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Qu'est-ce que le présent ?

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« Définition des termes du sujet: PRÉSENT: Comme nom, instant de séparation entre le passé qui n'est plus et le futur qui n'est pas encore. Comme adjectif, ce qui trouve hic et nunc, s'oppose à absent. Le temps apparaît comme une succession irréversible de trois moments : le passé, le présent et le futur.

Le présent est donc une instance temporelle qui s'efface d'elle même dès qu'elle existe et cela perpétuellement.

Comment définir alors quelque chose qui n'existe plus dès qu'elle existe ? Mais peut-on en rester à cette idée que le présent est insaisissable ? Nous avons pourtant bien conscience de vivre "un présent", de vivre "au présent", donc en ce sens n'est-il pas lui-même habité de durée ? Dans son évanescence même, il est écoulement, voire lenteur (le présent semble parfois trop long).

Par ailleurs, si le temps est universel mais aussi vécu, il est alors le lieu de l'agir, puisque l'on n'agit ni dans le passé, ni dans le futur, mais à partir de l'un pour l'autre.

Ce temps du vécu est un temps pour s'orienter (sans l'écoulement du temps, que serait notre action ? que signifierait agir ? voir les analyses d'Aristote sur le kaïros).

Le présent est aussi le temps de la conscience (St Augustin), le temps de la projection de soi hors de soi, le temps de l'intentionnalité qui me pousse vers le futur en me poussant vers ce qui est extérieur à moi.

C'est alors le temps de la liberté, de ce qui donne sens à mon action en me manifestant mes choix, mes décisions, puisque je "choisis" à partir du passé un futur qui n'est pas donné.

Le présent vraiment pris en compte devient alors une manière de refuser le fatalisme (par exemple la responsabilité et la liberté chez Sartre). Classiquement, depuis Platon, la pensée philosophique relie la notion de présent à celle du temps (avec sa tripartition : passé, présent, avenir) et réfléchit au temps dans son rapport à l'éternité.

Platon, Timée, 37c: « La substance éternelle est (dans un éternel présent).

L'expression était (passé) et l'expression sera (futur) sont des termes qu'il convient de réserver à ce qui naît et progresse dans le Temps (imitation mobile, changeante et dégradée de l'éternité qui elle seule est immobile et non changeante).

» « Est » s'applique à l'Éternel présent, mais l'homme, comme engendré, est pris dans le flux du changement. De même saint Augustin, dans les Confessions, Livre XI, transcrit dans une perspective chrétienne la problématique platonicienne.

Pour l'homme, seul existe le présent.

Le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore.

Aussi devrait-on dire, en parlant du passé, le présent du passé (c'est seulement le souvenir du passé qui est présent), en parlant du présent, le présent du présent qui n'a point d'étendue (atteint grâce à l'attention de l'esprit), en parlant du futur, le présent du futur (c'est l'attente du futur qui est présente dans l'esprit et non le futur lui-même). Aristote, dans la Physique, IV, XIII, souligne la difficulté de définir correctement la notion de présent (entendu ici comme instant présent).

Subsiste-t-il « un et identique » ou bien « est-il toujours nouveau »? Il avance une vision dialectique de l'instant conçu comme limite : à la fois commencement d'une partie, et fin d'une autre (le passé).

L'instant est à la fois autre que lui-même quand il divise et identique à lui-même quand il lie. Gaston Bachelard, dans L'Intuition de l'instant (1932), parce qu'il est nourri des avancées scientifiques de son temps concernant la physique quantique, privilégie les notions de discontinuité et de pluralité à l'encontre de la conception d'un temps linéaire formant un flux continu (selon la vision de Bergson): « Le temps, dit Bachelard, a plusieurs dimensions, le temps a une épaisseur Il n'apparaît continu que sous une certaine épaisseur, grâce à la superposition de plusieurs temps indépendants » (tout comme il y a des espaces indépendants dans la physique contemporaine).

Mais le temps « n'a qu'une seule réalité, celle de l'instant.

Autrement dit, le temps est une réalité resserrée sur l'instant et suspendue entre deux néants ». Cependant, deux présents peuvent être identifiés.

Le présent de l'instant (« le temps qu'on utilise ») et le présent de l'intervalle (« le temps que l'on refuse »). On est toujours sensible aux formulations qui valorisent le présent.

Il peut être considéré comme ce point fixe à partir duquel on observe le monde autour de nous (Lucrèce, De la nature des choses) ; comme le seul moment du plaisir (Horace : jouis de l'instant présent); le présent retenu tentant de s'opposer à la fuite irréparable du temps.

Cependant Pascal, dans les Pensées (172), déclare: « Nous ne nous tenons jamais au temps présent.

Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt.

» Et d'affirmer : « Nous ne pensons presque point au présent [...] le présent n'est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Aussi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre.

» Ceci est source de notre malheur et explique la fuite dans le divertissement, manière de nous étourdir (cf.

Pensées, 168: « Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser »).. »

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