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Sachant ce qu'est le bien, peut-on faire le mal ?

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« [Introduction] L'homme est-il capable, alors qu'il a conscience que son action aura des conséquences mauvaises, de choisir de la faire quand même ? L'homme peut-il être volontairement méchant ? Cette question suppose que l'homme a le choix, donc qu'il est libre.

Avant tout, il va falloir définir les termes. [I – Seul l'homme est capable de faire le bien et le mal] Le bien et le mal relèvent de la morale. Le mal représente tout ce contre quoi l'homme doit lutter pour ne pas être malheureux : la violence, la faute, le péché, et pour ne pas non plus nuire à autrui.

En effet, Freud pense que l'homme est naturellement agressif et qu'il n'est pas bon.

Cette agressivité inhérente à la nature de l'homme constitue une menace permanente pour la vie sociale.

« Cette tendance à l'agression [...] constitue le facteur principal de perturbation dans nos rapports avec notre prochain ; c'est elle qui impose à la civilisation tant d'efforts », écrit-il dans Malaise dans la civilisation. "L'homme n'est point cet être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour, dont on dit qu'il se défend quand on l'attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité.

Pour lui, par conséquent, le prochain n'est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation.

L'homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utiliser sexuellement sans son consentement, de s'approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer.

Homo homini lupus : qui aurait le courage, en face de tous les enseignements de la vie et de l'histoire, de s'inscrire en faux contre cet adage ? Cette tendance à l'agression, que nous pouvons déceler en nousmêmes et dont nous supposons à bon droit l'existence chez autrui, constitue le principal facteur de perturbation dans nos rapports avec notre prochain.

C'est elle qui impose à la civilisation tant d'efforts.

Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine." Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation (1929), P.U.F. Ces lignes, extraites de Malaise dans la civilisation, tentent de répondre aux questions suivantes : quelle est la source de la violence que l'homme, dans sa vie ordinaire comme dans son histoire, n'a cessé de manifester ? Cette violence lui est-elle naturelle ou provient-elle de causes purement culturelles, clairement identifiables et contraires à sa nature ? Ce questionnement doit être replacé dans son contexte.

Freud affirme avoir été frappé par le déchaînement de violence qui s'est produit, au niveau mondial, pendant la guerre de 1914-1918, et c'est le choc que causa en lui l'ampleur de cette guerre qui l'amena à s'interroger sur la source de l'agressivité humaine.

La thèse qu'il défend ici cherche à dénoncer un mythe, celui de l'homme naturellement bon, de ce prétendu « être débonnaire, au coeur assoiffé d'amour », idée que répandit en particulier Rousseau au XVIII siècle. Pour Freud, la violence est une donnée naturelle et «première», active et non réactive, une conduite qui puise sa source dans les instincts de l'homme.

C'est pourquoi elle peut être rangée au rang de ses besoins, comme l'atteste l'expression « besoin d'agression ».

Quelles preuves peut-on donner de cela ? Il suffit de constater ce que nous enseignent les crimes entre individus, comme ceux commis entre les peuples. Le « prochain », c'est-à-dire l'autre qui partage avec moi la vie en société, n'est pas seulement celui dont l'entraide et la coopération permettent, grâce à la division du travail, l'émergence d'une société complexe et organisée suscitant l'éclosion de tous les fruits de la vie civilisée.

La philosophie a trop insisté sur la valeur d'« auxiliaire », c'est-à-dire d'aide, que chaque homme représente pour tous les autres.

Elle a trop insisté aussi sur le fait que les hommes et les femmes, comme objets sexuels possibles, sont la condition de la reproduction de l'espèce. En réalité, la principale fonction ou signification d'autrui est d'être un objet de tentation, une cible sur laquelle je vais être tenté de « défouler » mes pulsions agressives.

C'est donc bien autrui qui me permettra d'avoir cette forme de jouissance qui naît lorsqu'un besoin est satisfait, et ce besoin particulier, Freud l'a nommé «besoin d'agression». C'est pourquoi la thèse soutenue par ce texte tient principalement en ces lignes : «l'homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain».

De cet enseignement, la sagesse antique a même tiré un proverbe que le philosophe anglais Thomas Hobbes rappela au XVII siècle dans son ouvrage Du citoyen : « Homo homini lupus » (l'homme est un loup pour l'homme). Le bien est alors ce que la raison m'ordonne de faire pour bien vivre et respecter autrui.

Pour reprendre la vision freudienne, ce sont la réflexion et les règles morales de la société qui obligent les hommes à limiter leur agressivité pour vivre ensemble au prix d'inhibitions, de névroses parfois, et même si la civilisation ne parvient jamais à faire disparaître les tendances instinctives de l'homme.

Vivre selon le bien signifie agir moralement : cela n'implique pas. »

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