Aide en Philo

Respect et tolérance sont-ils synonymes ?

Extrait du document

« Le respect et la tolérance sont deux valeurs qui ont court dans le domaine moral.

Ces deux notions impliquent une certaine attitude vis-à-vis d'autrui.

Pour autant, le terme « synonyme » renvoie à des mots de forme différente mais de sens identique.

Il s'agit ici de savoir si les deux mots renvoient à une même réalité et si on peut les substituer dans une même situation sans différence notable dans l'énoncé.

Or, il apparaît si on compare les origines étymologiques des nuances apparaissent.

Ainsi, « tolérance » vient du mot latin tolerantia qui désigne une constance, une capacité à supporter.

Elle se veut dans le champ moral un principe d'égale liberté et dignité qui nous exige de ne pas contraindre une opinion contraire à la mienne.

Le respect vient du latin respectus « considération » ; « égard » et désigne plutôt l'action de prendre en considération quelque chose ou quelqu'un, de lui attribuer une valeur qui nous incite à ne pas agir contre la personne que l'on respecte.

Les deux attitudes semblent avoir un même effet dans notre relation à autrui : nous ne pouvons pas lui faire de mal, même si son opinion n'est pas la même.

Pourtant, les étymologies ne renvoient pas à deux mentalités différentes : dans le respect, nous donnons une valeur à la pensée de l'autre alors que dans la tolérance, nous la supportons tout en remettant en cause sa valeur.

Enfin, tolérance et respect ne s'impliquent-ils pas ? Respect et tolérance renvoient à une attitude de bienveillance envers autrui - Les mots « respect » et « tolérance » renvoie de prime abord à un sens commun.

En effet, ils impliquent une attitude commune, celle de ne pas contraindre l'autre, de ne pas le persécuter parce qu'il pense différemment que moi. Ainsi la notion de tolérance est essentiellement une notion politique qui s'est développée dans le monde intellectuel européen à la fin du XVII et au XVIIIème siècle.

Elle intervient à une époque où de graves guerres civiles et religieuses sévissaient en Europe.

Elle se fonde sur un principe de raison qui consiste à reconnaître à l'autre le droit d'exposer ses opinions, même si celles-ci sont contraires aux miennes ou à celles dominantes.

L'attitude tolérante se justifie par le caractère fini, dont parlait déjà Bayle, de la connaissance humaine : pour le philosophe, il nous est impossible de connaître la vérité, ni d'en déterminer les critères absolus.

De ce fait, il est nécessaire d'affirmer l'égalité de valeurs entre toutes les opinions.

La tolérance consiste à ne pas porter atteindre et à reconnaître le droit inaliénable de l'individu à penser conformément à ses propres convictions parce qu'il n'y a pas en effet de vérité, ou de principe transcendant absolu.

Toutes les opinions se valent et tout le monde a le droit de les exprimer. L'état lui-même, comme l'affirmait Locke dans Lettre sur la tolérance, se doit de ne pas contraindre les individus et ne doit pas les juger selon leurs opinions. - Le respect dans ses effets nous l'avons dit consiste à reconnaître la dignité de chaque être humain et de le considérer comme une fin et non un moyen( c'est-à-dire de ne pas vouloir s'en servir pour un but intéresser).

Telle est la différence entre les objets et les personnes.

Je peux utiliser un objet, car il n'est pour moi qu'un moyen d'agir mais je ne peux user d'autrui comme d'un objet.

Ce refus de dominer l'autre, de l'asservir est ce qui constitue selon Kant le respect.

Il s'agit donc reconnaître dans chaque homme l'existence de la raison qui lui donne la dignité. Comme nous l'avons dit en introduction, dans le respect, nous reconnaissons la valeur d'autrui et cette reconnaissance nous incline à ne pas lui porter atteinte. - Les deux notions dès lors sont issues des principes de la raison.

La tolérance vient de l'impossibilité de reconnaître une supériorité de vérité et de l'égalité de valeur des opinions et le respect vient de la reconnaissance en la dignité d'autrui.

Kant le faisait découler de la loi morale définie par la seule raison : « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen.

»( La métaphysique des mœurs) Le respect implique un partage de valeur alors que la tolérance sous-entend une domination - Nous l'avons dit la tolérance traduit son attitude comme étant le respect d'autrui : or tout respect suppose une égalité alors que la tolérance sous entend la supériorité et donc l'inégalité de celui qui veut bien consentir à supporter.

On peut ainsi tolérer les immigrés, cela veut alors dire que l'on est en position d'autorité et de pouvoir. Elle apparaît alors plutôt comme l'affirme Sartre dans L'être et le néant, comme la négation de la liberté de l'autre, puisqu'à travers une telle attitude, je fais de ma liberté la condition de la sienne.

En effet, en disant que je tolère quelque chose, cela veut dire que je pourrais ne pas le tolérer, ne pas l'accepter.

Ainsi, en disant que je tolère la présence des immigrés, je leur accorde le droit d'être là, mais cette présence dépend de moi, je peux très bien aussi les attaquer et les mettre dehors.

Le dictionnaire des trésors de la langue française définit ainsi la tolérance : « fait d'admettre avec une certaine passivité, avec condescendance parfois, ce qu'on aurait le pouvoir d'interdire, le droit d'empêcher.

» « A vrai dire, la tolérance ne devrait être qu'une attitude temporaire : elle doit conduire à la reconnaissance.

Souffrir autrui, c'est l'outrager »( Goethe, Maximes et réflexions)[ souffrir ici renvoie au terme « supporter » selon l'étymologie du mot) - Alors que le respect renvoie à un certain partage de valeurs, je respecte autrui quand j'accorde de la valeur à sa vie, à ses pensées et que je partage ainsi certaines choses en commun avec lui, la tolérance elle, renvoie à un jugement de valeur et donc un écart entre les hommes.

Dans son étymologie, nous avons vu que tolerare renvoie à supporter et se terme renvoie à la capacité d'endurer un mal sans réagir.

On parle par exemple de la tolérance à une douleur.

Ainsi, la notion de tolérance est associée aux notions de bien et de mal.

Elle se définit donc par la capacité à tolérer quelque chose, certaines idées que je juges comme mauvaises.

Je tolère par exemple les idées racistes, par application du droit de libre expression, mais je peux ne pas les respecter, je ne leur accorde aucune valeur qui me rattache à elles. - On peut donc dire que la tolérance et le respect diffèrent par leur reconnaissance de l'autre.

Dans la tolérance, je. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles