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Qu'est-ce qu'une idée ?

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« Vocabulaire: IDÉE: Parfois synonyme de représentation mentale, parfois de concept (idée générale et abstraite); dans le platonisme, et avec un I majuscule, les Idées sont les modèles des choses, existant en soi, que l'âme contemplait avant son incarnation.

Nous fabriquons les concepts, nous contemplons les Idées. Du grec idein, « voir ».

L'idée est ce par quoi la pensée unifie le réel.

La question de l'origine et de la nature des idées divise les philosophes.

Descartes soutient que nous avons en nous des idées innées, alors que Hume leur attribue une origine empirique. Il faut distinguer, chez Kant, l'idée du concept : l'idée, produite par la raison, est un principe d'unification du réel supérieur au concept, produit par l'entendement. Lorsqu'on cherche une solution sans savoir de quel côté se tourner, après avoir essayé vainement de suivre les routes connues qui, en l'occurrence ne sont que des impasses, on aperçoit parfois tout à coup comme une voie ouverte dans la direction du but que l'on se proposait.

Alors il arrive que le chercheur s'écrie : « J'ai une idée ! ».

Et ceux à qui il communique ainsi son espoir, sinon sa certitude, attendent avec quelque intérêt ce qui va s'en suivre. S'agit-il vraiment d'une solution; est-elle utilisable; à quelles conditions ? D'une façon plus curieuse encore on pourrait ajouter : Comment a-t-elle été trouvée; en quoi vraiment représente-t-elle une idée ? — C'est qu'on emploie le mot en des circonstances bien différentes.

Il y a, par exemple, des idées philosophiques, musicales, pratiques — et elles n'impliquent pas nécessairement la découverte soudaine, précédée d'une recherche plus ou moins angoissée.

Nous vivons, en effet, au milieu des idées : les mots les portent, la rencontre de deux termes en fait surgir de nouvelles, ainsi que le rapprochement entre des objets que le hasard d'un champ de perception met en présence.

On parle encore d'associations d'idées — par ressemblance, contraste, contiguïté — et nous savons, en tout cas, que le raisonnement et toute activité dialectique les utilisent et les font naître au cours de la démarche même d'une pensée méthodique.

« Les idées expérimentales ne sont point innées », écrit Claude Bernard.

Mais nous avons le sentiment qu'il en est ainsi de toute idée : la lecture, l'éducation, la participation à la vie de société — comme le travail et les formes diverses de la vie intérieure — suggèrent des idées, s'appuient sur elles, les nourrissent et leur donnent à nos yeux valeur ou de principe ou d'instrument. Pourtant ce sont parfois des acquisitions, parfois l'expression même d'un savoir commun dont on reporte l'origine aux antécédents de la société, à une vie antérieure de l'humanité, à la structure même de l'homme.

Mais on ne va guère plus loin à la recherche des façons dont les idées naissent et meurent, se forment, se transforment, se déforment; et l'on finit par confondre sens commun et bon sens, comme quelque bien collectif où l'on puise des idées qui, de tous et à tous, serviraient à créer et nuancer de nouvelles idées.

« Ce n'est non plus selon Platon que selon moi, écrit Montaigne, puisque lui et moi jugeons et pensons de même »...

De quelqu'un qui présente des paradoxes ou des idées, comme on dit originales, on se demande : — « Où va-t-il chercher tout cela »; à moins que l'on ne s'étonne ou s'indigne : « — Comment vraiment penser cela ? — L'impensable, c'est d'abord ce qui nous est étranger : « — Comment peut-on être persan ! », s'est-on exclamé à la lecture du livre de Montesquieu.

Ce qui paraît hors du sens, comme une lubie et non comme une idée véritable, c'est ce qu'on n'a pas été conduit à faire entrer dans un système habituel composé de représentations, d'opinions, de savoir — après tout, d'idées... — Mais, à travers ces remarques qui révèlent divers emplois du mot idée, on aperçoit la nécessité de le définir.

Et nous pressentons que la variété, l'étendue et aussi l'imprécision du terme nous amènent à poser un véritable problème des idées, relativement à leur origine.

Autrement dit, pour répondre à la question : — qu'est-ce qu'une idée ? — il apparaît qu'il faut situer plus précisément le terme parmi d'autres qui en sont, a priori, plus ou moins synonymes : représentation, concept..., voir comment il se lie aux mécanismes qui en précèdent la découverte : l'intuition, le raisonnement, l'expérience...

Mais justement par là nous sommes conduits à spéculer, en somme, sur la nature même des idées pour prendre conscience de ce que recouvre le mot. A) Dans le Discours préliminaire à l'Encyclopédie, D'Alembert s'écrie : A quoi bon supposer des idées innées, si la présence des sensations suffit à en expliquer la naissance ? Et il fait valoir en ce sens un argument — qui est une idée méthodologique dont il ne doute pas — à savoir que l'économie des moyens révèle, en bonne philosophie, la meilleure hypothèse et la plus vraisemblable.

De fait, pour le xviii siècle et l'empirisme en général, l'idée est une représentation abstraite et généralisée à partir d'expériences sensorielles.

Ils reprennent l'ancien adage : « Il n'y a rien dans l'esprit qui n'ait d'abord été dans les sens En somme, le cheminement répété de sensations analogues serait créateur d'idées, surtout s'il s'agit de nos impressions les plus vives, celles qui correspondent à nos besoins, à nos refus fondamentaux : la faim, la douleur, par exemple.

Ainsi se formeraient nos connaissances de base et, si l'ontogénèse résume la phylogénèse (c'est-à-dire si chaque individu passe plus ou moins par les stades parcourus par l'espèce), chacun recommencerait l'expérience du feu qui brûle et du fruit qui nourrit. Ajoutons, bien entendu, que les idées sont transmises par le langage, par les institutions et individualisées par la façon dont chacun assimile à sa manière les éléments d'une pensée commune, en produisant sa petite variation, liée à son histoire personnelle, à ses capacités d'attention, à la forme singulière de son expérience...

L'idée finit donc par schématiser à la fois l'expérience collective et l'expérience individuelle; elle se greffe sur des notions premières transmises et acquises à la fois, et comporte un certain halo d'imprécision ou de sentiment dû à la pluralité des expériences, au débordement des images qui résultent des sensations et ne se superposent pas exactement, mais constituent cependant, si l'on peut dire, la réalité même des idées. B) Mais pourquoi l'empirisme part-il en guerre contre la théorie des idées innées ? Et d'abord comment cette théorie existait-elle; à quel besoin, à quelles difficultés d'explication répondait-elle ? Certes le représentant de la théorie. »

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