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Rousseau et l'histoire

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Pour connaître les hommes, il faut les voir agir. Dans le monde on les entend parler; ils montrent leurs discours et cachent leurs actions: mais dans l'histoire elles sont dévoilées, et on les juge sur les faits. Leurs propos mêmes aident à les apprécier; car, comparant ce qu'ils font à ce qu'ils disent, on voit à la fois ce qu'ils sont et ce qu'ils veulent paraître : plus ils se déguisent, mieux on les connaît. Malheureusement cette étude a ses dangers, ses inconvénients de plus d'une espèce. Il est difficile de se mettre dans un point de vue' d'où l'on puisse juger ses semblables avec équité. Un des grands vices de l'histoire est qu'elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par les bons ; comme elle n'est intéressante que par les révolutions, les catastrophes, tant qu'un peuple croît et prospère dans le calme d'un paisible gouvernement, elle n'en dit rien ; elle ne commence à en parler que quand, ne pouvant plus se suffire à lui-même, il prend part aux affaires de ses voisins, ou les laisse prendre part aux siennes; elle ne l'illustre que quand il est déjà sur son déclin : toutes nos histoires commencent où elles devraient finir. ROUSSEAU

« Pour connaître les hommes, il faut les voir agir.

Dans le monde on les entend parler; ils montrent leurs discours et cachent leurs actions: mais dans l'histoire elles sont dévoilées, et on les juge sur les faits.

Leurs propos mêmes aident à les apprécier; car, comparant ce qu'ils font à ce qu'ils disent, on voit à la fois ce qu'ils sont et ce qu'ils veulent paraître : plus ils se déguisent, mieux on les connaît. Malheureusement cette étude a ses dangers, ses inconvénients de plus d'une espèce.

Il est difficile de se mettre dans un point de vue' d'où l'on puisse juger ses semblables avec équité.

Un des grands vices de l'histoire est qu'elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par les bons ; comme elle n'est intéressante que par les révolutions, les catastrophes, tant qu'un peuple croît et prospère dans le calme d'un paisible gouvernement, elle n'en dit rien ; elle ne commence à en parler que quand, ne pouvant plus se suffire à lui-même, il prend part aux affaires de ses voisins, ou les laisse prendre part aux siennes; elle ne l'illustre que quand il est déjà sur son déclin : toutes nos histoires commencent où elles devraient finir.

ROUSSEAU QUESTIONS 1.

Dégager l'idée générale du texte et les étapes de son argumentation. 2.

Expliquer: a.

« Pour connaître les hommes, il faut les voir agir ». b.

« Il est difficile de se mettre dans un point de vue d'où l'on puisse juger ses semblables avec équité ». c.

« Un des grands vices de l'histoire est qu'elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par les bons ». 3.

L'histoire nous conduit-elle à désespérer des hommes ? QUESTION 1 • Il n'est d'histoire que de ce qui change.

C'est pourquoi seul l'homme a une histoire – les lois de la nature ne changent pas, ni l'instinct des animaux.

L'histoire de l'homme est donc l'histoire de l'homme en société – car l'homme seul, à l'état de nature, est atemporel –, et les projecteurs de l'histoire éclairent principalement les bouleversements, les ruptures, les révolutions.

Ainsi, la violence semble inhérente à l'histoire de l'humanité puisque c'est par l'histoire de la violence, de la guerre, que nous connaissons le développement des hommes au cours du temps.

On pourrait croire que plus l'homme progresse, plus il devrait se perfectionner.

Mais sa capacité à évoluer, sa perfectibilité qui l'a fait sortir de l'état de nature, n'est pas synonyme de progrès moral. C'est pourquoi « toutes nos histoires commencent où elles devraient finir ». • Rousseau commence par affirmer que, pour comprendre les hommes, il faut les situer historiquement.

En effet, l'histoire révèle le sens véritable des actions cachées des hommes.

Cependant, étudier l'histoire humaine, c'est malheureusement étudier l'histoire de la violence, du mal, d'abord parce qu'on ne s'intéresse qu'aux aspects sombres de l'évolution des hommes, mais surtout parce que l'histoire elle-même débute au moment où l'homme « tombe » dans l'état civil, perd son innocence naturelle pour devenir un être civilisé.

La société humaine ne semble montrer « que la violence des hommes puissants et l'oppression des faibles ». • Cette vision pessimiste nous fait oublier qu'une autre façon de vivre en société est possible, car l'homme est naturellement bon.

La violence ne devrait pas faire partie de l'histoire humaine qui commence pourtant avec la violence: n'oublions pas que «L'homme est né libre, et partout il est dans les fers» est la première phrase du premier chapitre du Contrat social.

Au moment où l'homme passe de l'état de nature à l'état civil, «la voix du devoir» et le droit naturel le guident: il est «forcé d'agir sur d'autres principes et de consulter sa raison avant d'écouter ses penchants ».

On pourrait donc penser que ce qui fait entrer l'homme dans l'histoire, sa raison, sa liberté, son sens moral, abolirait toute violence.

Mais l'histoire de l'humanité commence avec la fin de son innocence. QUESTION 2 a.

« Pour connaître les hommes, il faut les voir agir » La manière d'agir et de gouverner nous renseigne davantage sur les hommes que toutes les paroles qu'ils peuvent prononcer ou écrire.

Nous entrons dans l'histoire lorsque la stabilité de l'état de nature est rompue. L'histoire raconte le passé des hommes, leurs faits et gestes.

Elle révèle ce qui, à l'époque, pouvait être dissimulé, secret.

Dès qu'il y a société, il y a mensonge, soit par omission, soit par déguisement.

En comparant les documents, on peut, avec le recul, comprendre les causes et les conséquences des guerres, par exemple. On distingue alors ce que sont les hommes en réalité, les gouvernants, les princes, et ce qu'ils ont voulu paraître, ce qu'ils ont promis et ce qu'ils ont réellement fait, leur fidélité ou leur traîtrise.

D'ailleurs, plus les hommes essaient de travestir leurs actions, plus leur déguisement saute aux yeux.

La distinction entre. »

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