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Science et technique

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« Termes du sujet: SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace.

Corps d e connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience. TECHNIQUE Tout ensemble de procédés pour produire un résultat utile.

La technique moderne s'appuie sur la science; mais elle s'en distingue puisque la science est un effort pour expliquer ce qui existe tandis que la technique cherche à produire ce qu'on souhaite qui soit — qui n'est pas. La technique peut se définir comme un vouloir, incarné en un pouvoir par l'intermédiaire d'un savoir. Comme adjectif: par opposition à esthétique, qui concerne des procédés susceptibles d'être développés et transmis, et non des dons ou capacités innées. L'opinion commune confond généralement la science et la technique : ainsi prend-elle la médecine (une technique) pour une science et inversement la physique (une science) pour une technique.

Cette confusion s'explique aisément : jamais dans le p a s s é ces deux domaines n'ont été autant impliqués l'un dans l'autre.

Leur distinction reste malgré tout philosophiquement indispensable. 1.

LA DISTINCTION DE LA SCIENCE ET DE LA TECHNIQUE La science est un ensemble d'énoncés, la technique, un ensemble de moyens et d'objets.

La première est théorique, elle fait partie du monde symbolique des mots et des idées, la seconde est pratique, elle fait partie du monde réel des actions et des choses. La science et la technique se distinguent par leur finalité : la première vise la connaissance tandis que la seconde est au service des besoins de l'existence.

Même si l'idée d'une science désintéressée peut paraître illusoire (rien ne saurait, dans l'absolu, être « désintéressé »), il n'en reste pas moins vrai que la démonstration du théorème de Goldbach, la recherche de la masse du neutrino ou l'étude du comportement des kangourous ne sont pas de nature à bouleverser nos vies.

Une science « gratuite » est possible, une technique « gratuite » serait un non-sens. 2.

LA TECHNIQUE PRIME-T-ELLE SUR LA SCIENCE, OU L'INVERSE ? A - La primauté de la technique Il n'y a pas de symétrie entre la science et la technique.

Les dualités théorie et pratique, connaissance et action ne doivent pas nous induire en erreur. La primauté de la technique se signale d'abord par son antériorité chronologique.

Le premier outil précède de plus d'un million d'années le premier théorème.

De fait, alors qu'une société sans science est possible (les sociétés anciennes et traditionnelles ont ignoré ce mode spécifique de savoir), une société humaine sans technique est inenvisageable. La satisfaction des besoins possède une urgence que la recherche de la vérité n'a pas.

Ainsi toutes les sociétés, toutes les cultures ont développé des techniques efficaces, dans tous les domaines, sans connaître par concepts les mécanismes qu'elles mettaient en jeu.

Les Polynésiens ont construit des longues barques sans savoir ce qu'est un tirant d'eau ni connaître le régime des vents, et les tonneliers gaulois eussent été bien incapables de calculer le volume de leurs tonneaux. D'une manière générale, l'outil, la machine, l'appareil sont construits avant que l'on ne comprenne le pourquoi de leur fonctionnement.

La thermodynamique est postérieure à la construction de la première machine à vapeur, et inversement on a fabriqué des piles avant de comprendre scientifiquement le mécanisme de l'électricité. B - La primauté de la science La science est loin de dériver toujours de la technique.

Au contraire ! Les travaux des Grecs sur les sections coniques ( paraboles, hyperboles, cercles, ellipses) ont trouvé beaucoup plus tard leur application dans le domaine de l'optique. S'il existe, de nos jours, dans le monde, tant de laboratoires de recherche fondam entale, c'est bien parce que les travaux théoriques qui y sont développés n'ont pas encore reçu leur application technique.

Une technique primitive pouvait être trouvée « par hasard » — on ne fabrique pas une télévision par hasard. 3.

L'INTERACTION DE LA SCIENCE ET DE LA TECHNIQUE Relions les deux relations précédentes : la science dérive de la technique, la science détermine la technique.

Nous avons alors affaire à une véritable synergie, caractéristique de notre monde : la science détermine la technique qui la détermine, la technique détermine la science qui la détermine.

La géométrie s'applique dans l'optique, qui va fabriquer des microscopes, qui vont permettre la découverte des cellules : une découverte (scientifique) est à la fois en amont et en aval d'une invention (technique). C'est pour traduire cette véritable dialectique de la science et de la technique que le néologisme de technoscience (on dit également : les technosciences, au pluriel), a été inventé.

Conceptuellement la science et la techniqué restent distincts ; dans le réel, si l'on excepte les travaux les plus abstraits de mathématiques pures, il n'est plus guère possible de conserver l'opposition conceptuelle entre les deux. « Science, d'où prévoyance; prévoyance, d'où action : telle est la formule très simple qui exprime, d'une manière exacte, la relation générale de la science et de l'art.

» Comte, Cours de philosophie positive, 1830. L'art doit être ici entendu au sens général de technique.

La connaissance des lois de ta nature, dit ici Comte, nous permet de prévoir les phénomènes naturels et ainsi de les modifier à notre avantage. « Historiquement, la technique a précédé la science, l'homme primitif a connu des techniques.

» Jacques Ellul, La Technique ou l'Enjeu du siècle, 1954. « L'inventeur de l'arc n'avait aucune idée de la pesanteur, ni de la trajectoire.

Cela conduit à juger que la technique, quoique réglée sur l'expérience, et fidèlement transmise de maître en apprenti, n'a pas conduit toute seule à la science.

» Alain, Propos du 28 février 1931.. »

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