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Qu'est-ce que comprendre autrui ?

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« VOCABULAIRE: COMPRENDRE / EXPLIQUER : C omprendre, c'est connaître un phénomène de l'intérieur, par son sens, en déchiffrant sa singularité.

Dans les sciences, expliquer c'est ramener la diversité des phénomènes à des causes (leurs conditions de production) et à des lois permettant d'en faire des cas particuliers. AUTRE / AUTRUI : 1) C omme A djectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C 'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). I - LES TERMES DU SUJET La notion centrale ici est évidemment autrui, et les termes dérivés : altérité, altruisme, les autres, etc. A - COMPRENDRE C omprendre, ce n'est pas sentir, ressentir (phénomène de sympathie ou d'antipathie).

La compréhension suppose l'intelligence, la réflexion, l'analyse. B - A UTRUI A utrui, ce n'est pas un animal, ni une pierre, ni une idée.

A utrui désigne une autre conscience, un autre moi-même.

A utrui est "ce moi que je ne suis pas" (Lévinas).

Il y a donc un paradoxe : autrui est moi-même en tant qu'autre, c'est un autre qui vit comme moi-même. II - L'ANALYSE DU PROBLEME A l'heure d'Internet et des portables, le sujet propose de réfléchir au-delà de la communication et de ses techniques toujours plus sophistiquées. Être "branché" sur autrui, est-ce le comprendre ? Nous avons besoin des autres, nous vivons en société, mais souvent les autres sont inaccessibles, ou bien nous les utilisons à notre profit, ou bien nous ramenons autrui à nous-mêmes en refusant son altérité. Le problème posé n'est donc pas seulement celui de la compréhension intellectuelle d'autrui, car autrui n'est pas un objet de connaissance comme un problème de mathématique ou un texte espagnol : la compréhension d'autrui suppose sa reconnaissance, une communication par des signes, enfin un respect de sa liberté. A utrui n'est pas un objet comme les autres, sa compréhension est problématique parce qu'en le comprenant c'est moi-même que je comprends. III - UNE DEMARCHE POSSIBLE A - LA D E C O U V ERTE D'A U T R U I 1) Le mystère d'un autre moi-même L'homme, spontanément, a un rapport instrumental avec le monde.

Nous nous servons des choses, nous considérons le monde comme un ensemble d'outils à notre disposition. Le plus souvent, nous commençons par traiter autrui comme un avantage ou un inconvénient, selon nos besoins propres. Le bébé, l'enfant "comprend"-il ses parents ? Non, il bénéficie de leur amour et de leur protection.

Il serait incapable de comprendre que ses parents ont eux aussi, un jour, été des enfants ! Imaginer autrui est la première étape vers sa compréhension : il faut dépasser l'égocentrisme naturel de la conscience et des instincts. 2) L'identification avec autrui L'approche première d'autrui passe par une sympathie avec lui, c'est-à-dire sa reconnaissance comme être sensible, d'une même sensibilité que moi. C e que nous ressentons est toujours différent et difficilement communicable, mais je peux comprendre qu'autrui est sensible : cela m'interdit la haine ou la négation de l'humanité de l'autre. La compassion, la pitié, la sympathie sont le plus souvent ce qui fait exister autrui pour nous : mais est-ce vraiment comprendre autrui ? C e serait confondre fusion et compréhension : aimer quelqu'un, ce n'est pas le comprendre, c'est souvent projeter mes besoins sur lui.

Ce n'est pas dans une foule qu'on se sent le mieux compris ! B - LA REC O N N A I S S A N C E DE L'A LT E R I T E 1) L'altérité radicale A utrui est autre.

Pour comprendre les autres, il ne suffit pas de les ressentir identiques à moi-même, il faut aussi saisir en quoi ils ne sont pas moi. Je peux m'aider de ce que les autres disent ou signifient, mais autrui ne se réduit pas à des phrases, des gestes ou des actes.

C haque fois, l'intériorité d'autrui se manifeste dans l'extériorité, mais je dois résister à la tentation d'imposer à autrui la compréhension que j'ai de lui. C omprendre les motifs d'un criminel, ce n'est ni l'excuser, ni le réduire à une machine.

C 'est comprendre l'irrationalité d'autrui, qui doit être prévue et prise en charge par la politique. 2) Le respect et la liberté L'homme est un animal politique, selon A ristote.

L'homme vit dans et par la reconnaissance des autres.

C ette reconnaissance, cette compréhension des besoins de tout homme, passe par des lois et un contrat social. La vie en société suppose la reconnaissance des besoins mais aussi d'une liberté infinie d'autrui qui exige le respect.

La société démocratique doit parfois forcer le sujet à être libre, mais aussi comprendre que la liberté d'autrui est irréductible. IV - DES REFERENCES UTILES Hegel, Phénoménologie de l'esprit Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Huis clos Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes V - LES FAUSSES PISTES On est vite tenté de privilégier le sentiment d'autrui sur la compréhension d'autrui.

Ne pas oublier la dimension politique du sujet et le rôle du langage. VI - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Sujet intéressant, qui suppose qu'on aille au-delà du discours habituel sur la communication : la communication n'est pas la compréhension.

Le silence et le respect d'autrui sont essentiels.. »

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