Qui était rené GIRARD ?
Extrait du document
«
Critique littéraire et sociologue qui réalisa la majeure partie de sa carrière aux Etats-Unis.
Il renouvela la critique littéraire en y introduisant les acquis de l'anthropologie.
Sa théorie des religions repose sur la
notion de victime émissaire sacrifiée par l'ensemble du groupe.
La religion perpétuerait ce geste tout en le cachant.
Son oeuvre sera révélée par Jean-Marie Domenach et Michel Serres.
Quelques oeuvres
- sa thèse de l'Ecole des chartes : la Vie privée à Avignon dans la seconde moitié du XVe siècle (1943) ;
- Mensonge romantique et vérité romanesque (1961) ;
- la Violence et le sacré (1972).
Les œuvres de René Girard, philosophe français diplômé de l'École des chartes et expatrié depuis 1947 aux EtatsUnis — où il enseigne —, ont déjà fait couler beaucoup d'encre ; et ce n'est sans doute pas fini ! Cet auteur peut se
vanter d'avoir été à l'origine d'un « scandale René Girard » en publiant, en 1978, son livre Des choses cachées
depuis la fondation du monde.
Mais en quoi bouleverse-t-il le paysage intellectuel français? Pourquoi dérange-t-il à
ce point ? Pour quelle raison laisse-t-il coi à son sujet la plupart de nos grands philosophes ? C'est que, comme il le
dit lui-même, sa thèse « fonctionne » parfaitement !
A l'origine, il y a chez René Girard comme chez Lévi-Strauss une même réaction contre un rationalisme positiviste qui
rejette sans merci la pensée religieuse dans le magma informe du prélogique, du primitif et de l'inintelligible.
Mais si
cette pensée révèle dans les analyses de Lévi-Strauss une logique rigoureuse qui véhicule des structures, elle est
interprétée par Girard comme fondatrice de la paix sociale, principe premier de la cohésion de toute communauté.
Les situations de désir sont toujours des situations de rivalité autour d'un même objet.
« Le sujet désire l'objet
parce que le rival lui-même le désire », écrit René Girard dans La violence et le sacré, 1972.
Le désir serait donc par
nature mimétique, sans cesse à la recherche d'un modèle, source de jalousie, de concupiscence et de convoitise.
Or
la concurrence effrénée à laquelle se livrent les hommes pour la possession des mêmes objets engendre
nécessairement conflits et violence.
Il n'est nul doute que nos sociétés à leurs débuts furent confrontées à ce
débordement de violence sans fin.
L'hypothèse de Girard est la suivante : pour précisément mettre un terme à ce déchaînement de violence, il a fallu
en quelque sorte la détourner une fois pour toutes sur une victime unique, un bouc émissaire.
Il s'agit du sacrifice,
du « meurtre fondateur» de la Cité, qui crée la cohésion du groupe en canalisant le désir mimétique de chacun de
ses membres sur un adversaire symbolique.
Ces « choses cachées depuis la fondation du monde , ce sont ces faits
de violence inavouables et oubliés des consciences, mais qu'expriment encore aujourd'hui les mythes et toutes les
voix du sacré.
René Girard, plein d'assurance, n'épargne pas nos anciennes idoles — Marx, Nietzsche et Freud — qui, selon lui,
n'ont pas su voir que la violence donnait ainsi le jour au sacré, qui lui-même ne suscite des victimes que pour
garantir la paix sociale.
Plein d'assurance également, il prétend à son tour (c'est-à-dire après Lévi-Strauss) fonder
une nouvelle anthropologie à partir du rôle que joue ce désir d'imitation (mimesis) essentiel entre les hommes,
puisqu'il détermine toutes leurs relations.
Mais dans Le bouc émissaire, 1982, René Girard observe qu'un seul de ces « meurtres fondateurs » nous est parvenu
intact : le sacrifice du Christ, révélé par le Nouveau Testament, en lequel il voit le texte le plus subversif de
l'histoire.
La Passion du Christ, victime innocente, rompt le cercle vicieux violence/sacrifice et rend possible l'amour
pour les siècles à venir.
La charité évangélique devra succéder à la fureur mimétique.
Désormais en effet, nous
n'avons plus de choix qu'entre aimer ou périr.
On laissera le lecteur seul juge de la réalité d'un tel dilemme..
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