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Qui parle quand je dis "je" ?

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« Problématique. Parler semble être toujours un acte singulier et à la première personne.

Parler à la première personne, c'est exprimer un contenu de conscience qui nous est propre.

Or, le sujet conscient de lui n'accède pas à tous ses contenus psychiques inconscients.

Avec cette hypothèse de l'existence d'un inconscient psychique, le sujet se trouverait donc comme déposséder de sa propre parole, comme expulsé de son propre "moi".

Un roi nu, sans sceptre...

"Je est un autre" disait déjà Rimbaud.

D'où la nécessité pour le sujet de se réapproprier son propre discours.

La parole authentique étant celle qui exprime la totalité d'une personnalité, à la condition d'admettre une unité du moi... recréée, recomposée... Introduction Chacun de nous parle de lui-même en employant le « je », et fait comme si ce pronom renvoyait bien toujours à la même personne, à une « identité » stable et identifiable.

L'énoncé remet en question cette habitude de pensée et de langage.

Un pro-nom, comme son nom l'indique, s'utilise à la place d'un nom : ce référent remplacé n'est-il pas finalement indéterminé ? Son existence n'est-elle pas constamment supposée, éprouvée plutôt que prouvée ? Le sujet grammatical correspond-il vraiment à un sujet psychologique ? Ainsi centré, l'énoncé pose implicitement la question de savoir si l'identité existe vraiment (comme référent du « je ») ou si elle n'est qu'un mythe posé par nos habitudes de langage.

Le sujet, réalité substantielle unifiée ou fiction langagière éclatée ? Lignes directrices I.

L'unité pleine : c'est moi qui parle, et ce moi existe. Le moi permanent et substantiel du rationalisme.

Ce socle peut être analysé avec le recul critique de Kant comme une conquête langagière.

Passer du il au je, c'est identifier la variété de nos états à un même référent, le sujet.

La prise de conscience (au sens de la conscience réfléchie) est un acte de langage. 2.

L'unité remise en cause : celui qui parle est toujours moi, mais à chaque fois un nouveau locuteur. Le moi discontinu des empiristes n'est plus vraiment le sujet substantiel.

Du coup, est-il encore légitime de renvoyer à tous ces états à partir du même pronom ? Hume montre bien que non, en substituant au moi l'expression « ce que j'appelle moi ».

Le soupçon porte ici sur le « moi » comme abus de langage. 3.

L'unité éclatée : ça pense et ça parle en moi. Nietzsche ira plus loin dans cette voie du soupçon : pour lui, la relation du « je » sujet du verbe pense au sujet psychologique substantiel relève de la supercherie grammaticale.

Il y a bien de la pensée mais dire que c'est moi qui pense, c'est postuler un sujet permanent là où il n'y est pas.

Qui parle alors en moi quand je dis je ? Répondre : le surmoi freudien, c'est encore postuler un sujet... Introduction : Comment cette question peut-elle bien poser problème? Ne contient-elle pas elle-même sa réponse? Quand je dis « Je », c'est tout simplement « je »qui parle.

Ou, pour formuler une phrase un peu plus correcte, c'est moi qui parle.

« Je »,ce n'est donc rien d'autre que l'expression du moi.

Lorsque nous nous référons à notre personnalité, notre identité, nous employons le pronom de la première personne du singulier.

Or, cette personnalité est-elle définitivement établie ? Car, rappelons-le avec Héraclite, nous sommes plongés dans le devenir, tout ce qui est autour de nous s'écoule de la même façon que notre existence : « Nous ne pouvons descendre deux fois dans le même fleuve.

» Nous ne sommes donc jamais les mêmes : « je » n'étais pas le même à cinq ans qu'à vingt ans...Il s'avère donc que ce « Je » peut très bien se référer à des personnes différentes selon le moment où il est prononcé.

Pourtant, même si « je » n'étais pas le même à cinq ans qu'à vingt ans , je suis toujours la même personne.

Que ce soit pour manifester un désir, une volonté ou une opinion, j'utilise le « je » pour poser que ce désir, cette volonté ou cette opinion sont formulés par l'individu que je suis, par Moi.

Le Moi est donc garant d'une unité, tout en étant plongé dans le devenir, dans ce qui n'est jamais identique.

Il est une permanence au-delà de l'écoulement continu de nos expériences.

Seulement, cet « au-delà » attribué au Moi ne serait-il pas une pure et simple illusion de la conscience? Peut-être le Moi est-il lui aussi déterminé par autre chose que lui-même, au point que l'emploi du « Je »ne renverrai pas seulement à une identité constituée d'un Moi.

Dès lors, la question se pose clairement à nous: quelle est la nature de ce moi qui assure une permanence à mes états changeants et qui semble s'exprimer dans le Je ? I/ Par le « je », nous nous saisissons pleinement comme sujets. En employant le pronom « je », il nous semble d'abord que nous affirmons la présence du Moi.

Si « je » veux manger , par exemple, c'est moi qui veut cela.

Or, comment définir ce terme? Le plus correct serait de dire que le « moi » est ce qui permet à un individu de rester le même à travers les différents changements auxquels son existence l'expose.

Le moi serait donc cette unité indivisible qui donne à chaque personne le statut d'un être singulier.

Chaque individu de l'espèce humaine est donc un individu spécifique en ce que le moi lui donne un statut irréductible qui ne peut être considéré comme remplaçable.

De la même façon, tout autre personne est considérée également dans sa singularité.

Cependant, le fait que toute personne soit une fin en soi (qu'elle ne puisse être réduite à un moyen) reste une spécificité de l'espèce humaine.

De fait, si nous pouvons bien distinguer chez les autres animaux des individus empiriques, nous ne pouvons les considérer comme des personnes, des individus ayant une fin en soi.

Dès lors, que nous annonce cette différence entre l'homme et l'animal, cette présence du Moi ? Nous. »

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