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Qu'est-ce que la justice ?

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« I - La justice, norme idéale et principe du droit La justice, c'est la norme idéale qui définit le droit' ou son principe même.

Mais qu'exprime-t-elle exactement? Essentiellement une certaine égalité, comme nous allons le voir.

Ainsi, quand Aristote et ses successeurs distinguent trois formes de justice, la justice commutative, celle qui préside aux échanges, la justice distributive (celle qui consiste dans la répartition des honneurs au sein de la cité) et la justice répressive (celle qui envisage les sanctions), c'est toujours une certaine égalité qu'ils donnent à voir.

C'est cette idée d'égalité, d'abord confuse, qui s'est progressivement explicitée et clarifiée depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. « La justice, c'est l'égalité.

Je n'entends point par là une chimère, qui sera peut-être quelque jour; j'entends ce rapport que n'importe quel échange juste établit aussitôt entre le fort et le faible, entre le savant et l'ignorant, et qui consiste en ceci que, par un échange plus profond et entièrement généreux, le fort et savant veut supposer dans l'autre une force et une science égales à la sienne.

Ce sentiment est l'âme des marchés...

Le gain égal dans les échanges est ici la règle suprême.

» (Alain, Éléments de philosophie, Gallimard, 1959) La justice selon Aristote. S'il y a lieu de distinguer les vertus morales et les vertus intellectuelles (ou dianoétiques, de discernement), la justice s'apparente aux premières (la vertu éthique et la justice supposent même disposition) et aux secondes (un acte de l'intelligence intervient, qui évalue, rectifie, met en relation).

Elle a trait à notre conduite envers les autres hommes.

On ne saurait être « juste » ou « injuste » envers soi-même (Éthique à Nicomaque, V, 15, 1138 a 26).

Comme l'a vu Platon, c'est la vertu toute entière.

Mais en un sens plus spécial, c'est elle qui préside aux partages (justice « distributive ») ; c'est elle aussi qui redresse (justice « réparatrice ») ce qui a été faussé lorsqu'un tort a été causé ; enfin elle intervient pour régler les échanges et les transactions commerciales. La justice distributive préside à la répartition des charges, des biens et des honneurs dans la cité.

Elle ne procède pas selon l'égalité arithmétique, car elle tient compte des inégalités effectives de mérite.

Le juste, alors, est proportionnel aux services rendus et aux qualités manifestées par les membres de la communauté politique, à leur degré de participation à la réalisation du bien commun (Éthique à Nicomaque, V, 5, 1130 b 30). En revanche la justice réparatrice ou corrective repose sur la stricte égalité.

On ne demandera pas si l'homme qui a subi un préjudice est un misérable et s'il a été lésé par un homme de bien.

Ici, la justice doit procéder au rétablissement d'une égalité que le délit (vol, coup, meurtre) a rompue ; le jugement ne fait pas acception des personnes.

Il ne s'agit pas de considérer la qualité des parties, mais le délit.

Or le code ne s'applique pas tout seul ; il faut, pour appliquer l'universalité de la loi à la singularité du cas, l'acte de juger, de rectifier (selon l'image implicite du droit) en tenant compte des circonstances, en appréciant. Aussi, venir devant le juge, est-ce venir devant la justice vivante.

La peine prononcée a quelque chose d'une indemnité réparant autant que faire se peut l'échange injuste imposé à la victime. La justice dans les échanges économiques a quelque chose de la justesse.

On échange des choses utiles, des services.

L'échange peut-il tendre à la justice, quand les circonstances sont hétérogènes ? Comment rendre égaux des biens échangés qui diffèrent qualitativement ? Le cordonnier devra-t-il fournir au maçon une quantité de chaussures dont celui-ci n'aura pas l'usage en toute une vie ? La monnaie est instituée ; son nom le dit bien, nomisma signifie la « chose légale », mais aussi « ce qui assure le partage » (de némô, partager).

Elle a pour fonction d'assurer l'échange économique ; unité de mesure conventionnelle, elle n'est pas arbitraire : il faut que toutes choses soient évaluées pour que chacun, alors qu'il est encore en possession de ses produits, puisse échanger.

La monnaie permet de passer du troc (échange d'une marchandise contre une autre) à l'échange proprement économique.

Cette région ne constitue pas le plus haut de la vie humaine, mais sans échanges, il n'y a pas de vie sociale (ibid., V, 8). II - Platon : la justice est un principe d'ordre et d'harmonie Cette idée d'égalité ne se dégage pas clairement dans l'Antiquité classique, comme le montre bien la réflexion platonicienne.

Il faudra, en effet, l'avènement du christianisme pour parvenir à la notion d'une égalité des personnes. Chez Platon, la justice, c'est d'abord l'ordre.

La cité juste dont rêve Platon et dont il nous trace le portrait dans la République, est régie par le principe d'un ordre harmonieux : chaque classe sociale y exécute sa fonction propre, et. »

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