Qu'est-ce qu'un esclave ?
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«
Introduction :
L'esclave est celui dont on se sert.
Cette définition instrumentale nous montre que l'esclave semble n'être
qu'un outil vivant, comme l'animal, dont on peut se servir pour faire les tâches que l'on refuse à un homme libre.
Justement l'esclave est par essence un homme mais que l'on prive de sa liberté malgré son humanité.
Pourtant,
cette conception politique et civique de l'esclave n'en n'épuise pas le sens si l'on considère que l'esclave se
définition essentiellement comme manquant de liberté, d'autonomie et d'indépendance : que dire du passionné ? De
même, la science ou la vérité peut-elle alors devenir une servitude.
La question est alors de déterminer le sens,
c'est-à-dire l'étendue de ce concept donc d'en déterminer l'essence et l'extension et pourquoi pas l'interroger la
possibilité d'une libération de l'esclave.
Si l'acception a souvent une valeur politique (1ère partie), il n'en reste pas moins que le passionné l'est tout
autant (2nd partie) comme le scientifique ou le philosophie qui se fait une idole de la vérité (3nd partie), nous
interrogeant in fine sur les possibilités de sortir cet esclavage.
I – L'esclave politique
a) Pour Aristote, Politique I, V, il u a des personnes qui sont naturellement des esclaves dans la mesure où elles
sont incapables non seulement de commander mais surtout de se commander elles-mêmes.
En ce sens, on parle
d'esclave par nature ; les autres étant alors des prisonniers ou des fils ou filles d'esclaves : « Le même rapport se
retrouve entre l'homme et les autres animaux.
D'une part les animaux domestiques sont d'une nature meilleure que
les animaux sauvages, d'autre part, le meilleur pour tous est d'être gouvernés par l'homme car ils y trouvent leur
sauvegarde.
De même, le rapport entre mâle et femelle est par nature un rapport entre plus fort et plus faible,
c'est-à-dire entre commandant et commandé.
Il en est nécessairement de même chez tous les hommes.
Ceux qui
sont aussi éloignés des hommes libres que le corps l'est de l'âme, ou la bête de l'homme (et sont ainsi faits ceux
dont l'activité consiste à se servir de leur corps, et dont c'est le meilleur parti qu'on puisse tirer), ceux-là sont par
nature des esclaves ; et pour eux, être commandés par un maître est une bonne chose, si ce que nous avons dit
plus haut est vrai.
Est en effet esclave par nature celui qui est destiné à être à un autre (et c'est pourquoi il est à
un autre) et qui n'a la raison en partage que dans la mesure où il la perçoit chez les autres mais ne la possède pas
lui-même.
Quant aux autres animaux, ils ne perçoivent même pas la raison, mais sont asservis à leurs impressions.
Mais dans l'utilisation, il y a peu de différences : l'aide physique en vue d'accomplir les tâches nécessaires, on la
demande aux deux, esclaves et animaux domestiques ».
Ne pouvant pas être indépendant, alors ils ne sont pas des
citoyens et ne prennent pas part au vote.
Ils n'ont pas le droit de parole dans l'assemblée.
b)[1] D'une autre manière, Hegel explique la possibilité du maître et de l'esclave dans cette lutte symbolique entre
la vie et la mort dans la Phénoménologie de l'esprit : « C'est seulement par le risque de sa vie qu'on conserve sa
liberté, qu'on prouve que l'essence de la conscience de soi n'est pas l'être, n'est pas le mode immédiat dans lequel
la conscience de soi surgit d'abord, n'est pas son enfoncement dans l'expansion de la vie ; on prouve plutôt par ce
risque que dans la conscience de soi il n'y a rien de présent qui ne soit pour elle un moment disparaissant, on prouve
qu'elle est seulement un pur être-pour-soi.
L'individu qui n'a pas mis sa vie en jeu peut bien être reconnu comme
personne ; mais il n'a pas atteint la vérité de cette reconnaissance comme reconnaissance d'une conscience de soi
indépendante.
Pareillement, chaque individu doit tendre à la mort de l'autre quand il risque sa propre vie ; car l'autre
ne vaut pas plus pour lui que lui-même ; son essence se présente à lui comme un Autre, il est à l'extérieur de soi, et
il doit supprimer son être-à-l'extérieur-de-soi ; l'Autre est une conscience embarrassée de multiple façon et qui vit
dans l'élément de l'être ; or il doit intuitionner son être-autre, comme pur être-pour-soi ou comme absolue
négation.
» Ainsi, « Le maître est la conscience qui est pour soi, et non plus seulement le concept de cette
conscience.
Mais c'est une conscience étant pour soi, qui est maintenant en relation avec soi-même par la
médiation d'une autre conscience, d'une conscience à l'essence de laquelle il appartient d'être synthétisée avec
l'être indépendant ou la choséité en général.
Le maître se rapporte à ces deux moments, à une chose telle, l'objet
du désir, et à une conscience à laquelle la choséité est essentielle.
Le maître est : 1) comme concept de la
conscience de soi, rapport à l'immédiat de l'être-pour-soi, mais en même temps il est : 2) comme médiation ou
comme un être-pour-soi, qui est pour soi l'intermédiaire d'un Autre et qui, ainsi, se rapporte : a) immédiatement aux
deux moments (chose et escalve), b) médiatement à chacun par le moyen de l'autre.
Le maître se rapporte
médiatement à l'esclave par l'intermédiaire de l'être indépendant ; car c'est là ce qui lie l'esclave, c'est là sa chaîne
dont celui-ci ne put s'abstraire dans le combat ; et c'est pourquoi il se montra dépendant, ayant son indépendance
dans la choséité.
Mais le maître est cette puissance qui domine cet être, cet être étant la puissance qui domine
l'individu.
Pareillement, le maître se rapport médiatement à la chose par l'intermédiaire de l'esclave ; l'esclave,
comme conscience de soi en général, se comporte négativement à l'égard de la chose et la supprime ; mais elle est
en même temps indépendante pour lui, il ne peut donc par son acte de nier venir à bout de la chose et l'anéantir ;
l'esclave la transforme donc seulement par son travail.
»
c) Or selon Rousseau dans le Contrat Social livre I, 4 : « Dire qu'un homme se donne gratuitement, c'est dire une
chose absurde et inconcevable; un tel acte est illégitime et nul, par cela seul que celui qui le fait n'est pas dans son
bon sens.
Dire la même chose de tout un peuple, c'est supposer un peuple de fous; la folie ne fait pas droit ».
L'esclave en somme ne serait qu'un fou.
« Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de
l'humanité, même à ses devoirs ».
Il n'y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout.
Une telle
renonciation est incompatible avec la nature de l'homme; et c'est ôter toute moralité à ses actions que d'ôter toute
liberté à sa volonté.
« Enfin c'est une convention vaine et contradictoire de stipuler d'une part une autorité absolue,
et de l'autre une obéissance sans bornes.
N'est-il pas clair qu'on n'est engagé à rien envers celui dont on a droit de
tout exiger ? Et cette seule condition, sans équivalent, sans échange, n'entraîne-t-elle pas la nullité de l'acte? Car,.
»
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