Religion et politique ?
Extrait du document
«
Magie, religion et manipulation des foules
Très tôt, certains ont voulu voir dans la religion un instrument de domination, voire d'asservissement des
esprits.
Le traité hippocratique De la Maladie sacrée (ve siècle av.
J.-C.) vitupère «les mages, les expiateurs,
les charlatans, les imposteurs» : ces gens, déclare le rédacteur de ce traité médical, ne considèrent l'épilepsie
ni comme sacrée ni comme divine et font preuve d'«impiété» plutôt que de «piété» en prétendant pouvoir
chasser l'affection par des purifications et autres tours de magie.
La peur a fait les dieux
«L'ignorance et la peur, [...] voilà les deux bases de toutes les religions», écrit Sade (La Philosophie dans le
boudoir, 1795).
C'est là reprendre, après bien d'autres, une formule du poète latin Stace, que la critique antireligieuse a citée fort abondamment : «La peur a fait les dieux».
– «La doctrine de l'immortalité», répète
Feuerbach (L'Essence du christianisme, 1841), «est la doctrine finale de la religion.
[...] Et l'apôtre a déjà
exprimé cette conclusion.
Si nous ne ressuscitons pas, le Christ n'est pas ressuscité, et tout n'est que néant».
Il faut que Dieu existe pour que nous puissions espérer l'immortalité.
La religion comme technique de contrôle social
Un passage de Critias le Sophiste (Ve siècle av.
J.-C.), dans lequel il est dit qu'«un homme à la pensée
astucieuse et sage inventa la crainte des dieux», afin de commander non seulement aux actions extérieures
que l'on voit, mais aussi aux principes intérieurs des actions – que l'on ne voit pas, tend à réduire la religion à
un simple instrument de contrôle social.
«Un homme à la pensée astucieuse et sage
Inventa la crainte < des dieux > pour les mortels,
Afin que les méchants ne cessassent de craindre
D'avoir compte à rendre de ce qu'ils auraient fait,
Dit, ou encor pensé, même dans le secret :
Aussi introduit-il la pensée du divin» (fragment B 25).
Ce genre d'attaque sera particulièrement prisé au XVIII e siècle, par certains philosophes des Lumières, tel
d'Holbach (1723-1789), considéreront que la religion est «le plus grand ressort d'une politique injuste et lâche,
qui a cru qu'il fallait tromper les hommes pour les gouverner plus aisément» (d'Holbach, Le Christianisme
dévoilé, 1766) •.
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