 1956. Dans le nouveau lotissement construit pour les familles les plus misérables s'entassent les anciens habitants d'un taudis nommé El Fangito, "le petit trou boueux". Notamment des femmes, jeunes et déjà plusieurs fois mères sans l'avoir voulu. Deux cent soixante-cinq d'entre elles seront les premières à échapper à la fatalité des maternités accablantes, les premières à accomplir le petit geste que plus de 110 millions de femmes effectuent désormais chaque jour dans le monde : avaler un peu d'eau et une pilule. Une pilule ? Non, "la" pilule, le contraceptif oral, jugé au départ indécent, coupable, inutile par le corps médical et les groupes pharmaceutiques, mais plébiscité par les femmes qui le trouvent, elles, salvateur, pratique, formidable. En 1965, cinq ans seulement après son homologation par la Food and Drug Administration, plus du quart des Américaines la prenaient !

« Sciences & Techniques: Contraception : la maîtrise de la fécondité 1958 : le premier contraceptif oral, baptisé Enovid, est commercialisé.

Conspuée par le corps médical, plébiscitée par les femmes, la "pilule" va bouleverser la société.

Cette évolution des mentalités prépare à une autre révolution : la procréation médicalement assistée. Io Pedras, banlieue de San Juan, à Porto Rico, 1956.

Dans le nouveau lotissement construit pour les familles les plus misérables s'entassent les anciens habitants d'un taudis nommé El Fangito, "le petit trou boueux".

Notamment des femmes, jeunes et déjà plusieurs fois mères sans l'avoir voulu.

Deux cent soixante-cinq d'entre elles seront les premières à échapper à la fatalité des maternités accablantes, les premières à accomplir le petit geste que plus de 110 millions de femmes effectuent désormais chaque jour dans le monde : avaler un peu d'eau et une pilule. Une pilule ? Non, "la" pilule, le contraceptif oral, jugé au départ indécent, coupable, inutile par le corps médical et les groupes pharmaceutiques, mais plébiscité par les femmes qui le trouvent, elles, salvateur, pratique, formidable.

En 1965, cinq ans seulement après son homologation par la Food and Drug Administration, plus du quart des Américaines la prenaient ! Une telle victoire faisait suite à l'alliance décisive de trois personnages.

L'Américaine Margaret Sanger (1879-1966), issue d'une famille nombreuse, infirmière dans une maternité d'un quartier pauvre de New York, puis fondatrice du Planning familial.

Gregory Pincus (1903-1967), endocrinologue américain "dissident", connu pour avoir réussi à faire naître des lapereaux sans l'intervention d'un mâle, et fondateur de la très performante fondation Worcester pour la biologie expérimentale, axée sur l'étude des facteurs hormonaux de la reproduction.

Et Katherine Dexter Mac Cormick (1876-1967), l'une des premières femmes diplômées en biologie des Etats-Unis, qui employa son immense fortune à soutenir plusieurs projets pour la cause des femmes. En 1950, Margaret Sanger convainc Pincus de mettre au point un produit contraceptif d'un usage pratique et ne nécessitant pas l'intervention d'un médecin.

Katherine Mac Cormick finance les recherches – à la condition qu'elles aboutissent rapidement. Les hormones sexuelles étaient identifiées depuis plus d'une décennie, et leur rôle dans la reproduction était globalement compris.

En 1922, le biologiste autrichien Ludwig Haberlandt (1885-1932) rendit stériles des lapines en leur injectant des extraits ovariens de lapines enceintes.

Il conçut aussitôt un produit contraceptif à usage humain, jamais commercialisé.

La recherche endocrinologique tentait alors d'obtenir des hormones en purifiant plus ou moins des extraits d'organes.

A partir des années 30, les chimistes surent les isoler et les syntéthiser.

La commercialisation des hormones à des fins thérapeutiques diverses devenait alors plus rentable. Russel Marker (né en 1902), un chercheur américain marginal et brillant, réussit, en 1943, à synthétiser la progestérone d'une manière bien plus payante que ses prédécesseurs : à partir d'une matière première bon marché, la diosgénine, contenue dans les tubercules d'ignames mexicains.

En 1951, des chimistes de Syntex, le laboratoire qu'il a fondé à Mexico, obtiennent mieux, sous la direction de l'Américain Carl Djerassi (né en 1923) : une progestérone active par voie orale et non plus par injection, destinée à régulariser les cycles menstruels.

Deux ans plus tard, Frank Colton, chercheur au laboratoire américain Searle, dépose un brevet pour un progestatif de synthèse quasi identique.

Min Chueh Chang (1909-1991), un collaborateur de Pincus, teste les propriétés antiovulatoires de ces substances – et d'autres – sur des lapines. Mais c'est à partir de la rencontre de Pincus avec John Rock (1890-1984), en 1952, que les choses avancèrent considérablement.

Ce dernier, un gynécologue de Boston, savait déjà bloquer l'ovulation de ses patientes en leur injectant de la progestérone et des œstrogènes.

En simulant ainsi dans l'organisme une situation de grossesse, il cherchait non pas à stopper leur fertilité mais, au contraire, à provoquer une grossesse après le traitement, par effet de "rebond".

Membre des meilleurs clubs, médecin de renom, proche de la cause féminine, catholique pratiquant, Rock était l'associé idéal pour convaincre les opposants à la contraception. Les essais menés à Porto Rico, grâce à la directrice du Planning familial local, le docteur Edris Rice-Wray, et au médecin CelsoRamon Garcia, furent couronnés de succès.

Ne tombèrent enceintes que les femmes qui avaient cessé d'elles-mêmes le traitement. Pincus et ses collaborateurs avaient donc trouvé un contraceptif efficace et réversible.

Ils remarquèrent rapidement que les pilules contenant accidentellement de l'œstrogène, utilisé lors de la fabrication, provoquaient moins d'effets secondaires.

Ils élaborèrent donc une formule combinée – qui constitue la majeure partie des pilules actuelles.

C'est avec le laboratoire Searle que Pincus s'allia pour commercialiser en 1958 la première pilule contraceptive, Enovid.

Deux ans plus tard, Syntex mettait sur le marché la seconde, Ortho-. »

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